Nous avons abouti, je n’en suis pas peu fier ! » soupire l’eurodéputé Éric Andrieu, négociateur pour le Parlement européen de la Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027) et de son volet Organisation Commune de Marché vitivinicole (OCM vin). Portant le sujet de la désalcoolisation des vins, l’élu socialiste de l’Aude indique que le compromis trouvé ce 25 juin à Bruxelles permet de donner le nom de vin aux vins d’Appellation d’Origine Protégée (AOP) et à Indication Géographique Protégée (IGP) après une désalcoolisation partielle aboutissant à un degré alcool compris entre 0,5 à 8,5°.alc. La désalcoolisation peut être totale, jusqu’à 0°.alc, pour les vins sans indication géographique (VSIG). « Une indication de désalcoolisation doit figurer sur l'étiquette » indique un porte-parole du Copa-Cogeca (Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne et Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne) à Vitisphere, ajoutant que « quant aux pratiques œnologiques excluent l'adjonction d'eau ».
« Tous les vins pourront faire l’objet d’une désalcoolisation partielle, et seuls les vins sans IG pourront faire l’objet d’une désalcoolisation totale. La filière pourra si elle le souhaite se saisir de cette possibilité via la modification des cahiers des charges des AOP et IGP » résume à Vitisphere le ministère de l'Agriculture. Cette reconnaissance donne la possibilité à la filière vin d’élargir sa gamme et de s’attaquer au marché des boissons à faible degré d’alcool (le low/no, porté par des enjeux de santé, d’hygiène de vie, de religion…) indique Éric Andrieu. Défendant ce qu’il appelle la « thèse du Canada Dry » (« si le secteur ne se positionne pas en dessous de 8,5 degrés d’alcool, la chimie prendra les parts de marché, avec le goût, l’odeur et l’arôme du vin, mais sans vin »), l’eurodéputé rapporte qu’« autant le secteur vin était réticent au départ (et le mot est faible), autant il est emballé après deux ans de travail (les AOP souhaitaient même à la fin de la négociation pouvoir désalcooliser totalement, mais trop tard) ».
Misant sur le développement de ce marché, le Parlement européen portait cette proposition en soulignant que la « qualité du vin est respectée par le processus membranaire d’obtention. L’alcool est sorti et la qualité organoleptique est maintenue » explique Éric Andrieu, qui attend l’acte délégué de la Commission Européenne pour définir les détails techniques de mise en place. « À ce stade, il s’agit d’un accord politique. Les dispositions détaillées d’application de cet accord seront arrêtées plus tard par la Commission » indique à Vitisphere Janusz Wojciechowski, le commissaire européen à l’Agriculture.