es vins désalcoolisés ou sans alcool ? « On ne peut pas dire que c’est une niche : ce n’est plus une tendance qui monte aujourd’hui et va chuter demain. On reste sur des croissances annuelles à +30 % » pointe Mathilde Boulachin, la PDG fondatrice du négoce Chavin (basée à Béziers depuis 2012). Achetant des moûts et vins, la négociante propose à la fois des boissons non fermentées à base de moût (avec des macérations/infusions) et des vins partiellement/totalement désalcoolisés (par centrifugation) avec une stabilisation flashpasteurisation (tunnel à 60°C). L’enjeu étant de répondre à toutes les demandes, différentes selon les pays traditionnellement producteurs de vins (qui préfèrent les vins désalcoolisés pour avoir une alternative sans alcool) et les pays néoconsommateurs (qui recherchent plutôt une expérience sensorielle) explique Mathilde Boulachin, pour qui l’essentiel reste d’offrir une boisson de sociabilisation.
Le positionnement de son offre de boissons avec peu ou pas d’alcool (la gamme "no/lo") est large, allant d’un effervescent Florentina Spritz à 4,99 € (bio, sans sulfites…) à un sans alcool premium Pierre Zéro Signature à 20 € (bio). Un positionnement encore rare (également travaillé par Barton-Guestier à 29 €). « Il est intéressant de travailler au développement de la catégorie du vin sans alcool par la valorisation, par le haut. Je suis en faveur de la premiumisation pour arriver à la construction d’une pyramide » indique Mathilde Boulachin, qui mise sur la montée en gamme, grâce à l’image de la France, et à une forme de banalisation du sans alcool : « comme quand propose un café/décaféiné. Je veux pouvoir proposer au consommateur final une carte des vins et une cave des alternatives sans alcool. La carte sans alcool permet de sociabiliser les gens qui n’aiment pas l’alcool, les seniors qui arrêtent d’en consommer, les femmes enceintes qui ne le peuvent pas… »


Avec un chiffre d’affaires de 13 millions d’euros en 2021, Chavin est très présent à l’export (80 % de l’activité), avec un équilibre 50/50 entre vins et sans alcool. « Personne ne nous attendait. Il n’y avait pas de place, il n’y en a toujours pas » note Mathilde Boulachin, qui souligne que « les bières ont fait un excellent job sur le sans alcool. Elles ont une longueur d’avance. » Pour elle, le retard relatif du vin en la matière est lié aux processus de fabrication des brasseurs, moins coûteux et permettant de dégager plus de fonds pour le marketing : « en France, le processus est coûteux pour le vin sans alcool. Nous avons moins de capacité à dégager des fonds ».