e quoi sentir la moutarde monter aux Dijonnais. On apprend à l’université de Bourgogne que la chaire "Culture et Traditions du Vin" vient de se voir retirer son habilitation de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Annoncée par courrier ce début janvier, cette décision de l’UNESCO rompt une labélisation établie depuis 2007 dans le cadre du programme de jumelage universitaire dédié (UNITWIN, avec 914 chaires dans 114 pays au premier décembre 2022).
« Cette décision inattendue est, à notre sens, injuste, compte tenu de la richesse des activités passées, actuelles et prévisionnelles de notre dossier, celles-ci établies en plein accord avec les valeurs et priorités de l’UNESCO » écrit dans un courrier aux partenaires la professeur Jocelyne Pérard, la responsable de la chaire UNESCO. « Nous avons donc entamé, en accord avec les instances de l’Université de Bourgogne, des démarches officielles pour que nous puissions retrouver le logo UNESO pour notre chaire. Celles-ci seront longues et pourraient couvrir une bonne partie de 2023, mais la portée de nos actions nous donne bon espoir pour leur aboutissement » ajoute la géographe.
Ne communiquant ni le courrier de l’UNESCO reçu en janvier, ni la teneur des discussions en cours, l’université de Bourgogne laisse une interrogation en suspens : quelle est l’origine de cette perte d’habilitation ? De la qualité des contenus universitaires hébergés à la crainte d’un veto hygiéniste, toutes les hypothèses restent ouvertes. « Est-ce que l'on entre dans une phase où l'on commence à être frileux pour labéliser un réseau de recherche et de formation liée au vin et aux boissons alcoolisées ? C'est la question qui se pose, mais l'UNESCO ne nous le dira jamais si c'est le cas » confie un chercheur proche de la chaire. Face aux incertitudes, le Bureau Interprofessionnel du Bureau de Bourgogne (BIVB) attend un retour de l’université de Dijon à ses demandes d’explication. « Dans l’attente : on ne sait pas » glisse un vigneron de Côte-de-Nuits, regrettant la suspension de la seule chaire UNESCO dédiée aux vins en Bourgogne, mais aussi en France et dans le monde.
Préservant ses financements en 2023, la chaire annonce maintenir ses activités et son programme d’évènements pour l’année à venir. À date, le seul évènement annoncé par l’agenda en ligne de la chaire est la conférence "une histoire de l'architecture du midi viticole aux XIXème et XXème siècles" ce mercredi premier février à l’amphithéâtre de la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon de Dijon (qui porte la chaire avec l’Institut Jules Guyot). Le bilan pour l'année 2022 de la chaire UNESCO témoigne de l’organisation et de collaborations à de nombreux évènements, majoritairement en France, et notamment en Bourgogne. « Traitant des problématiques touchant à la vigne et au vin », la chaire défend une approche culturelle du vin, dans le cadre des « programmes prioritaires de l’UNESCO, tels que la diffusion de l’éducation et de la recherche, la culture, l’égalité des chances, l’environnement et le développement durable, ou encore la paix et la gouvernance, ainsi que la sauvegarde du patrimoine » indique le site vieillissant de la chaire (avec des éléments de langage datant de 2008).
Alors que Dijon accueille ddésormais une Cité de la Gastronomie et le siège de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), la capitale régionale va voir se développer l'attractivité de son vignoble voisin avec l'ouverture cette année des trois Cités des Climats et vins de Bourgogne (à Beaune, Chablis et Mâcon), alors que les Climats de Bourgogne sont également inscrits depuis 2015 à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Comme les Coteaux, Maisons et Caves de Champagne et la juridiction de Saint-Émilion en France, la région du Douro et l’île du Pico au Portugal, la région du Tokaj en Hongrie, le Piémont de Langhe-Roero et Monferrato en Italie, les terrasses viticoles de Lavaux en Suisse, le paysage d’oliviers et de vignes de Palestine… Un vivier culturel et patrimonial qui mérite que le vignoble soit bien en chaire.
Contacté, l'UNESCO ne souhaite pas commenter sa décision. Sollicitée, la Commission nationale française pour l'UNESCO n'a pas donné suite.