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Le "prix de l'enseigne la plus insultante pour la viticulture" lancé à Bordeaux
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Face aux promos
Le "prix de l'enseigne la plus insultante pour la viticulture" lancé à Bordeaux

Le prix de la honte. Devant des promos toujours plus basses, et toujours plus éloignées des coûts de production, l’interprofession des vins bordelais se dit prête à communiquer en "réaction aux prix insultants" et avertit Lidl que son antenne française "sera sans nul doute parmi les nominés à cette distinction peu enviable".
Par Alexandre Abellan Le 17 juillet 2025
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« Ces pratiques tarifaires contribuent à une dévalorisation globale de l’Appellation d’Origine Contrôlée Bordeaux, en envoyant au consommateur le message que le vin d’AOC ne vaudrait guère plus qu’un produit standardisé sans origine ni exigence » alerte le CIVB. - crédit photo : Alexandre Abellan
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n touche le fond de rayon. C’est peu dire que la colère bordelaise ne retombe pas après l’offre à 1,39 € la deuxième bouteille de vin AOC Bordeaux rouge chez Lidl de sa marque la Croix de Ceyssac (avec une réduction de 30 % par rapport à la première vendue 1,99 € du 3 au 9 juillet) et la perspective d’offres assumées chez Aldi à 1,99 € en AOC Bordeaux (en foire aux vins d’automne). Après les manifestations vigneronnes du samedi 12 juillet chez Lidl et du mercredi 18 juin chez Aldi, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) partage, dans une lettre interne ce 17 juillet, sa « réaction aux prix insultants affichés par des enseignes de grande distribution ». Alors que le prix d’équilibre d’un vin AOC Bordeaux avoisine 4,39 € la bouteille, l’interprofession souligne que ces promotions « s’inscrivent bien en-deçà des coûts de production et participent à une dévalorisation généralisée du produit vin »

Dans une lettre envoyée ce 10 juillet au président de Lidl France (John-Paul Scally), les représentants du CIVB (son nouveau président Bernard Farges et les représentants de la production, Jean-Marie Garde, et du vignoble, Philippe Tapie) affirment leur « stupéfaction » face à « un prix aussi dérisoire [qui] est une atteinte grave à la valeur de nos appellations et à la dignité de celles et ceux qui les produisent ». En réaction, « le CIVB instaurera désormais un "Prix de l'Enseigne la plus insultante pour la viticulture", visant à dénoncer publiquement les pratiques commerciales irrespectueuses » annonce la missive, pointant que « Lidl France sera sans nul doute parmi les nominés à cette distinction peu enviable ».

Double jeu

Alors que des représentants de Lidl avaient reconnu et partagé les difficultés économiques du vignoble lors de rencontres au CIVB (en avril et décembre 2024), le CIVB dénonce plus précisément un « double jeu » particulièrement « choquant » entre la promotion actuelle et le discours passé : « vous avez alors affiché compréhension et soutien à la filière, tout en vantant publiquement votre lien fort et solide avec les agriculteurs ». Alors que Lidl affirme appliquer une politique de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) pour « offrir le meilleur rapport qualité-prix à nos clients » et « garantir une meilleure rémunération de nos partenaires économiques », le CIVB dénonce une participation active « à la destruction de sa valeur par des pratiques commerciales qui méprisent le produit, son origine, et le travail des hommes et des femmes qui le font exister ». Car avec un vin de Bordeaux mis en avant à 1,39 €, « cette opération, loin d'être anodine, participe à une dévalorisation généralisée de notre produit » martèle l’interprofession, qui reproche à Lidl de laisser « entendre aux consommateurs qu'un vin AOC Bordeaux peut se brader à ce prix, alors même que nos viticulteurs peinent à couvrir leurs coûts de production, dans un contexte de crise profonde que vous connaissez parfaitement ».

Plans d'arrachage

« Le respect du vin commence par le respect de ceux qui le produisent » indiquait au président d’Aldi France (Pascal Hirth) la lettre du 18 juin dernier du CIVB (alors présidé par Allan Sichel et coprésidé par Bernard Farges), soulignant qu’« avec un vin vendu au consommateur à 1,99 € TTC […] le viticulteur se voit systématiquement rémunéré au-dessous de ses coûts de production. Cette approche participe à la dévalorisation du produit, à l’érosion de la qualité et, à terme, à la disparition pure et simple d’une partie de notre vignoble. » Venant d’arracher 18 000 hectares de vignes depuis 2023 (par plans d’arrachage primés et initiatives spontanées, sans compter les friches qui augmentent), le vignoble girondin est encore demandeur d’arrachage (au moins 5 500 ha d’après un récent sondage).

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Tous les commentaires (5)
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Renaud Le 22 juillet 2025 à 18:27:20
Messieurs Foster et Albert. On ne vit pas pas dans la jungle, la raison du plus fort ne saurait être la meilleure. Ce qui fait accepter des prix indécents à la production c'est la pression des débiteurs. Et comme chacun est seule face à ses problèmes, il essaie de se sauver avec le seul outil à sa disposition ( le prix). Le problème c'est que son problème de fait devient un problème collectif: message dissonant sur les marché et chute des cours. Alors il faut une réponse collective à ce problème?. Protéger les contrats amonts ?. Qu'attend la ministre ?
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Albert Le 18 juillet 2025 à 20:44:08
Je rejoins Foster dans son questionnement > que le filière s'intéresse à ses acteurs de l'amont qui rendent ces prix possibles .. facile de "fixer" ainsi l'éclairage sur Lidl, non ? .. si la qualité consubstantielle à la conformité "AOC" était INDISCUTABLE, on n'en serait pas là !
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Foster Le 18 juillet 2025 à 17:39:33
Une partie se joue à deux. Lidl n'a pas inventé seul ces prix ?insultants? : encore faut-il qu'un fournisseur accepte de vendre à ces conditions. Il ne s'agit ni d'un vigneron isolé venu proposer sa récolte à vil prix, ni d'un hasard du marché. Lidl a manifestement trouvé un négociant prêt à acheter des vins à des producteurs en grande détresse, puis à embouteiller à très bas coût, en compensant peut-être ses marges par la péréquation d'autres lignes. Ce genre de mécanique n'est pas nouveau, mais ce qui étonne, c'est le silence autour de cette chaîne de responsabilité. Il serait temps que les projecteurs se tournent aussi vers les acteurs de l'amont qui rendent ces prix possibles, et qui participent activement à la destruction de valeur dans la filière. Il est trop simple de désigner un distributeur quand c'est tout un système qui s'y prête.
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Albert Le 18 juillet 2025 à 07:54:34
Est-ce que tous ces ronchonneurs peuvent expliquer les raisons qui conduisent les ODG (et l'INAO) à "agréer" (reconnaître la conformité .. oui, si vous préférez !) quasiment 100% des volumes soumis au contrôle interne ? .. et conséquemment, chaque AOP se traîne une belle quantité de lots certes "labellisés" mais dont le niveau qualitatif bien maigre voire affigeant les destine au seul marché volumique accessible soit celui du "1er prix" en GD (ex : regardez ces appellations en concurrence avec les vins ordinaires, et les IGP MDD > Bordeaux, Ctx Varois, Ventoux, Costières de Nimes, etc). Alors merci aux ronchonneurs de faire passer le message à leurs ODG : que la filière arrête de se voiler la face. Mon souhait est que la filière s'efforce de redresser la barre .. il ne lui suffit plus de produire pour produire, ce serait louable qu'elle redonne du sens, voire retrouve de la vertu à cet outil qu'est l'AOC/AOP. Est-il normal, acceptable qu'on hésite autant à acheter une bouteille AOC si l'on ne connait pas le producteur, si l'on n'est pas éclairé par le macaron de tel ou tel Concours ? .. la reconnaissance AOC/AOP souffre d'être gérée de manière consanguine : on voit bien les limites d'un tel système qui s'auto-décerne son Graal.
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bill et boule Le 17 juillet 2025 à 21:53:34
Au risque de se répéter si le chat agite la queue , il peut être pertinent de se poser la question sur la raison de son comportement . Si la gd revends pas cher c est que elle achète pas cher ... Et si elle trouve à ce prix c est qu il y a des vitis au bout du rouleau qui ,le dos au mur , bradent à contre cœur leur stock de vin Souvent pour éviter la liquidation qui elle même les entraîne es caution et es mise en cause sur leurs revenus et capitaux propres y compris maison familiale les hébergeant... Tout ceci devrait être évite si les factures de ventes étaient normalement escomptees et si les stocks étaient warrantes comme par le passé par les acteurs économiques disposition d un monopole dans notre association à savoir les grands réseaux bancaires hors delubbac et themis . Selon les mandataires ce ne sont pas tant les acheteurs GD qui doivent être blames... ni les vitis vendeurs ...mais bien ces banques qui ne jouent plus le jeu alors que la lmsa se coupe en 4 , que le fisc fait de même, et que les fournisseurs vitis et oenos accordent des échéanciers ... Une fois encore, que font les banques , si ce n est se désengager à vitesse maxi ??? Quand Mme genevard va t elle se résigner à appeler m lombard pour ramener la fbf et ses membres à la raison ? Quand tout sera arraché, les vins bradés et le personnel licencié dans nos aoc , les agences bancaires auront bonne mine !!!
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