e nouveau chapitre résulte de nos observations et recherches sur le terrain. Beaucoup de choses se jouent durant les premières années du cep. Certains principes de base sont souvent inconnus et cela entraîne des erreurs très importantes, qui peuvent expliquer pourquoi des pieds de moins de huit ans sont atteints de maladies du bois. Parmi ces principes, le choix du sarment que l'on conserve la première année est essentiel. Ce sarment doit être dans le bon flux de sève du greffé-soudé. Dans la pratique, c'est souvent la pousse la plus penchée. Mais c'est la mieux alimentée. Or, les tailleurs ont tendance à garder la pousse la plus droite. Et s'ils coupent l'autre branche trop ras, ils engendrent une plaie très mutilante. Pour la taille de première année, il faut donc choisir la branche située dans le flux de sève, éviter les plaies de taille rase dans la base du cep et garder un nombre d'yeux qui soit fonction de la vigueur des ceps : un à deux si elle est moyenne, et jusqu'à quatre si cette vigueur est forte.
En deuxième année, on choisira la branche la plus vigoureuse, car en général elle est dans le bon flux de sève. Mais cette branche idéale pour le flux de sève peut s'avérer trop courbée. Dans ce cas, il faut en choisir une autre, sur laquelle on laissera un nombre d'yeux limité, afin que ceux de la base se développent bien. La formation du tronc est alors retardée d'un an, et s'effectuera sur un œil de base. En contrepartie, ce sera favorable à la pérennité du cep.
Oui, selon moi, c'est incontestable. Lors de la création des AOC, les décrets de l'époque n'autorisaient la mise en production qu'en sixième ou septième feuille? En Côte-d'Or, on continue de garder les vignes à un stade juvénile pendant un laps de temps assez long, elles ne sont pas formées avant la sixième année. Et ces vignes ? en particulier les chardonnays ? tiennent mieux le choc face aux maladies du bois que leurs homologues du Mâconnais ou de Chablis, où la mise à fruit est plus rapide.
La première année, on choisit la branche située dans le meilleur flux de sève. Mais au lieu de la rabattre, on la conserve entière ! Ensuite, on ne réalise aucune taille pendant un à quatre ans selon la vigueur du cep, en dehors de la suppression des rejets au niveau du point de greffe, en deuxième année. Ce n'est pas conventionnel. Mais nos résultats d'expérimentations menées pendant plusieurs années montrent clairement que cette méthode est bénéfique pour les ceps, car on leur permet de développer tout de suite davantage de pousses et de feuilles en hauteur, bien exposées au soleil. Les complants constituent ainsi plus de réserves. Lorsque le volume de pousse est suffisant ? c'est-à-dire lorsqu'on a deux à trois belles branches ?, on rabat le cep en coupant la branche principale à quelques centimètres au-dessus du point de greffe. L'année suivante, on conserve la plus belle des branches qu'il aura émises, de façon à former le nouveau tronc. De cette façon, il est possible de gagner un ou deux ans dans la mise en production du complant.
Oui. Notre premier guide était axé sur la taille guyot, mais ces principes s'appliquent aussi à la taille en cordon ou en gobelet. Nous recommandons une taille qui vise plusieurs objectifs : limiter l'allongement de la vigne, ralentir son vieillissement prématuré induit par la taille elle-même, assurer une production suffisante, sans excès, optimiser la surface exposée aux rayons lumineux, et améliorer la qualité des raisins.
Oui, ces actions curatives donnent d'excellents résultats. Elles peuvent parfois faire peur, notamment en termes de temps passé et de technicité à acquérir, mais elles donnent des résultats plus rapides que l'arrachage et la complantation, et sont moins coûteuses.
Je ne promets pas d'éradiquer totalement le risque. Mais ces techniques que sont la taille respectueuse et les actions curatives, si elles sont employées rigoureusement, limitent très fortement la mortalité des ceps liée aux maladies du bois. À ce jour, nous avons formé plus de 10 000 professionnels en France. La plupart des vignerons et vigneronnes qui appliquent ces techniques réduisent de 50 % en moyenne le taux de ceps atteints par les maladies du bois. Propos recueillis par Ingrid Proust
* Service interprofessionnel de conseil agronomique, de vinifications et d'analyse du Centre.
Bonnes pratiques de taille et techniques curatives contre les maladies du bois, édité par le BIVC (bureau interprofessionnel des vins du Centre-Loire) et le Sicavac, 137 pages, 32 €. Bon de commande disponible sur www.vins-centre-loire.com, auprès du Sicavac (02 48 78 51 00, accueil@sicavac.fr) ou sur commande en librairie.