’il n’y a pas eu de #MeToo du vin, des affaires de Violences Sexistes et Sexuelles (VSS) défraient la chronique de la filière vin ces dernières années… Notamment dans la famille des vins nature, depuis la condamnation du caviste Marc Sibard en 2017 à l’affaire en cours de plainte pour diffamation du vigneron Sébastien Riffault (Sancerre) à l’encontre de la vigneronne Isabelle Perraud (Beaujolais), présidente de l’association Paye Ton Pinard (pour avoir republié des posts sur les réseaux sociaux). Alors, le milieu du vin nature a-t-il un problème avec les VSS ? « Et voilà, vous allez encore ternir l’image du vin naturel. Franchement, ce n’est pas pire qu’ailleurs » a entendu la journaliste Julie Reux lors de son enquête sur le sujet publié par Mediapart, "Les combats féministes révèlent le côté obscur du vin naturel".
L’article révèle que dans le dossier Riffault contre Perraud, deux témoins de cette dernière ont reçu de faux mails de journalistes « leur demandant de réagir à l’éventualité que la vigneronne se retourne contre elles en cas de condamnation, pour payer les dommages et intérêts » : deux plaintes pour usurpations d’identité ont été déposées. « Mes amis et soutiens ont presque tous reçu des mails étranges de ce genre-là. C’est épuisant, on se méfie de tout le monde » indique Isabelle Perraud à Julie Reux. Des campagnes de pression qui ne sont pas propre au vin, ni à la famille nature, comme en témoigne l’affaire d’injures sexistes du blogueur Vincent Pousson contre la journaliste Sandrine Goeyvaerts.


Parmi les témoignages publiés par Mediapart, l’éditeur Antonin Iommi-Amunategui, pointe le décalage entre l’anticonformisme des vignerons nature et le sexisme ordinaire qui en frappent certains : « ils sont plus écolos, plus bio, ils sont forcément en avance sur les questions sociétales. Mais non. Ce sont souvent des mecs pas très fins, et si en plus ils sont starifiés, et que tu mets de l’alcool là-dessus, ils pètent un câble. » L’ancien avocat Éric Morain ajoute dans l’article : « on plaque des stéréotypes sur les milieux en oubliant que les affaires d’agression sexuelle n’ont rien à voir avec le sexe et tout à voir avec le pouvoir ». Et pour le caviste Jean-Charles Halley : « j’ai déjà entendu plein de fois “oui, je sais ce qu’il fait, mais ses vins sont tops !” » Après la question de la dissociation de l’œuvre et de son auteur, celle de la séparation du vin et de son producteur ? Des cavistes ont tranché rapporte Julie Reux : des metteurs en marchés blacklistent les vignerons à la mauvaise réputation.