La volonté de la filière IGP Charentais est d'aller dans la direction de la prise en compte des pressions sociétales et environnementales » pose Guillaume Archereau, le technicien de l'Organisme de Défense et de Gestion (ODG). Publié ce 20 octobre, l’arrêté homologuant le cahier des charges des vins à Indication Géographique Protégée Charentais est riche en mesures agroenvironnementales, applicable dès le millésime 2021. Evoquant depuis 2017 sa volonté d’inclure de tels dispositifs, l’Organisme de Défense et de Gestion des vins IGP Charentais s’interdit ainsi « le désherbage chimique total des parcelles est interdit. Sur tous les inter-rangs, la maîtrise de la végétation, semée ou spontanée, est assurée par des moyens mécaniques ou physiques. » En complément, « l’enherbement permanent du contour des parcelles (tournières et espaces inter parcellaires non plantés ou non cultivés) est obligatoire », sachant que « cette obligation ne s’applique pas en cas de remise en état des tournières notamment à la suite de l’érosion, où à des phénomènes climatiques exceptionnels ».
Dans la même veine, « les pulvérisateurs non face par face à jets non dirigés (turbines aéroconvecteur montées sur tracteur enjambeur ou canons oscillants) sont interdits » par le cahier des charges, qui précise que pour les pulvérisateurs à jet porté, « seules les buses à injection d’air inscrites, pour le traitement de la viticulture, sur la dernière liste des moyens permettant de diminuer la dérive de pulvérisation des produits phytopharmaceutiques publiée en Bulletin officiel du Ministère en charge de l’agriculture sont autorisées ». À noter que « l’apport d’azote minéral de synthèse est limité à 30 unités par hectare et par an ». Ce sont des mesures qui actent des pratiques déjà modifiées par l'ensemble des producteurs note Guillaume Archereau, qui souligne que les mesures ont été votées en 2019 par l'assemblée générale de l'ODG.
Encépagement
Pour réduire les intrants phytosanitaires, l’IGP fait également évoluer son encépagement en intégrant 12 variétés résistantes, françaises comme étrangères : Artaban, Cabernet Cortis, Monarch, Pinotin, Prior, Vidoc, Bronner, Floreal, Johanniter, Solaris, Souvignier Gris, Voltis. Pour s’adapter au changement climatique et étoffer ses profils produits, les vins de pays Charentais vont également pouvoir utiliser de nouveaux cépages : gros manseng, petit manseng et syrah, ainsi que tannat (jusqu’à présent limité à l’île de Ré). Comme évoqué en 2019, l’ugni blanc ne sera plus autorisé en IOGP à partir de la récolte 2023, afin d’éviter les tentations de bascule vers l’appellation Cognac.
Le projet d'intégrer une obligation de certification environnementale a été retiré du projet de cahier des charges, l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) ne permettant pas de délai de transition avant cette obligation de certification. « Nos actions s'inscrivent dans la dynamique du bassin, Cognac ayant également lancé sa certification » indique Guillaume Archereau, pour qui la question de la certification obligatoire pourrait se reposer d'ici quelques années selon les dynamiques locales.
A noter que concernant le profil produit, l’IGP se donne désormais la « possibilité de produire des vins blancs avec des sucres résiduels supérieur à 5g/l et une acidité volatile pouvant aller jusqu’à 0,65g/l en H2SO4 ou 13,26 meq/l ».