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L’ugni blanc de demain ? 20 cépages en lice pour réduire les phytos et maintenir la typicité !
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AOC Cognac
L’ugni blanc de demain ? 20 cépages en lice pour réduire les phytos et maintenir la typicité !

Devant aboutir en 2029-2030, le programme Martell d’obtention de nouvelles variétés de vignes résistantes au mildiou et adaptées au changement climatique veut moins prendre son temps qu’en compte les attentes des vignerons charentais.
Par Alexandre Abellan Le 30 janvier 2025
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L’ugni blanc de demain ? 20 cépages en lice pour réduire les phytos et maintenir la typicité !
« La volonté de Martell est d’aller versune viticulture plus durable, avec comme objectif principale d’avoir le moins recours possible aux produits phytos » résume Julien Chadutaud, en charge des essais de développement durable de la maison charentaise. - crédit photo : Cognacs Martell
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éjà l’âge d’un VSOP. Habitué au temps long, le vignoble de Cognac aurait pu oublier qu’un programme de création variétale est en cours depuis 2016… Lancés par les cognacs Martell (groupe Pernod-Ricard), les travaux de création polygénique* menés avec le Conservatoire du Vignoble Charentais (CVC) ont permis d’obtenir 18 000 pépins isus de croisements entre cépages charentais traditionnels et variétés connues localement porteuses de gènes de résistance aux maladies cryptogamiques connues (comme montbadon, montils et Vidal), qui ont été semés et ont permis d’obtenir 8 500 plantules. Passées au crible génétique des résistances au mildiou et à l’oïdium, ces hybrides ont permis de retenir 290 individus porteurs de facteurs de tolérance des champignons pesant sur les rendements du vignoble.

« La particularité de notre programme, c’est de demander aux viticulteurs ce que serait le cépage idéal de demain » relève Julien Chadutaud, le responsable vignoble des domaines Jean Martell, notant que « dans toute la région, on voudrait se rapprocher de ce que l’on connait : de l’ugni blanc », le cépage majoritaire à plus de 98 % sur les surfaces de l’AOC Cognac. Grâce à l’observation détaillée de 400 hybrides sur une parcelle hors sol (sur une cinquantaine de critères : phénologie, port des vignes, sensibilité aux parasites, qualité de la récolte…), la sélection sur les 290 hybrides résistants a connu un coup d’accélérateur en triant les individus les plus porteurs de caractères recherchés. Un gain de temps permettant de réduire à 20 individus les candidats.

Mises en terre

Ces 20 finalistes ont été multipliés et plantés en 2024 sur de premières parcelles charentaises en conditions réelles à Galienne, en cru des Borderies (sols argileux et porte-greffe RSB1, Rességuier Sélection Birolleau), et à Ars, en Petite Champagne (sol calcaire sur porte-greffe 333 EM, 333 de l’Ecole de Montpellier). Dès le millésime 2025, « on va pouvoir commencer à récolter un peu. Ça ne sera pas significatif, mais ça donnera de premières idées » esquisse Sébastien Julliard, le directeur du CVC, qui espère pouvoir rapidement passer à l’étape des microvinifications et des distillations en microalambic (permettant de traiter un volume minimum de 2 à 3 litres de vin avec un temps de coulage et des proportions vin/cuivre identiques à un alambic d’une capacité habituelle de 25 hectolitre).

Avec ces 90 pieds des 20 accessions sur chacune des deux parcelles en plein champ, le programme rentre dans une phase plus proche des conditions de production réelles (avec un programme de 3 traitements au cœur de la saison de bouillie bordelais, phosphonate et souffre**) et dans le cycle d’évaluation officiel des nouvelles obtentions dans le cadre du dispositif des Valeurs Agronomiques Technologiques et Environnementales (VATE). Ayant tenu le coup d’un millésime 2024 à forte pression mildiou, les 20 candidats s’en sont mieux sortis que le témoin non-traité d’ugni blanc (ses pieds ayant rapidement défolié). Sont également étudiés les comportements des variétés candidates face aux parasites secondaires (comme le black-rot ou l’érinose), la facilité à la culture (phénologie, port dressé, rendement, aptitude à la distillation des vins de base et au vieillissement des eaux-de-vie…) et s’adapter au changement climatique (date de débourrement, résistance au stress hydrique, maturité…).

Resserrer l’entonnoir

« L’an prochain, on aura la carte d’identité des 20 variétés » espère Julien Chadutaud. Du moins s’il n’y a pas d’encombre, comme des aléas climatiques réduisant la récolte et l’essai à néant (gel, grêle…) prévient Sébastien Juillard. « Si tout se passe correctement, il y aura la possibilité de resserrer l’entonnoir. De 20 variétés, ou pourrait arriver à 2 ou 3 ou 4 variétés » note Julien Chadutaud, ce qui ouvrira les recherches de noms pour ces obtentions actuellement sous noms de code.

2029 à 2030

Désormais, « on a passé la grosse moitié du programme. Il reste un gros tiers avec l’exercice spécifique du VATE » estime Julien Chadutaud, rappelant que le but du programme est d’en partager les résultats auprès de tous les viticulteurs de Cognac, apporteurs ou non de Martell. La maison ne touchant pas de royalties des futures variétés sélectionnées, les redevances sur ces nouveaux cépages étant répartis entre institutionnels : Institut National de la Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement (INRAE)-Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) et CVC-Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) précise Sébastien Juillard. Ce dernier estime que l’inscription des cépages sélectionnés sera possible entre 2029 et 2030, « si tout se passe sans encombre, il faut être prudent ».

Dans l’immédiat, « on sait que l’ugni blanc fera partie du paysage [de Cognac] ces prochaines décennies. Notre projet demande 12 à 15 ans, le temps d’étendre ses résultats peut prendre 20 à 40 ans » indique Julien Chadutaud. Devant arriver à son terme à l’âge d’un XO ou d’un XXO, le programme va sans doute virer au hors-d’âge.

 

* : Travaux menés en complément de l’obtention pilotée depuis 2003 par le Bureau National Interprofessionnel de Cognac (BNIC) et ayant conduit en 2023 à l’inscription au cahier des charges de l’AOC des nouvelles variétés coutia et luminan.

 

 

** : Sans compter les trois traitements obligatoires contre la cicadelle de la flavescence dorée, maladie de quarantaine imposant un passage phyto.

 

Le budget du programme n’est pas communiqué par les cognacs Martell. Photo : CVC.

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