menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / La maison Torres partage sa boîte à outils viticoles pour le climat
La maison Torres partage sa boîte à outils viticoles pour le climat
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Face aux enjeux environnementaux et climatiques
La maison Torres partage sa boîte à outils viticoles pour le climat

Impliquée depuis des décennies dans la préservation de l’environnement et la lutte contre le changement climatique, la maison espagnole Torres continue de multiplier ses initiatives. Son directeur du changement climatique Josep Maria Ribas détaille ses projets pour l’avenir.
Par Sharon Nagel Le 20 avril 2023
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
La maison Torres partage sa boîte à outils viticoles pour le climat
F

in mars, Familia Torres a élargi sa collection Clos Ancestral dédiée aux cépages patrimoniaux avec le lancement de la première cuvée en blanc, issue majoritairement de la variété forcada. Désormais, la maison catalane a fait renaître une soixantaine de cépages ancestraux, dans le cadre d’un projet philanthropique devenu pragmatique. « Tous ne conviennent pas à la vinification, mais certains ont montré un potentiel très intéressant », explique Josep Maria Ribas. « Surtout, nous nous sommes rendu compte que la plupart d’entre eux étaient tardifs, et également résistants à la sécheresse ».

De la philanthropie au pragmatisme

L’objectif de départ fixé par Miguel Torres n’était pas de recenser des variétés permettant de lutter contre le changement climatique, mais au fil des ans, ce besoin s’est fait ressentir. « Ce projet très intéressant a été impulsé par une volonté de récupérer des cépages anciens et de préserver la biodiversité et la diversité variétale. Mais il se trouve que certains d’entre eux sont bien adaptés au changement climatique ». Il faut dire que c’est un travail de titan dans lequel s’est embarquée la maison espagnole. Mais au bout de quarante ans de recherches, d’identification, d’élimination de virus, de multiplication, de récoltes et d’essais de vinification, le projet commence à porter ses fruits. « Nous essayons d’augmenter la production du cépage rouge moneu, par exemple, pour que ses vins deviennent plus abordables pour les consommateurs », note le directeur du changement climatique chez Torres. La gamme Clos Ancestral compte désormais cinq références, la dernière en date étant issue principalement du Mas Palau, un vignoble situé à plus de 500 mètres d’altitude dans la zone de l’Alt Penedès.

Changement d’altitude, et de latitude

Car c’est aussi sur les terres plus hautes que Familia Torres cherche des solutions pour protéger sa vocation viticole à l’avenir. « L’altitude fait partie des solutions, le changement de latitude aussi. Au Chili, par exemple, nous nous déplaçons vers le Sud ». Il va de soi que tous les vignobles ne seront pas déplacés pour s’adapter au changement climatique et la maison espagnole exploite tous les outils à sa disposition pour y parvenir. « Nous réduisons le couvert végétal par exemple pour restreindre la photosynthèse et retarder la maturité. Nous plantons aussi de plus en plus de vignes conduites en gobelet parce que ce système protège mieux les vignes, et nous pouvons recourir à l’irrigation même si, à mon avis, ce n’est pas la meilleure solution ».

La centrale de biomasse a changé la donne 

Plus en amont, l’objectif de réduire de 60% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 a amené la société à diminuer sa consommation d’énergie et à développer ses propres énergies renouvelables. Outre l’installation de panneaux photovoltaïques, et de nombreux dispositifs permettant de réduire la consommation énergétique, elle a investi massivement dans une centrale de biomasse. « C’était un énorme investissement, plutôt risqué car c’était une première dans le secteur, mais au final cela a changé la donne. Grâce à cette centrale, nous avons réduit notre consommation de gaz naturel de manière très significative. Plutôt que de brûler la biomasse à la vigne, nous nous en servons pour chauffer et refroidir les installations de vinification ».      

Après le bio, la viticulture régénératrice

Pour réduire les émissions à la vigne, Josep Maria Ribas voit deux principales solutions : « La première consiste à passer aux tracteurs électriques. Nous en avons déjà testé, en avons acheté un et en aurons d’autres à l’avenir. La deuxième solution réside dans l’adoption de la viticulture régénératrice ». Même si ce concept en est encore à ses premiers balbutiements, la maison Torres y place beaucoup d’espoir. « Miguel Torres trouvait cela dommage que l’empreinte carbone de la viticulture biologique, qui devrait être meilleure pour l’environnement, était relativement importante. Ce mode de culture ne tient compte que de la vigne elle-même et non pas du contexte environnant. Or, la viticulture régénératrice prend en compte les sols, le vignoble, son intégration avec d’autres cultures ou animaux, la disponibilité de la ressource hydrique et la rétention d’eau etc. Cela ne signifie pas pour autant que nous renonçons à la viticulture biologique, mais que nous passons à la vitesse supérieure avec la viticulture régénératrice ». 

Préférer le train aux camions

Cet ensemble de techniques permet aussi de piéger le carbone, autre axe fort de la politique environnementale chez Torres. « Nous savons que le captage du carbone fonctionne mais nous devons trouver une manière de le rendre le plus rentable possible et assurer un retour sur investissement ». En 2022, alors que d’autres caves subissaient une pénurie du CO2 requis pour prévenir l’oxydation dans les vins, ou des tarifs multipliés par quatre ou cinq, Familia Torres a pu utiliser le CO2 capté lors des fermentations en 2021. « A un moment donné, nous chercherons peut-être aussi à mélanger du CO2 avec de l’hydrogène pour créer des solutions de stockage de l’énergie, parce que nous pourrons atteindre un stade où nous avons déjà beaucoup d’énergie solaire, entraînant des excédents. En Espagne on ne peut pas simplement injecter cette énergie dans le réseau électrique ». Enfin, sur le plan logistique, les innovations fusent aussi, même s’il s’agit plutôt d’un retour vers le passé. « Nous essayons d’obliger nos clients à utiliser le chemin de fer à la place des camions. Le distributeur britannique Tesco nous a même demandé d’expédier davantage de bouteilles par le train à cause des difficultés douanières auxquelles il était confronté à Londres. Cela s’est très bien passé, et il veut désormais continuer avec ce mode de transport ».

 

La viticulture régénératrice dotée désormais d’une certification internationale

Depuis ce mois d’avril, les producteurs qui respectent les critères de la viticulture régénératrice peuvent se faire certifier par la Regenerative Viticulture Alliance, validée par l’organisme certificateur international Ecocert. Pour cela, il faut être certifié biologique ou avoir respecté les pratiques biologiques depuis trois ans, et avoir mis en pratique les méthodes associées à la viticulture régénératrice depuis au moins un an. Il s’agit notamment de l’utilisation de couvert végétal, d’amendements organiques, de pâturage raisonné, de la réalisation de tests et d’analyses microbiologiques sur le terrain, de l’absence de labour des sols, de la préservation et de l’amélioration de la biodiversité ainsi que de conditions de travail décentes. Il faut aussi avoir suivi une formation dédiée et faire réaliser des analyses physico-chimiques et qualitatives des sols par un laboratoire agréé une fois par an. Pour Miguel Torres, président de l’Association of Regenerative Viticulture, la procédure est « facile à utiliser et intuitive grâce à une application dédiée, sans lourdeurs bureaucratiques, et accessible à tout viticulteur ou vigneron qui met en application les pratiques requises ». Pour ceux qui s’y intéressent, la troisième conférence sur la viticulture régénératrice organisée par l’Association aura lieu le 16 mai dans la région espagnole du Priorat.

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (1)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Leclerc Le 25 avril 2023 à 15:34:14
Compte tenu du bagage, de la réussite, et du poids de Miguel Torrés : les nombreuses infos de cet article "comptent triple" ! Les ITW de Miguel Torrés par Sharon Nagel mériteraient de devenir annuelles, sérieusement.
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé