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"La priorité, c’est l’arrachage", mais pas que pour les vins de Bordeaux
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Stratégie
"La priorité, c’est l’arrachage", mais pas que pour les vins de Bordeaux

Le point avec le président de la première AOC de France sur les leviers stratégiques activés pour sortir le vignoble de la crise, allant de la réduction du potentiel de production à sa modernisation, en passant par le soutien à la commercialisation.
Par Alexandre Abellan Le 28 juillet 2022
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Face aux difficultés qui pilonnent le vignoble de Bordeaux, 'faut-il baisser les bras ? Non !' martèle Stéphane Gabard. - crédit photo : DR
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’Organisme de Défense et de Gestion que vous présidez vient d’arrêter un plan stratégique pour « un redécollage durable » de l’AOC Bordeaux. Où en est-on ?

Stéphane Gabard : Il y a différents niveaux d’avancements, certains outils sont adoptés et d’autres sont en commissions de travail. La priorité, c’est l’arrachage. Il faut rétablir notre balance commerciale en baissant notre potentiel de production. Nous avons voté le volume régulateur (réunification de deux systèmes existants : la Réserve Interprofessionnelle et Volume Complémentaire Individuel, VCI), nous militons pour un arrachage primé temporaire, nous travaillons sur les vignes en friche (amende administrative, boisage à fin de stockage carbone, Convention de Mise à Disposition pour arrachage…) et le devenir des terres agricoles.

 

Qu’entendez-vous par arrachage primé temporaire ?

L’ODG Bordeaux porte la solution de l’arrachage primé sur un pas de temps court. Nous allons essayer de mettre en place des mesures ponctuelles, entre 2 et 4 ans. Ce temps court doit permettre de réaffecter rapidement des fonds (forcément mobilisés au détriment d’autres dossiers) et de voir le plus vite possible les effets de l’arrachage (qui sont décalés dans le temps).

 

Lors de sa rencontre avec la filière ce lundi 25 juillet, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a indiqué que la réglementation européenne ne permet plus d’arrachage primé tel que le vignoble l’a connu.

Les textes communautaires ne le permettent pas pour l’instant. Un texte de la Politique Agricole Commune (PAC) parle cependant de mesures exceptionnelles de régulation : c’est une piste à creuser. Avançons sur les textes européens pour cette mesure de régulation par l’arrachage et voyons ensuite comment la mettre en place. Nous ne sommes pas fermés sur le sujet du financement de l’arrachage. On entend différentes voix dire qu’il ne faut pas toucher au Programme National d’Aides (PNA). Nous mettons tout en œuvre pour faire bouger les lignes, avec notamment le soutien du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et de son nouveau président.

 

Les délais s’annoncent longs face à l’urgence qui se fait sentir dans le vignoble bordelais.

Ce seront des délais sans doute trop longs et très dommageables. Il est peu probable que l’on puisse obtenir l’arrachage pour cette campagne. Cela créé de l’incompréhension dans le vignoble qui ne comprend pas pourquoi cela prend tant de temps. D’autant plus que d’autres vignobles demandent de la distillation, plus rapide à mettre en œuvre. Mais la distillation n’est pas une solution pérenne. Nous avons distillé [en 2020 pendant la crise covid] et deux ans après nous avons les mêmes déséquilibres de marché.

 

Pour répondre aux marchés, votre plan stratégique (voir encadré) mise aussi sur les diversifications : de cultures, de produits, de profils...

Les autres cultures sont travaillées avec la Chambre d’Agriculture de Gironde. Il y a aussi le travail de boisage à des fins de stockage du Carbone. Nous sommes dans la construction de modèles, il n’y a pas encore de propositions. Pour les profils produits, l’adaptation de l’offre s’appuie sur l’étude du CIVB. Une commission de travail se lance pour repenser la segmentation. Aujourd’hui dans l’AOP régionale, il y a un maximum de profils différents avec une hiérarchisation (Bordeaux et Bordeaux Supérieur) qui ne répond pas forcément aux besoins des consommateurs. Il faut une clarification de l’offre. Ces nouvelles cases peuvent définir des profils produits et inclure de nouveaux produits pour de nouveaux segments (élevage différent, moins d’alcool, plus de sucrosité…).

 

Les 10 mesures stratégique des AOC Bordeaux

L’ODG des Bordeaux et Bordeaux Supérieurs prend pour feuille de route « 10 mesures conjoncturelles et structurelles autour de 3 thèmes :

- La diminution et la régulation du potentiel de production : volume régulateur, mise en place de l’arrachage primé, élimination des vignes en friche et diversification vers des filières plus rémunératrices.

- L’adaptation de notre offre : nouvelle segmentation de nos vins, nouveaux produits et leviers de valorisation.

- La redynamisation de la commercialisation : une nouvelle identité, de nombreuses actions de terrain et un œnotourisme renforcé. »

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Tous les commentaires (8)
Albert Le 02 août 2022 à 22:26:16
Je relis votre commentaire de ce matin cher "vinifera" et avoue ne pas me sentir concerné par votre angle de vue. Opposer les "fonctionnaires" (qui ne volent pas leur salaire) aux acteurs qui choisissent la libre entreprise, mais qui veulent que l'Etat leur assure un filet de sécurité quand tout ne se passe pas au mieux, mériterait un peu de décence dans la critique à peine larvée. Quand tout se passait pour le mieux à Bordeaux, à qui profitait le "bonus" ? .. les garde-fous n'ont pas été installés à temps.
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Albert Le 02 août 2022 à 20:59:00
Bonsoir "vinifera 33" : je ne souhaite à personne d'être dans la misère, mais continuer de financer le secteur viticole comme n'importe qui peut le vérifier SANS ETRE fonctionnaire (je répète que je ne suis pas fonctionnaire - je m'intéresse à la manière avec laquelle sont allouées les aides publiques et ça me semble contestable de continuer à financer la viticulture - la difficulté que vous mettez en avant relève d'un plan social mais certainement plus d'une réponse à apporter via des aides UE). Quant au constat qu'en 2022 plus rien ne va pour l'apellation Bordeaux et Bordeaux Sup, je maintiens ma ligne : si la confirmation dans le statut AOP avait un sens (contrôle interne plus rigoureux), peut-être que la filière n'en serait pas là où elle en est ajdh.
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vinifera 33 Le 02 août 2022 à 09:07:35
Bonjour Albert. Alors comme ça certains auraient le droit de vivre grâce à l'argent public ( fonctionnaires, bâtiments, rond point...) et les autres, qui bossent 60 h par semaines et qui demandent une affectation différente des fonds européens, et non pas plus de fonds, pour seulement ne pas finir avec le RSA mais sortir d'une crise dont ils ne sont pas forcement responsable, n'en auraient pas le droit ? On parle ici de familles qui après avoir bosser comme des fous vont se retrouver dans la misère. Qui après avoir payé toute leur vie, vont partir avec le RSA. Toutes les industrie françaises ont été aidées que ce soit Renault, Airbus, SNCF sans parler d'EDF que l'on nationalise. Il est évident que l'arrachage primé n'est pas la solution miracle mais il doit faire partie des mesures de sauvegarde du vignoble Bordelais (et peut être d'autres)parmi d'autres. Et je rassure notre ami fonctionnaire, il ne s'agit pas de prendre davantage d'argent public ( il vous en restera) mais d'éviter des drames humains. N'oubliez pas que la profession ayant le plus de suicide c'est malheureusement la notre !
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Albert Le 30 juillet 2022 à 18:16:18
Hé "Albert 2", focalisez-vous sur le seul vrai problème (pour un info > ne suis pas fonctionnaire) : je pense ne pas être le seul consommateur à ne plus accorder sa confiance aveugle à un vin parce qu'il est étiqueté AOP Bordeaux. Je laisse à vos ténors et représentants mandatés leurs discours et leur aveuglement. Je trouve, et le redis une fois encore, inconcevable que la question d'un vrai niveau qualitatif à établir par le contrôle interne n'interpelle pas, mais alors pas du tout, la profession. Sans aller jusqu'à la mise en place de l'analyse sensorielle en référence à des profils identifiables (infaisable sur un contrôle interne à conduire pour de tels volumes-nbre de lots) ne serait-il pas légitime que les opérateurs habilités et l'ODG acceptent de resserrer la "maille" du contrôle avec l'objectif d'enfin redonner sa vraie valeur, son acceptabilité à l'AOP ? .. Reformuler la piste d'un arrachage avec prime est une demande décalée, qui nous fait revenir aux années 80. Celle de la gestion syndicale à très-très courte vue, sans réelle ambition pour le produit.
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Albert 2 Le 29 juillet 2022 à 22:09:06
Albert, toi on sait où tu bosses le fonctionnaire !
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DARIUS Le 29 juillet 2022 à 22:08:35
Si la chute de la commercialisation de Bordeaux a de multiples causes, le Bordeaux bashing qui est une de ces causes vient de mauvaises politiques marketing mises en place par le CIVB avec en particulier la volonté de ne plus parler des appellations uniquement de Bordeaux et de vouloir faire de Bordeaux un produit industriel. Tant que les responsables du CIVB n'auront pas compris qu'il faut sortir de cette vision industrielle qui déplait aux amateurs de vin on pourra dire que le marketing du CIVB agir contre les intérêts des vignerons Bordelais. Qui plus est les viticulteurs qui ont choisi d'approvisionner les marques vendent en dessous du prix de revient alors que ceux qui vendent leur château peuvent encore s'en sortir.
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Albert Le 29 juillet 2022 à 07:13:26
.. l'aide à la restructuration du vignoble ("aide positive"), en place depuis le début des années 80, a accompagné la modernisation des vignobles au motif qu'ils soient prêts à affronter les marchés. Et là, en 2022, les professionnels ont le culot de remettre sur la table la question d'un arrachage primé ! .. suite > Les aides UE ...
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Albert Le 28 juillet 2022 à 18:56:28
Non, non, non et non. Demander et prévoir de financer une prime à l' arrachage en 2022, 2023, c'est apporter la preuve que les "professionnels" ne sont pas responsables. Merde, l'aide à la restructuration du vignoble (concept foireux car évolutif et à géométrie variable pour "coller" au plus près à un schéma "éligible" selon critères UE du moment). Les aides UE sont publiques et j'en ai marre que l'on finance le foncier viticole "privé". Surtout quand les Interpros ne sont pas à la hauteur.
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