ue l’on y voit un sujet tabou ou polémique, l’égalité des sexes est un dossier incontournable pour tout opérateur du vin souhaitant s’engager sérieusement dans la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). « Quand on ne se pose pas la question de la parité, on n’avance pas sur le sexisme. Il faut enlever les œillères. Parler du sujet permet d’avancer » explique Anaïs Bonnet, la responsable marketing de la cave d’Aghione (Haute-Corse). Présentant à l’occasion du salon Wine Paris & Vinexpo Paris l’engagement de la coopérative corse pour la parité et contre le sentiment d’imposture des femmes, la directrice de communication souligne que le sexisme ordinaire s’exprime : à l’occasion d’évènements professionnels de la filière vin, il n’est pas rare d’entendre des collègues ou clients s’adresser à une femme à longueur de temps sous la dénomination « miss » ou « ma belle ». Tout l’enjeu est de faire prendre confiance aux équipes que ces termes n’aident pas les femmes à avoir confiance en elles : on ne dirait pas "mister" ou "mon beau" pointe Anaïs Bonnet.
Ce début 2023, les Vignerons d’Aghione ont organisé une formation de ses 48 employés (dont 8 femmes) et 12 adhérents (dont 2 vigneronnes) animée par l’experte Alexia Anglade (société de coaching Lumière s’il vous plaît). Réalisé sur le temps travail, ce programme a commencé par un webinaire destiné à tous mi-janvier : « détendez-vous, nous sommes tous et toutes sexistes » rapporte Anaïs Bonnet. Deux jours de coaching ont ensuite eu lieu cette fin janvier : avec une journée dédié au management de la parité, « pour interpréter et intégrer la parité dans les ressources humaines », puis une journée réservée aux 10 femmes de la structure pour traveiller les enjeux de syndrome de l’imposteur, « d’où viennent les stéréotypes et comment redonner confiance » indique Anaïs Bonnet.


Après ces récentes formations, « je sens plus de cohésion parmi les femmes » rapporte la responsable commerciale, notant une libération de la parole : « la sororité n’est pas forcément une évidence dans le monde professionnel, mais on a toutes les mêmes difficultés. Il faut se faire confiance et s’entraider. »
Cette démarche RSE est née avec l’adhésion de la cave d’Aghione au label des Vignerons Engagés, sa directrice, Iris Borrut, ayant proposé une formation dédiée au sentiment d’imposture des femmes. « Une formation qui n’a pas servi à rien » sourit Anaïs Bonnet, qui a déposé avec succès une candidature au fonds Verallia x Vignerons Engagés pour financer une formation de toute sa coopérative.