Arthur Gaubey : En préambule, je rappelle la méthodologie : nous calculons les coûts complets de production en AOC bordeaux pour trois exploitations types ? 15 ha plantés à 1,5 m, 20 ha plantés à 2 m et 40 ha à 3 m ?, et selon trois itinéraires techniques ? conventionnel, zéro herbicide et bio. Effectivement, on constate de fortes hausses. Pour une bouteille produite en conventionnel sur une exploitation de 20 ha qui a récolté 50 hl/ha, le coût de revient avant commercialisation passe de 2,54 ?/col en 2022 et 3,06 ? en 2024. Soit 20 % de hausse. Pour une exploitation de même taille en bio et qui récolte 35 hl/ha, on passe de 3,14 ? à 3,77 ?/col. C'est aussi 20 % de hausse. Et à cela, il faut ajouter 1,32 ?/col de coût de commercialisation.
Si on s'arrête à la production du vin en vrac, on observe une hausse de 12 % entre 2022 et 2024 pour le conventionnel, de 18 % pour le zéro herbicide et de 20 % pour le bio du fait de la hausse des coûts de main-d'œuvre et de mécanisation. En bio, il faut plus de main-d'œuvre qu'en conventionnel, et les rendements sont inférieurs.
A.G. : Il faut connaître ses coûts et se comparer aux autres. Sur des vignes que l'on prévoit d'arracher et qui sont conduite en guyot à plat, on peut changer de mode de conduite. La dernière année, on peut les prétailler au plus ras des lattes puis reprendre les cots. Il n'y a pas à faire tomber les bois, pas de sarments à broyer, pas baguette à attacher. C'est une forte économie de main-d'œuvre et de GNR. De même, passer du guyot au cordon permet de faire des économies.
A.G. : Effectivement, en dessous de 4,39 ?, vous ne vivez pas. Ce coût intègre celui du vin lui-même (1,66 ?/bouteille), les frais de mise en bouteille (1,40 ?/col) et le coût de commercialisation (1,32 ?).
A.G. : Oui, mais cela dépend du vignoble. Pour une exploitation de 40 ha plantés à 3 m et qui produit 100 hl/ha, le coût du vin en vrac sera de 81 ?/hl si elle a converti son vignoble en sans IG, et seulement de 71 ?/hl si elle a dès le départ planté ses vignes pour faire du vin sans IG. Cela vient du fait que dans le premier cas, il faut 95 heures de travail par hectare, contre seulement 36 h/ha dans le second.
A.G. : Effectivement, avec les petites récoltes dues aux accidents climatiques, les rendements à Bordeaux baissent. La moyenne sur les dix dernières années s'établit à 41 hl/ha tous vins confondus, mais seulement à 38 hl/ha sur les cinq dernières années, selon l'interprofession. Or, chaque hectolitre en moins par hectare, c'est 2 % de hausse du coût de production. La viabilité des exploitations passe par une meilleure valorisation du prix vin et par de bons rendements.
A.G. : C'est toute la question. Bordeaux doit se repositionner sur des prix qui permettent d'en vivre. Cela veut dire aussi redonner l'envie de boire du bordeaux, notamment aux jeunes.