près un débat « intense et fourni » en amont, le syndicat des vins Méthode Nature a voté lors de son assemblée générale, ce jeudi 24 mars, à 95 % (2 abstentions) pour l’adoption de motions contre les discriminations (sexisme, racisme…) dans le cahier des charges, mais aussi d’engagement environnemental. « Parce que le vin naturel, ce n’est pas seulement ce qu’on trouve dans la bouteille », ont expliqué les membres du conseil d'administration. Pour chaque point, le syndicat a utilisé des textes existant : les 25 critères définis par le Défenseur des Droits pour les valeurs humaines, et la Charte constitutionnelle de l’environnement qui consacre le principe de précaution, pour le second point. « Le syndicat n’est pas un censeur, ni un moraliste, a expliqué Julien Gangand, caviste à Lyon, membre du CA. Ces principes ont valeur d’adhésion morale, un engagement pour que les gens qui gravitent autour de ces vins le fassent dans un rapport d’équité. » « On n’ira pas vérifier avec Ecocert, a convenu Jacques Carroget, le président. Mais c’est important de le dire pour les gens qui s’engagent avec nous, mais aussi pour tous ceux qui nous regardent. »
Le négoce est une activité de plus en plus répandue chez les vignerons nature, soit comme mesure d’adaptation économique dans le contexte du changement climatique et de la multiplication des aléas. Soit pour répondre à la demande accrue de vin naturel sur certains marchés, a évoqué Vincent Wallard, négociant-vinificateur près de Saumur. Le syndicat a donc désormais une charte spécifique pour le négoce, pour combler « les failles ». Même chose pour les vins à bulles estampillés "Vin Méthode Nature". Deux possibilités sont désormais offertes : le "pet’nat’", sans aucun ajout de sucre, et les « effervescents » (Champagne, crémants, mousseux), dont seul du jus de raisin (frais ou en fermentation) peut servir d’apport de sucre à la prise de mousse.
Le syndicat a également précisé les « actions de modification volontaire du raisin » interdites, telles que la thermovinification et la cryo-extraction.
En plus du contrôle interne systématique pour chaque cuvée, un contrôle aléatoire par Ecocert, avec analyses, aura lieu sur quatre cuvées tirées au sort en 2023.
A noter : les cuvées dépassant 100 hl devront également s’y soumettre systématiquement, aux frais du producteur. Une façon pour le syndicat de se prémunir face à de possibles « gros faiseurs » peu scrupuleux… Récemment, l’arrivée de quelques vins estampillés « Méthode Nature » dans la grande distribution a notamment fait débat. « Le marché évolue, on ne peut pas l’empêcher », explique le vigneron Gilles Azzoni. « Mais sur les règles de commercialisation du vin nat’, rien n’est tranché, la réflexion est ouverte », a souligné Antonin Iommi-Amunategui.
Créé en 2019, le syndicat compte aujourd’hui 198 vignerons répartis dans tous les vignobles français (sauf la Champagne), mais aussi 33 professionnels du vin (cavistes, sommeliers, etc.) et 40 consommateurs, soit 271 membres. C’est moins qu’en 2020 : le collège « vigneron » s’est étoffé de 30 membres, mais les autres en ont perdu. « L’enthousiasme des débuts, ce n’est pas pareil que l’engagement sur le long terme. A nous de remobiliser les pros », a souligné Antonin Iommi-Amunategui, éditeur / organisateur de salons et membre du conseil d’administration. Restent des questions sur la représentativité de l’organisation, qui ne mobilise qu’une toute petite portion des vignerons « nature ». « Les anciens du mouvement ne sont pas là, ils n’en ont pas besoin », a convenu Gilles Azzoni. On accueille plutôt les nouveaux. Il faudra du temps pour faire nos preuves, mais notre définition vient de l’AVN et de Marcel Lapierre. »