outeilles à petits prix et à grands bris. Ce lundi 4 novembre, de Jeunes Agriculteurs du Vaucluse, de la Drôme et du Gard se sont rendus dans les magasins Lidl d’Orange et de Bagnols-sur-Cèze pour acheter des bouteilles de Côtes-du-Rhône 2023 en promotion à -30 % : « le premier produit 1,99 €, le deuxième produit 1,39 € ». Soit 1,69 € chaque bouteille. De nouveaux prix cassés contre lesquels les producteurs rhodaniens ont protesté en cassant les flacons achetés devant l’enseigne. « Lidl casse la viticulture, on casse les bouteilles » résume Jordan Charransol, le président des Jeunes Agriculteurs du Vaucluse, qui dénonce un nivellement par le bas des prix : « une bouteille en appellation, quelle que soit l’AOC, c’est une dévaluation de l’appellation. Il y a des vins sans indication géographique à mettre à ses prix, qui ne sont pas rémunérateurs. On a payé nos bouteilles. Ça ne nous a pas ruiné. On a payé nos vins moins chers que ce qu’ils nous coûtent à produire. »
Contacté, Lidl se défend de casser le marché : « les viticulteurs ont protesté en réaction à la vente d’un vin de Côtes-du-Rhône que nous proposions à 1,99 € la bouteille (assortie d’une offre commerciale ponctuelle du 18 au 20 octobre à 1,69 € la bouteille pour l’achat simultané de 2 bouteilles*). Ce prix est positionné par rapport au marché. » Maintenant une position déjà affirmée en début d’année, l’enseigne précise que « nous ne négocions pas les vins que nous achetons : nous acceptons des offres pour dégager des volumes ».


« C’est la réponse classique des distributeurs. Nous répondre que s’ils achètent à ce prix, c’est qu’on leur vend à ce prix » soupire Jordan Charransol, pour qui « si Lidl était vraiment conscient de la crise viticole, s’ils voulaient préserver la viticulture pour le futur, il refuserait ces prix ». Appelant à dégager du revenu alors que « trop de vignerons perdent de l’argent », le vigneron estime que le prix de vente minimum pour une bouteille de Côtes-du-Rhône serait 3 €. Dans le cas du flacon en promo chez Lidl, « vu le vin dedans, la bouteille pourrait être à 4 €. Le consommateur ne se ferait pas voler. » Une valorisation que le président des JA du Vaucluse espère voir imposée avec la révision de la loi Egalim : « dès lors que l’on prend en compte le coût de production, mathématiquement on gagne plus d’argent ».
Défendant la nécessité de proposer des prix d’appel pour vendre en volumes, Lidl appelle toujours à un positionnement global des distributeurs pour que tous jouent selon les mêmes règles du marché. « Nous en appelons à l’intervention des pouvoirs publics sur la situation de la profession viticole française. Il faut que tous les acteurs se mobilisent, ensemble. C’est collectivement que la solution doit être trouvée » indique Lidl, rappelant que l’enseigne allemande « représente près de 8 % du marché de la grande distribution et ne peut, à sa mesure, porter la responsabilité de pratiques de l’ensemble des acteurs. L’enseigne propose des prix alignés sur le marché, loin d’être les plus bas constatés sur ce rayon. »


Ayant également bâché les panneaux de communes, les Jeunes Agriculteurs ont mené de nouvelles actions se voulant bon enfant. « Je ne sais pas ce que l’on va faire ensuite. C’était gentil. C’était le premier acte d’une pièce qui va continuer ces prochaines semaines contre ceux qui ne jouent pas le jeu » esquisse Jordan Charransol.
* : Se trouvant encore facilement dans des magasins cette fin octobre (ci-dessous le 28 octobre en Gironde), la promotion en question met plus en avant le 1,39 € que le 1,99 € le flacon.