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Lidl fait tomber à 1,39 € la bouteille de bordeaux : "nous pensions être arrivés au fond, certains creusent encore"
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Coûts de massue
Lidl fait tomber à 1,39 € la bouteille de bordeaux : "nous pensions être arrivés au fond, certains creusent encore"

L’enseigne défraie de nouveau la chronique vigneronne avec des promotions mettant en avant des prix déconnectés de tout coût de production à Bordeaux. De quoi scandaliser une filière qui ne veut plus se laisser faire.
Par Alexandre Abellan Le 08 juillet 2025
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Lidl fait tomber à 1,39 € la bouteille de bordeaux :
La mise en avant des petits prix de Lidl fait réagir parmi les vins de Bordeaux. - crédit photo : Alexandre Abellan
L

a bouteille de vin rouge d’appellation à 1,39 € revient chez Lidl. Après le Cotes-du-Rhône fin 2024, voici le Bordeaux : la Croix de Ceyssac, mis en avant en magasin et prospectus au prix de 1,39 € la deuxième bouteille, avec une réduction de 30 % par rapport à la première (vendue 1,99 €). Le niveau plancher ne cesse de baisser, pour le vin en vrac comme en bouteille. « Nous pensions être arrivés au fond, certains creusent encore. C’est effrayant » soupire Dominique Techer, le porte-parole de la Confédération Paysanne de Gironde, pour qui avec de telles offres « on acte qu’il n’y a plus de valeur. C’est la curée. Comment peut-on payer à ce prix la bouteille, le carton, l’étiquette… Ce sont des prix vraiment sacrifiés. Ça ne peut être qu’un produit d’appel, je ne vois que ça. »

Marque De Distributeur appartenant à Lidl, le bordeaux rouge la Croix de Ceyssac a été embouteillé par Adrien Bertaillan, une filiale du groupe Taillan, liée au négoce bordelais Ginestet. « La marque Croix de Ceyssac appartient à Lidl. L’enseigne est libre de sa politique commerciale pour un produit qu’elle fait élaborer par plusieurs prestataires » indique à Vitisphere Franck Lederer, le président de Ginestet. Lidl n’ayant pas donné suite aux sollicitations à date de publication, il reste ses déclarations de mars 2024, quand les manifestations vigneronnes ciblaient en Gironde un premier prix à 1,89 € le bordeaux rouge : « l’enseigne pratique des prix alignés sur le marché, loin d’être les plus bas constatés sur ce rayon ». Avec la chute continue des ventes et l’augmentation mécanique des stocks, « les prix les plus bas, c’est lié malheureusement à une surproduction par rapport à la consommation. Tant qu’il n’y aura pas cet équilibre, il y aura forcément des gens qui n’y arriveront pas, c’est une évidence absolue » indiquait récemment Aldi pour expliquer ses vins de Bordeaux et de Côtes-du-Rhône à 1,99 € sur la prochaine foire aux vins. Un prix presque décent par rapport à ce que met en avant Lidl…

Tout le monde perd de l’argent

« On ne peut que trouver que Lidl écrase les prix. On peut espérer qu’il le fasse de manière légale… » glisse une figure du négoce bordelais, dépité par l’ampleur de la crise qui frappe actuellement Bordeaux : « tout le monde perd de l’argent. Le négoce comme les propriétés, du vrac aux grands crus classés. Nous sommes dans une crise de surproduction que l’on a vu venir sans prendre aucune mesure suffisante. »

1,19 € le bordeaux rosé

Si le prix de 1,39 € la bouteille de bordeaux rouge choque, que dire de 1,19 € la bouteille de bordeaux rosé pointe Stéphane Gabard, le président des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur, qui rapporte cette offre datant du catalogue Lidl du 22 au 28 mai. Un bordeaux rosé Croix de Ceyssac au prix ce base de 2,99 € passait à -50 % pour la deuxième bouteille (soit 1,49 €) et pour -60 % pour les titulaires de la carte de fidélité Lidl Plus (soit 1,19 €). « Les offres sont toujours plus basses, alors qu’en réunion les représentants de la grande distribution disaient qu’ils n’iraient pas plus bas » rapporte amèrement Stéphane Gabard. Avec 1,19 ou 1,39 €, « on est plus bas que bas » pointe le vigneron de Galgon, rapportant l’indignation unanimement exprimée ce lundi 7 juillet par le bureau nouvellement constitué du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). Comme l’affirmé le nouveau président de l’interprofession, Bernard Farges« il faut encadrer les prix pour qu’ils soient rémunérateurs. S’il n’y a pas d’encadrement minimum des prix, on ne sait pas à quelle extrémité on peut arriver » pointe Stéphane Gabard. Le seuil fatidique de l’euro symbolique semblant bien proche avec un bordeaux rosé annoncé à 1,19 €…

De quoi appuyer la demande bordelaise d’évolution de la loi Egalim pour intégrer de nouveaux indicateurs pour les vins ou des prix recommandés sur le vin en vrac AOP et IGP (article 172 ter de l’OCM vin, actuellement limité aux raisins). Le négoce girondin n’ayant pas suivi le vignoble sur sa demande de prix d’orientation sur les vins bio et HVE (article 210 bis de l’OCM vin). Si la nouvelle mandature du CIVB affiche une feuille de route partagée entre négociants et viticulteurs afin de valoriser les cours, « le négoce n’est pas prêt à s’engager collectivement » réplique Dominique Techer, pointant qu’« au moment de l’élaboration du projet collectif du CIVB, les promos d’aujourd’hui étaient dans les tuyaux ».

J'aimerais une nouvelle révolution viticole

« Des bouteilles de Bordeaux bradées à moins de 3 euros, c'est non seulement indécent, c'est destructeur. Cela fait des années que nous tirons la sonnette d'alarme » réagit Didier Cousiney, le porte-parole du collectif Viti 33. Si « ce n'est malheureusement pas une nouveauté » pour le maire du Pian-sur-Garonne, il partage désormais son sentiment d’exaspération : « alors quoi faire ? Et bien rien. Car depuis l'affaire "Castel", le message est clair : celui qui ose agir s'expose, seul, face à une machine bien huilée. La peur a remplacé la révolte et le silence s'est installé dans les rangs. » Le négociant Castel Frères exigeant 100 528 euros de réparation aux deux syndicats agricoles (FDSEA et JA) et au collectif Viti 33 après la manifestation devant son siège de Blanquefort en février 2024« Je le dis aussi avec espoir, j'aimerai une nouvelle révolution viticole, une prise de conscience massive, comme en 1907, menée alors par Marcelin Albert. Parce que tant que la colère reste dans les campagnes, tant qu'elle n'être pas dans les villes, tant qu'elle ne monte pas à Paris, rien ne changera » poursuit Didier Cousiney, soulignant que « nous ne voulons pas l'aumône. Nous ne voulons pas des prix d'appels humiliants. Nous voulons simplement vivre de notre métier. Et cela est devenu aujourd'hui un combat. »

 

« Nos rencontres avec les représentants de la filière, tout comme les grandes enseignes de la distribution, n'ont abouti qu'à une impasse. Le maintien de ces prix dévastateurs au mépris de toute logique économique, sociale, humaine. Nous avons parlé rentabilité, dignité, avenir, eux ont répondu marchés, volumes, attentes des consommateurs » indique Didier Cousiney. Photo : Une manifestation du Collectif Viti 33 en avril 2024.

 

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Vivrelibreoumourir Le 11 juillet 2025 à 05:48:42
Ce vin est composé de Merlaut ?
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MG Le 09 juillet 2025 à 13:29:13
Augustin a raison ; il faut de la place et de la trésorerie en vus de la vendange.
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augustin Le 09 juillet 2025 à 00:10:58
Il faut avant tout plaindre le malheureux viticulteur qui a été contraint de brader son lot de vin à un niveau de prix misérable et tenter de comprendre son impasse. Face à un système bancaire qui ne fait pas le job une dgfip qui perd patience et une msa au bord de la crise de nerf , la pression monte en termes de trésorerie sur cet et 2025. Les prestataires et fournisseurs veulent être payés au c..du camion tandis que les acheteurs ne paient qu à la retirason mais au compte goutte.Donc ne tirons pas sur le pianiste, le prix bas est un symptôme mais pas le problème par lui même. Attaquons nous aux causes et notamment l absence de recherche de nouveaux marchés à l export et une campagne de pub indigente pour beaucoup. Sans oublier le chantier egalim jamais finaluse face à la gd et un historique compliqué avec sommeliers et cavistes , à l époque abandonnés pour satisfaire la soif du dragon chinois .Il faut aider les vitis les plus affaiblis car dos au mur la nécessité de rentrer du cash est un vilain poison.Une fois encore l argent est un maître cruel pour le nécessiteux ...et un esclave servile pour les nantis. Attaquons nous aux vraies causes de ces prix bas !
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Dominique Le 08 juillet 2025 à 18:26:36
Lidl n'écrase pas les prix. Il écrase tous les paysans, et les commerçants.
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