rente-cinq ans, ça se fête. Alors en 2018, l’entreprise Jacques Frelin Vignobles, fondée en 1983, a sorti une cuvée anniversaire simplement nommée N°35. « Depuis, nous la proposons chaque année, indique Carole Frelin, fille du fondateur, désormais à la tête de ce négoce bio basé à Montpellier. C’est un assemblage de syrah et grenache issu d’un terroir très ensoleillé en AOP Pézenas, toujours du même producteur. »
Après égrappage, tri et macération de 15 jours, le vin est élevé sous bois, non collé mais filtré. « Il a une couleur profonde, un nez complexe d’épices et de cacao, décrit-elle. Facile à boire mais avec du corps, c’est l’idée qu’on se fait d’une cuvée anniversaire ! » Vendue en magasins bio dans la France entière, à 12 € TTC prix consommateur, la N°35 représente 7 000 cols sur le total de 2,5 millions vendus par l’entreprise. « Elle a une place à part : c’est le coup de cÅ“ur de Jacques Frelin », explique la directrice du domaine, qui fêtera ses dix ans dans l’entreprise en 2033, année du cinquantième anniversaire de cette dernière. Peut-être l’occasion de sortir une N°50, une cuvée coup de cÅ“ur qui lui serait propre.
Au domaine La Vigne Mouton, à Chissey-lès-Mâcon, en Saône-et-Loire, le nombre 35 fait référence à une pente. « Nous possédons 50 ares d’aligotés âgés de trente ans, plantés sur un sol granitique incliné à 35 %, explique Margaux Calland, installée avec Valentin Richoux sur 7,5 ha de vigne bio. C’est notre parcelle la plus pentue. Nous la travaillons manuellement avec beaucoup de plaisir, car elle offre une très belle vue ! » Et donne lieu à la cuvée Granit 35.
Depuis leur installation il y a cinq ans, cette cuvée sort tous les ans. En 2024, lorsque le gel et les attaques de mildiou ont affecté la récolte, ils ont proposé Granit 35 en pétillant naturel. « Normalement, on en fait un vin tranquille, reprend la vigneronne. On pratique des fermentations à froid assez longues, afin d’extraire un maximum d’arômes variétaux. C’est un vin assez rond, plutôt gourmand, que nous vendons aux particuliers et aux cavistes et restaurateurs. Au caveau, c’est 13 € TTC, avec un volume limité de 2 000 à 2 500 cols alors que nous produisons entre 25 000 et 45 000 cols par an, ce vin part vite ! »
À Menetou-Salon, dans le Cher, ce sont trente-cinq rangs d’un pinot noir âgé d’une soixantaine d’années qui ont donné leur nom à une des cuvées du domaine Philippe Gilbert. « Mon grand-père a planté ces rangs au milieu des années 1960, relate ce vigneron. En tout, il y a 1,22 ha. Puis mon père a ajouté 3 ha de pinots et 2 ha de sauvignon. J’ai complété avec du sauvignon, et la parcelle fait maintenant 7 ha. »
Comme son nom l’indique, la cuvée 35 Rangs ne contient que les pinots plantés par l’aïeul. Créée en 2014, elle a depuis été proposée tous les ans, sauf en 2016 à cause du gel. Le volume varie : de 1 500 cols en 2019, à 3 700 en 2022, alors que le domaine produit 110 000 cols par an en moyenne. « Quand tout est bon, on met tout le raisin, d’autres années on trie plus. C’est notre grand rouge, le plus aérien et frais. Il a un nez flatteur, très floral et mentholé. »
Conduite en bio comme l’ensemble du domaine, cette parcelle est vendangée à la main. Une macération d’une vingtaine de jours précède un élevage de dix-huit mois en fûts et cuve. On trouve ce vin à 39-40 € TTC chez les cavistes. Philippe Gilbert, qui chérit particulièrement ce témoin de son histoire familiale, se réjouit qu’il soit apprécié. « Toutefois, je n’ai pas entendu parler d’émeutes lorsqu’il n’y en a plus », plaisante-t-il.