vant l’affrontement verbal ce 6 avril devant la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Bourges (Cher), les arguments digitaux continuent de s’échanger sur les réseaux sociaux entre le vigneron Sébastien Riffault (Sancerre) et la vigneronne Isabelle Perraud (Beaujolais). Le premier ayant porté plainte en diffamation contre la seconde pour des publications de l’association féministe Paye ton pinard, qu’elle a créé et préside (6 000 abonnés sur Instagram), reprenant des posts faisant état de Violences Sexistes et Sexuelles (VSS) que Sébastien Riffault aurait fait subir à des femmes de la filière vin (sans qu’il y ait de plaintes).
Annoncée par le très informé compte Instagram Soutien à Sébastien Riffault (60 abonnés), l’audience de plaidoirie est présentée comme une mise en accusation unilatérale : « Isabelle Perraud passera devant la justice » (après des retards de conclusions de son avocat reportant l’audience de mise en état selon ce compte). Si Sébastien Riffault n’a pas pu être contacté pour échanger sur ce dossier, ses soutiens dénoncent « un lynchage médiatique » lancé par « une instagrameuse danoise » ayant rapporté des « histoires anonymes de harcèlement et d’agression » d’un vigneron (sans le nommer, mais en interpellant ses distributeurs et acheteurs), puis repris sur un blog (toujours sans le nommer), alors qu’« aucune plainte contre lui n’a été déposée ». Poursuivie pour avoir relayé deux publications qui nomment Sébastien Riffault, Isabelle Perraud réfute auprès de Vitisphere l'usage du terme "lynchage médiatique" : « je suis en bout de chaîne. J’ai juste relayé des informations sur un compte dénonçant des comportements inacceptables. Si l’on parle encore de lui, c’est à cause de sa plainte. Je ne me substitue pas à la police et à la justice. » Indiquant s’être informée auprès des « lanceuses d’alerte » et de l’« importateur danois » de Sébastien Riffault, la vigneronne plaide la bonne foi et l’enquête sérieuse.


La présidente de l’association "Paye ton pinard" dénonce surtout les pressions et intimidations la ciblant, ainsi que les témoins qu’elle appelle à la barre (une danoise et une suédoise). Alors que le monde du vin nature se débat dans les VSS depuis la condamnation du caviste Marc Sibard en 2017, Isabelle Perraud évoque « un vrai souhait de nous faire taire. Il y a une omerta. Ce que l’an a subi de certains vignerons, c’est une honte : dénigrement, humiliation, harcèlement par de faux mails… Dans le but de nous isoler et faire pression sur nous et nos soutiens. Nous les femmes sommes toujours là, dignes et debout. » Présente à l’audience, Isabelle Perraud compte venir accompagnée d’un maximum de soutiens et témoins. Un point d’accord avec les soutiens de Sébastien Riffault : « l’audience étant publique, toute persone sera la bienvenue » indique le compte Instagram.