es grêlons tapissent encore de très nombreuses parcelles dans le bordelais et les Charentes en ce premier matin d’été. La veille, vers 20 heures, un orage d’une ampleur inédite s’est déclenché a ravagé les vignes sur plus de 100 kilomètres de long, et au moins 10 de large.
« J’ai ramassé des grêlons de 6,5 centimètres une heure après » rapporte Laurent Rousseau. Ce matin, autour d’Abzac, le viticulteur se dépêche de passer de la bouillie bordelaise sur ses 66 hectares pour faciliter la cicatrisation de la vigne. « La grêle n’a épargné que mes vignes de Lalande et de Pomerol. 80% de mon vignoble est touché, et toutes les baies visibles sont déjà marrons ».
Quelques kilomètres plus à l’Ouest, ses confrères de Saillans et de Galgon savent déjà qu’ils ont perdu toute leur récolte. Dans le Médoc, à Saint-Yzans, Denis Puyssegur se désole également de voir que les 7 hectares en conversion bio du Château Vois de Roc qu’il entretient en prestation depuis 10 ans sont détruits. « C’est d’autant plus frustrant que nous avions eu une superbe sortie de grappes. Les vendanges s’annonçaient joyeuses, c’est raté ».


« C’est un massacre » confirme Philippe Abadie. A son arrivée ce matin à Blanquefort, le directeur du service entreprises de la Chambre d’agriculture de Gironde a trouvé la serre servant à la production de matériel végétal viticole dévastée.
« Un premier orage est parti du Bassin. Il est passé par le nord de la métropole de Bordeaux et a poursuivi sa course de l’autre côté de l’Estuaire de la Garonne. Un deuxième s’est déclenché à Hourtin pour traverser le nord du Médoc et le nord du Blayais. Ils ont progressé tellement vite que les systèmes antigrêle n’ont pas pu être déclenchés » décrit Philippe Abadie. La région Nouvelle-Aquitaine estime déjà que 5 à 10 000 hectares ont été grêlés à Bordeaux.
Contrairement au 18 juin, les vignobles de Pessac, de Léognan, et de l’Entre-Deux-Mers s’en tirent a priori indemnes. Ce n’est pas le cas des Charentes.
Le téléphone du président de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC) sonne en continu depuis hier soir. « On sait déjà que plusieurs milliers d’hectares sont touchés, du Sud-Ouest au Nord-Est de l’appellation » commente Anthony Brun.


Également viticulteur à Saint Bonnet sur Gironde, il témoigne de la largeur du couloir de grêle. « J’ai des parcelles éloignées de 8 kms les unes des autres. Elles sont toutes touchées à au moins 50% ». Son palissage est debout mais il ne reste souvent sur ses ceps que du bois vert comme en sortie de taille d’hiver. « Le millésime était magnifique et nous nous attendions à une belle récolte. Nos espoirs sont ruinés ».
Thomas Quintard se souviendra quant à lui de ses 40 ans. « Nous fêtions mon anniversaire en famille quand l’orage a tout gâché » relate le cogérant de Cognac Du Frolet, à Chadenac. « Il a balayé les 60 hectares du domaine. Un ami à moi est exactement dans la même situation ». Ce matin, son courtier lui a annoncé que la grêle a fait des dégâts jusqu’à la commune de Malaville.
Comme Laurent Rousseau, Thomas Quintard va déclencher son assurance. « On va récupérer un petit pactole mais cela ne couvrira pas l’ensemble de nos frais. Nous allons aussi perdre des marchés » prévoit le premier, qui espère un nouveau geste du gouvernement pour continuer à vivre de son métier.
L’épisode orageux d’hier soir a également frappé la Dordogne, les Landes, le Gers, les Pyrénées-Atlantiques, et les Hautes-Pyrénées. Le Sud-Ouest et une partie de l'Occitanie restent en alerte aujourd'hui.