ans le vignoble charentais, la récolte des Ugni blanc ne démarrera pas avant septembre, « alors que les autres cépages, destinés aux vins IGP, ne vont pas tarder à être récoltés », invite Léa Ballorin, conseillère viticole à la chambre d’agriculture de Charente (CA 16). Le bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) a déjà lancé les contrôles de maturité mais le service viticole de la chambre d’agriculture de Charente-Maritime (CA 17) ne procèdera à ses premiers contrôles qu’à compter du 29 août. « Les retours de la production font état d’un début de vendange à partir du 12 septembre pour les ugni blancs. Les cépages chardonnay et sauvignon avancent en maturité si bien que les 1ers sauvignon devraient être récoltés dès début septembre », développe Sandrine Lucas, œnologue et conseillère viticulture à la CA 17.
Alors que l’avancement physiologique de la vigne semblait préfigurer une précocité dans la récolte, les conditions de sécheresse et de chaleur estivales ont eu un effet bloquant « qui a atténué cette avance pour finalement arriver dans une périodicité quasi normale », note Léa Ballorin. « On est dans les standards de 2020 », renchérit Sandrine Lucas.
Les orages de mi-août ont arrosé les Charentes de manière hétérogène, avec des zones dépassant la vingtaine de millimètres quand d’autres n’ont pas excédé 5 mm. « La sécheresse a fait souffrir la vigne et le manque d’eau se fait ressentir. Dans les zones où il y a eu moins de 15 mm d’eau, on voit que ce n’est pas suffisant pour être assimilé par des sols qui étaient devenus très secs. Mais le constat est assez variable selon les porte-greffes, la profondeur du sol, les pratique culturales et l’âge de la vigne. Les effets du manque d’eau sont très marqués sur le feuillage et les raisins des jeunes vignes », avance Léa Ballorin.
La baisse des acidités est une autre conséquence des chaleurs constatée par Séverine Lucas. « Les niveaux d’acide malique ont baissé mais cela devrait ensuite stagner. Les raisins n’auront certainement pas les niveaux d’acidité espérés par le négoce mais si l’acidité totale se maintient entre 6 et 6,5 g/L H2SO4 au moment de la récolte, ce sera bien », appuie-t-elle encore.
Suite au gel de 2021, la sortie de raisins a été généralement abondante mais le passage de grêle du mois de juin a touché fortement certains secteurs, dans un couloir allant du sud-est au nord-est de l’appellation. « Les secteurs les plus atteints n’avaient même plus de feuilles donc il n’y a pas de récolte. Avant ce passage, il y avait un très beau potentiel de production cette année avec des grappes fournies et des baies assez homogènes », décrit Léa Ballorin.
Cumulée aux effets du manque d’eau qui ont limité la taille des baies, cette grêle ne permet pas d’augurer d’une récolte abondante, mais qui devrait néanmoins se tenir à des niveaux standards. Dans le bulletin technique Vitiflash, le rendement moyen de l’année est d’ailleurs estimé à 115 hl/ha. « Les secteurs qui n’ont eu ni gel de printemps ni grêle peuvent envisager une belle récolte. Les gens ont eu assez peur du cumul d’évènements climatiques mais le bilan ne s’annonce finalement pas aussi mal que ce qui pouvait être craint », se réjouit Sandrine Lucas.
La climatologie de cette saison 2022 a en revanche permis de maintenir d’excellents états sanitaires, si bien que les conseillères des deux chambres consulaires se réjouissent de la faible pression cryptogamique ou parasitaire sur les raisins. « Nous surveillons la 3ème génération de tordeuses mais cela reste calme, et contrairement à l’an dernier, nous n’avons pas eu de problèmes de grillures à cause des cicadelles vertes », termine Sandrine Lucas.