ouche froide. Réunie ce 15 mars, la cellule opérationnelle viticole de la préfecture de Nouvelle-Aquitaine n’a pas répondu aux attentes de réponses concrètes sur l’arrachage sanitaire de ses participants. « C’était une réunion pour rien. On nous a répété les annonces du ministre de l’Agriculture à la foire de Paris [voir encadré] » résume Didier Cousiney, le porte-parole du collectif des viticulteurs de Gironde. « On est repartis comme on est arrivés » grince Bastien Mercier, également membre du collectif vigneron, qui reconnaît que le dispositif d’arrachage nécessite du temps pour être opérationnel. Dans un communiqué, la préfecture annonce l'« objectif des premiers arrachages en octobre 2023 et des premiers versements aux viticulteurs pour le début d’année 2024 », en précisant qu' un groupe de travail se réunira mardi 21 mars pour « étudier notamment les aménagements possibles de ce calendrier »
La principale désillusion pour le collectif reste la perspective que « rien ne sera fait avant les vendanges 2023. Les gens ne savent plus quoi faire : il n’y a pas une goutte de vin qui sorte. Je n’ai jamais vu ça. Avec la récolte 2023 on va encore mettre des volumes sur le marché » s’alarme Didier Cousiney, faisant état de stocks dépassant 22 mois de commercialisation « sans prendre en compte la récolte 2022 ». Déjà compliquée, la situation économique de nombre de familles vigneronnes ne peut qu’empirer : « j’ai peur de drames humains et familiaux*. Ça va être catastrophique » alerte le maire du Pian-sud-Garonne (sans étiquette).


Face à la perspective d’un plan d’arrachage de 57 millions d’euros financé par l’État et l’interprofession du vin de Bordeaux, la perspective d’une prime de 6 000 €/ha pour arracher 9 500 ha de vignes à Bordeaux reste insuffisante pour le collectif, qui milite pour une aide de 10 000 €/ha pour retirer 15 à 20 000 ha. Demandant une revalorisation de l’enveloppe et du dispositif, Didier Cousiney note que « même à 6 000 €/ha, des gens n’attendent qu’un chose : pouvoir arracher ». Dans un communiqué, le préfet Étienne Guyot se veut mobilisateur : « il est indispensable que chaque viticulteur concerné soit contacté et bénéficie du dispositif ».
Craignant des contraintes et des délais pour accéder au dispositif, le collectif maintient ses demandes de plan social d’ampleur pour avoir un impact sur les déséquilibres entre offre et demande en vins rouges de Bordeaux. « On est loin de ce qui est nécessaire. On ne comprend pas que lors d’évènements exceptionnels, comme le covid, il soit possible de tout faire, et que pour nous soutenir on ne puisse plus rien faire » estime Bastien Mercier. Le maire de Camiran (les Républicains) juge inadaptée la mesure de distillation de crise actuellement en finalisation : « on devra redemander de la distillation après la vendange 2023 ».
Prévoyant une nouvelle réunion publique, le collectif pourrait mener de nouvelles actions après la manifestation du 6 décembre dernier (ayant mené à la création de la cellule de crise).
* : Une cellule d’accompagnement des agriculteurs en difficulté existe, animée par la Chambre d’Agriculture de Gironde, qui est accessible au 0 800 620 069.
Dans le communiqué faisant le point sur cette troisième réunion de la cellule de sortie de crise viticole, la préfecture de la région Nouvelle-Aquitaine rappelle « l’accord pour le plan d’arrachage sanitaire sur le vignoble de Gironde avec une stratégie de dé-densification du vignoble bordelais portée par des financements publics et interprofessionnels », soit « l’État mobilise dans l’immédiat à hauteur de 30 M€. La Région Nouvelle-Aquitaine, elle, prévoit 10 M€ sur 2 ou 3 ans sur le volet "diversification". Le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) prévoit une enveloppe de 19 M€. Chaque hectare arraché pourra bénéficier de 6 000€ ».