Le mildiou se développe de manière très préoccupante dans plusieurs secteurs du vignoble » alerte Tristan Roze des Ordons, cofondateur de Phloeme, société de conseil en viticulture suivant un réseau de 500 parcelles en Gironde.
Au regard de la somme des températures en base 10, le consultant explique lors d’un webinaire organisé ce 8 juin par l’interprofession bordelaise que 2023 s’annonce comme l’un des trois millésimes les plus chauds et précoces de la décennie. « La majorité des vignes sont entre le stade nouaison et grain de plomb. Le cabernet franc et le merlot sont particulièrement en avance. Dans les parcelles précoces, ils en sont déjà au stade petit pois » détaille-t-il.
En deux semaines, Tristan Roze des Ordons a vu les rameaux gagner 15 cm, 4 feuilles pousser, et la surface foliaire augmenter de 45%. « Ce qui fait que s’il pleut 4 ou 5 jours après un traitement de 15 jours de rémanence, 25% de végétation nouvelle n’est pas protégée ».
Ces conditions sont particulièrement favorables à la maladie, favorisée par la récurrence des orages dans le vignoble bordelais. « Les conidies germinent très vite. Un feuillage mouillé 2h par une averse suffit » prévient le consultant. A la nouaison, près de 80% des parcelles suivies par Phloeme présentent du mildiou sur feuilles. « C’est beaucoup plus qu’en 2021 et 2022 ! »
Toutes les appellations ne sont pas logées à la même enseigne. « Il y a par exemple eu 24 jours de pluie et un cumul de 133 mm à Léognan en avril et en mai, contre seulement 19 jours de pluie et 78 mm à Saint-Emilion ». Pessac, les Graves, et l’Entre-deux-Mers sont les secteurs les plus touchés.
Les taches de mildiou apparaissent très rapidement, 4 ou 5 jours seulement après les contaminations. « Le développement est également spectaculaire sur grappes. Les intensités d’attaques restent pour l’heure relativement faibles mais leur fréquence augmente très vite » poursuit Tristan Roze des Ordons.
Le consultant note aussi une présence quasi généralisée de black rot sur feuilles. « C’est la deuxième épée de Damoclès. Il y a eu beaucoup de repiquages cette semaine. L’inoculum est très présent au moment où les grappes deviennent sensibles ».
Les viticulteurs doivent protéger très attentivement leurs parcelles. « Espérons que la pluie s’arrête comme en 2022 pour limiter les dégâts » conclue Tristan Roze des Ordons.