Ma vision pour l’OIV est de faire grandir et renforcer l’organisation. Je pense que c’est une institution importante pour le secteur du vin car il est essentiel d’avoir une organisation intergouvernementale permettant à tous les pays producteurs de raisins souhaitant venir de pouvoir progresser sur leurs points d’intérêt communs. Il y a beaucoup de choses qui sont partagées dans le secteur mondial du vin. Des choses bien comprises et identifiées, comme le changement climatique et le développement durable, la question du vin dans la société, ainsi que l’économie digitale qui peut apporter beaucoup de bénéfices, mais aussi beaucoup de disruption.
Pour faire grandir l’OIV, quels sont vos objectifs d’adhésion pour les cinq prochaines années. Un retour des États-Unis ?
J’aimerai étendre le leadership de l’OIV. Vous avez peut-être vu passer la déclaration commune du président français Emmanuel Macron et du premier ministre chinois Xi Jinping sur la possibilité que la Chine adhère à l’OIV. Ce qui est conséquent, car la Chine est un très important pays producteur de raisins. L’idéal est d’avoir tous les grands producteurs de vin dans l’OIV : ce qui inclut les États-Unis, mais aussi le Canada ou le Japon (qui est producteur de vin et un marché important de consommation). Nous devrions essayer d’engager tous ces pays qui ont une production significative.
Ma thèse portait sur les modèles de régulation. Je pense que l’on a vu en Nouvelle-Zélande, avec le développement de la filière, une évolution vers une réglementation plus spécifique, avec la création de concepts comme les indications géographiques. D’autre part en Europe, il y a eu un changement progressif de l’organisation du marché, avec une forme de libéralisation jusqu’à un certain point. Il y aura toujours des différences, historiques et légales, mais fondamentalement ce sont les mêmes enjeux qui sont partagés. L’intégrité, l’authenticité…
Il y a donc plus de proximité que d’éloignement entre les vignobles du monde entier ?
Je pense que dans tous les pays du monde vitivinicole nous partageons la même intégrité : le vin est produit exclusivement à partir de raisins. C’est de là que vient la valeur de nos produits. Et nous partageons la même culture du vin, même quand en Nouvelle-Zélande cela ne fait que 200 ans que l’on produit du vin, il y a de cette culture qui accompagne la vigne. De mon expérience, tout le monde réussit davantage quand tout le monde se serre les coudes. Il y a de la compétition entre tous les vignobles, mais il reste un intérêt commun pour l’intégrité et l’authenticité.
En France au moins, il est beaucoup questions de déconsommation, notamment des vins rouges, et d’un changement de génération plombant le marché. On reparle désormais de distillation de crise des surstocks et d’arrachage des vignes excédentaires…
En général, nous voyons un déclin de la consommation, peut-être liée à un changement démographique. Mais fondamentalement, le secteur du vin a toujours connu des hauts et des bas, tout en restant une filière forte. Peut-être que les consommateurs vont chercher dans le vin l’authenticité, pour une expression d’un lieu plus qu’un produit de consommation facile. Cela aide en réalité le secteur sur le chemin de la valorisation. En gros, il y a une petite diminution de la consommation et un renforcement de la proposition de valeur. Je ne pense pas que nous perdrons indéfiniment des consommateurs. Et l’on voit des innovations, comme les vins peu ou pas alcoolisés.
En 2024 vous aurez à marquer le centenaire de l’OIV.
Notre congrès annuel se tiendra à Dijon en 2024. Ce mois de juin en Espagne nous avons eu l’annonce française d’une possibilité conférence ministérielle à cette occasion. 2024 sera l’année internationale du vin pour l’OIV. Qui travaillera aussi sur son nouveau plan stratégique. La création de l’OIV en 1924 était très innovante, nous devons maintenir notre quête d’innovation.