Stéphane Gabard : Il y a différents niveaux d’avancements, certains outils sont adoptés et d’autres sont en commissions de travail. La priorité, c’est l’arrachage. Il faut rétablir notre balance commerciale en baissant notre potentiel de production. Nous avons voté le volume régulateur (réunification de deux systèmes existants : la Réserve Interprofessionnelle et Volume Complémentaire Individuel, VCI), nous militons pour un arrachage primé temporaire, nous travaillons sur les vignes en friche (amende administrative, boisage à fin de stockage carbone, Convention de Mise à Disposition pour arrachage…) et le devenir des terres agricoles.
Qu’entendez-vous par arrachage primé temporaire ?
L’ODG Bordeaux porte la solution de l’arrachage primé sur un pas de temps court. Nous allons essayer de mettre en place des mesures ponctuelles, entre 2 et 4 ans. Ce temps court doit permettre de réaffecter rapidement des fonds (forcément mobilisés au détriment d’autres dossiers) et de voir le plus vite possible les effets de l’arrachage (qui sont décalés dans le temps).
Lors de sa rencontre avec la filière ce lundi 25 juillet, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a indiqué que la réglementation européenne ne permet plus d’arrachage primé tel que le vignoble l’a connu.
Les textes communautaires ne le permettent pas pour l’instant. Un texte de la Politique Agricole Commune (PAC) parle cependant de mesures exceptionnelles de régulation : c’est une piste à creuser. Avançons sur les textes européens pour cette mesure de régulation par l’arrachage et voyons ensuite comment la mettre en place. Nous ne sommes pas fermés sur le sujet du financement de l’arrachage. On entend différentes voix dire qu’il ne faut pas toucher au Programme National d’Aides (PNA). Nous mettons tout en œuvre pour faire bouger les lignes, avec notamment le soutien du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et de son nouveau président.
Les délais s’annoncent longs face à l’urgence qui se fait sentir dans le vignoble bordelais.
Ce seront des délais sans doute trop longs et très dommageables. Il est peu probable que l’on puisse obtenir l’arrachage pour cette campagne. Cela créé de l’incompréhension dans le vignoble qui ne comprend pas pourquoi cela prend tant de temps. D’autant plus que d’autres vignobles demandent de la distillation, plus rapide à mettre en œuvre. Mais la distillation n’est pas une solution pérenne. Nous avons distillé [en 2020 pendant la crise covid] et deux ans après nous avons les mêmes déséquilibres de marché.
Pour répondre aux marchés, votre plan stratégique (voir encadré) mise aussi sur les diversifications : de cultures, de produits, de profils...
Les autres cultures sont travaillées avec la Chambre d’Agriculture de Gironde. Il y a aussi le travail de boisage à des fins de stockage du Carbone. Nous sommes dans la construction de modèles, il n’y a pas encore de propositions. Pour les profils produits, l’adaptation de l’offre s’appuie sur l’étude du CIVB. Une commission de travail se lance pour repenser la segmentation. Aujourd’hui dans l’AOP régionale, il y a un maximum de profils différents avec une hiérarchisation (Bordeaux et Bordeaux Supérieur) qui ne répond pas forcément aux besoins des consommateurs. Il faut une clarification de l’offre. Ces nouvelles cases peuvent définir des profils produits et inclure de nouveaux produits pour de nouveaux segments (élevage différent, moins d’alcool, plus de sucrosité…).
L’ODG des Bordeaux et Bordeaux Supérieurs prend pour feuille de route « 10 mesures conjoncturelles et structurelles autour de 3 thèmes :
- La diminution et la régulation du potentiel de production : volume régulateur, mise en place de l’arrachage primé, élimination des vignes en friche et diversification vers des filières plus rémunératrices.
- L’adaptation de notre offre : nouvelle segmentation de nos vins, nouveaux produits et leviers de valorisation.
- La redynamisation de la commercialisation : une nouvelle identité, de nombreuses actions de terrain et un œnotourisme renforcé. »