près une baisse continue depuis 2018, la consommation mondiale de vin était repartie à la hausse (+0,7%) en 2021, mais 2022 vient finalement confirmer la tendance de fond en marquant un recul (232 millions hl (Mhl), -1%) de la consommation des vins. « La baisse globale est entraînée par le déclin de la consommation chinoise, qui, depuis 2018, perd en moyenne 2Mhl/an, et accentuée en 2020 par la pandémie. La levée des restrictions et la reprise des activités Horeca (café-hôtel-restaurant) en 2021 avaient en revanche engendré une reprise à la hausse de la consommation », indique Pau Roca. Plus qu’un retour à la normale, le directeur général de l’OIV attribue avant tout la baisse de consommation de 2022 « à l’augmentation significative des prix des vins au consommateur, en raison de la guerre en Ukraine et de la crise de l’énergie qui, couplées au difficultés de la chaîne logistique mondiale, ont conduit à un pic des coûts de production et de distribution des vins ».
Après avoir retrouvé en 2021 le niveau de sa moyenne décennale, la consommation de l’UE a finalement baissé de 2% en 2022 (111Mhl). Depuis 2000, où 59% de la consommation mondiale s’exécutait au sein de l’UE, la déconsommation de vins et l’émergence de nouveaux marchés a réduit la consommation européenne de vin à 48% de la consommation mondiale. La France reste le plus grand consommateur de l’union (25,3 Mhl), et le 2ème mondial, derrière les Etats-Unis qui continuent de dominer la consommation mondiale (34Mhl) « après être revenus à des niveaux de consommation pré-pandémie, prouvant depuis trois ans leur capacité de résilience », note Pau Roca.
En 2020, le Covid avait marqué un point de rupture à la croissance continue des volumes d’exportations mondiales de vins depuis 2000. Là encore, l’OIV estime que les effets inflationnistes de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique, ainsi que le ralentissement logistique du fret maritime ont sévèrement touché les exportations de vin. En conséquence, « moins de vin a été exporté en 2022, mais à un prix unitaire moyen de +15% par rapport à 2021 », décrypte Pau Roca. 107 Mhl ont été exportés, pour atteindre la valeur record de 37,6 Mds€, 9% de plus qu’en 2021. En augmentant encore ses exportations de vin de 1,2 Mds€, la France maintient largement sa position de 1er exportateur mondial, pour atteindre 12,3 Mds€, presque le tiers de la valeur des exportations mondiales.
« Les vins effervescents sont la seule catégorie à avoir progressé tant en volume qu’en valeur en 2022 », souligne Pau Roca. S’ils n’occupent que 11% des volumes échangés, ils génèrent 23% de la valeur des exportations enregistrées, principalement pour la France, l’Italie et l’Espagne, les 3 pays leaders de cette catégorie. Les bouteilles de vins tranquilles, les bag-in-box et le vrac marquent un recul de leurs exportations en volume mais augmentent elles-aussi en valeur.
En corrélation avec la consommation, les Etats-Unis restent le 1er pays importateur de vins (14,4 Mhl, +3%), générant un flux de 7 Mds€ d’achats (+7%), en augmentation sur toutes les catégories, à l’exception des bag-in-box.
La production mondiale de vin (hors jus et moûts) connaît une nouvelle baisse de 1% en 2022, se fixant à 258 millions hl (Mhl). Le dirigeant de l’OIV souligne néanmoins que « pour la 4ème année consécutive, la production mondiale de vin se stabilise autour de 260 Mhl, très légèrement en deçà de la moyenne des 20 dernières années ». Cette année, la production de l’UE a pourtant augmenté de 4% pour retrouver un niveau de 161,1 Mhl « en phase avec la moyenne quinquennale, malgré une série d’évènements climatiques observés tout au long de l’année 2022 ». Italie, France et Espagne ont généré à eux trois 51% de la production mondiale de 2022, pour une production européenne finalement plus importante qu’attendue. Dans le même temps, la production de l’hémisphère sud s’est maintenue dans la moyenne, malgré des disparités selon les pays.
Comme l’année précédente, la surface du vignoble mondial ne marque qu’un recul qualifié de « marginal » par l’OIV (-0,4%), s’établissant encore à 7,3 millions d’hectares (Mha). Depuis 2017, la stabilité des surfaces reste globalement de mise, même si des hétérogénéités d’évolution sont à relever chez les principaux producteurs. De très légères variations apparaissent chez les trois grands producteurs que sont l’Espagne, la France et l’Italie, et les Etats-Unis poursuivent la régression en cours depuis 2014. La stabilisation du vignoble intra-communautaire européen est actéé à 3,3 Mha depuis plusieurs années « grâce à la gestion unifiée de son potentiel de production », relève Pau Roca. L’Espagne reste en tête des surfaces mondiales (955 000 ha), mais la France continue de se rapprocher (812 000 ha). Malgré sa baisse continue de production, la Chine reste néanmoins 3ème en superficie de vignoble devant l’Italie, comme illustré dans l'infographie ci-dessous :