menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Commerce/Gestion / "Plus le vin est premium, mieux il se vend. Plus il est vendu peu cher, plus c’est compliqué."
"Plus le vin est premium, mieux il se vend. Plus il est vendu peu cher, plus c’est compliqué."
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Une salle, deux ambiances
"Plus le vin est premium, mieux il se vend. Plus il est vendu peu cher, plus c’est compliqué."

En repli en bouteilles et croissantes en chiffre d’affaires, les exportations de vins et spiritueux français témoignent d’un vignoble à deux vitesses : le plus recherché n’étant pas le plus produit. 70 % des valeurs de vins et spiritueux exportés en 2022 sont réalisés par 30 % des volumes.
Par Alexandre Abellan Le 14 février 2023
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
En an pour les exportations de vin, « -10 millions de caisses, c’est énorme » alerte César Giron (au centre, entouré de Philippe Castéja et Antoine Leccia). - crédit photo : Alexandre Abellan
U

n seul être vous manque et le monde est dépeuplé. S’ouvrant sur une pensée au négociant bourguignon Louis-Fabrice Latour, disparu fin 2022, la conférence de presse de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS) était marquée par les absents ce 14 février sur le salon Wine Paris & Vinexpo Paris. Du manque de vins après la petite vendange 2021 aux tensions sur les containers en passant par les pénuries de bouteilles en verre, l’année 2022 aura été particulièrement éprouvante pour la filière française. Malgré les vents contraires de la guerre en Ukraine, de la fermeture de la Chine et de l’inflation galopante (voir encadré), les vins et spiritueux français affichent un chiffre d’affaires record : 17,2 milliards d’euros en 2022, +10,8 % en un an*. Les vins en représentent 11,6 milliards € (+10,2 %) et les spiritueux 5,5 milliards € (+11,6 %), « des chiffres historiques » souligne César Giron, président de la FEVS, pointant un excédent commercial record de 15,7 milliards € (+10,3 %), « plus que le chiffre d’affaires 2021 ».

Une ombre au tableau, et pas des moindres : les performances en volumes ne sont pas au rendez-vous. Avec 194,9 millions de caisses, les vins et spiritueux français sont en repli de 3,8 % en volume. Les vins encaissent la plus forte baisse, avec 135,4 millions de caisse (-6,6 %, essentiellement sur les vins tranquilles*). « -10 millions de caisses, c’est énorme » constate César Giron. Si le négociant charentais note que la « dynamique valeur » a permis de surperformer malgré la baisse des volumes, il point que « ce sont plutôt les produits à forte valeur ajoutée qui tirent la croissance ». Ainsi, les vins de Champagne, Bordeaux et Bourgogne représentent 68,5 % de la valeur totale des vins (pour respectivement 36, 20 et 12,5 % du chiffre d’affaires), mais seulement 33 % des volumes (11, 15 et 5 %). De même pour les spiritueux, les cognacs pèsent pour 72 % des valeurs, mais 32 % des volumes de la catégorie.

Premiumisation

Le bilan est sans appel pour César Giron, avec « une industrie du vin à deux vitesses. Vous avez certaines régions qui ont connu une baisse de leurs exportations parce qu’il y a des problèmes de surproduction, peut-être avec un problème de demande consommateur, et d’autres régions pour lesquelles les vendanges 2021 en faible quantité n’ont pas permis de fournir les marchés à la hauteur des produits demandés. Plus le vin est premium, mieux il se vend, et malheureusement moins il y en avait. Plus il est vendu peu cher, plus c’est compliqué, se prenant de plein fouet la hausse du verre, la hausse du prix de l’aluminium pour les capsules, la hausse du prix de l’étiquette, la hausse du transport... »

De quoi amener la FEVS à tirer des enseignements, si ce ne sont des conseils, au profit du reste des opérateurs, notamment de la production. « La filière est de plus en plus consciente des besoins du consommateur. Si je prends l’image du distributeur de canettes, ce n’est pas la personne qui met les produits derrière la machine qui fait le marché, c’est la personne en bas après avoir payé. Un pilotage trop fort de la filière par l’amont est nuisible à performance » déclare César Giron, ajoutant que « ce sont les filières où le dialogue entre amont et aval est le plus nourri qui sont les plus performantes ». L’exemple de la Champagne et de Cognac étant évident pour le PDG de Mumm Martell Perrier Jouët (groupe Pernod Ricard). Dans la lignée de l’Union des Maisons du Vin (UMVIN), la FEVS se ainsi positionne pour des aides privilégiant le structurel au conjoncturel. Soit l’arrachage et l’aide export plutôt que l’aide à la distillation de crise, pour parler concrètement. Le ministère de l'Agriculture mettant sur la distillation « 260 millions € il y a deux ans. 160 millions € cette année. Je comprends le désarroi d’une filière en surproduction. Je vous amène simplement à imaginer une situation où ces 260 et 160 millions € auraient été mis au service de la filière pour développer l’export. Les chiffres présentés aujourd’hui seraient encore plus performants » répond César Giron questionné par Vitisphere.

Problème humain

« C’est un problème double » ajoute Philippe Castéja, le PDG de Borie Manoux : « vous avez un problème humain qui se pose aujourd’hui et je pense que c’est obligatoire de prendre des mesures. Il y a un certain nombre de viticulteurs qui sont dans une grande difficulté. On a besoin de s’occuper d’eux. C’est le SAMU. Quand on a sauvé le patient, il faut réfléchir à comment on va l’amener à pouvoir vivre. C’est là qu’il y a de grandes questions. La France met beaucoup d’argent pour la distillerie, est-ce que la France ne devrait pas consacrer aussi une enveloppe réelle pour la promotion internationale des vins et spiritueux. Pourquoi pas 100 ou 200 millions € ? »

« C’est un peu la différence entre travailler en plein et travailler en creux. Je peux comprendre le désarroi de certains viticulteurs qui veulent détruire les stocks par la distillation, qui veulent limiter la production par l’arrachage. Mais ça ne peut pas être que ça. Il faut traiter les débouchés à la racine : le vrai patron de la filière, c’est le consommateur. Il faut allouer des budgets pour que la filière des vins et spiritueux puisse recruter des consommateurs au niveau mondial » conclut César Giron.


 

 

* : Des chiffres différents de ceux communiqués par le quai d’Orsay, qui comptabilise tous les vins et spiritueux exportés depuis la France, qu’ils soient français ou non.

 

 

 

Inflation et valorisation

Concernant l’effet de l’inflation sur la valorisation des exportations françaises, César Giron pointe la difficulté à le mesurer précisément. Prenant l’exemple des vins IGP Pays d’Oc, Antoine Leccia, le président du directoire d’Advini, note que qu’une augmentation des prix de vente de 7 à 10 % compense tout juste les hausses des coûts enregistrés sur les matières sèches : sachant que le millésime 2021 a eu des répercussions sur les matières premières vins/raisins rappelle le négociant languedocien. « 2022 aura été extrêmement compliquée » résume Philippe Castéja, le PDG de Borie Manoux. Le négociant bordelais ajoutant que si les tensions sur les containers sont en voie de résolution, celles sur le verre et l’aluminium restent d’actualité.



 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (1)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Vigneron Le 15 février 2023 à 09:04:06
C'est dommage que cette stratégie de marque premium soit réservée aux grands groupes de vins et spiritueux et aux appelations reconnues et que les syndicats n'aident pas les petits vignerons pour se développer dans ce sens. Historiquement sur le marché du vin, les négociants connaissaient le mieux les attentes du marché, les vignerons se contentaient de produire, et le volume était recherché avant tout. Maintenant que le marché du vin est en baisse, que la qualité est recherchée plutôt que les volumes, et que les coûts de production augmentent, le VRAC n'a pas suffisamment pris en valeur en dehors des appellations reconnues pour récompenser la qualité recherchée chez le vigneron et la baisse de volume qui en découle. Pas étonnant que les vignerons subissent la crise de plein fouet.
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Commerce/Gestion
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé