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+19 % en cinq ans : pourquoi les ventes de Crémants affichent une insolente progression
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+19 % en cinq ans : pourquoi les ventes de Crémants affichent une insolente progression

Les ventes de crémants ne cessent de progresser. Élaborés selon une méthode traditionnelle et vendus à des prix attractifs, ces produits ont la cote auprès des consommateurs.
Par Hélène de Montaignac Le 03 janvier 2025
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+19 % en cinq ans : pourquoi les ventes de Crémants affichent une insolente progression
Le crémant est le 1er effervescent vendu en GD. Son très bon rapport qualité-prix séduit les consommateurs. - crédit photo : Maison Guinot
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lors qu’on parle de déconsommation du vin, les producteurs de crémants n’ont pas de raison de s’inquiéter : les chiffres ne cessent de grimper, affichant une insolente progression de 19 % en cinq ans. Et ce, malgré le ralentissement dû à la pandémie du Covid en 2020. En 2023, 108 millions de bouteilles de crémant se sont vendues en France et à travers le monde. Un bond de 5,7 % par rapport à 2022 où les ventes avaient déjà progressé de 7 % par rapport à 2021. Ce succès dépasse largement les attentes de la filière qui, en 2021, pensait franchir le seuil des 100 millions… en 2025 ! Et ce n’est peut-être pas fini : « 2024 pourrait être une nouvelle année record. À fin août, les ventes dans la grande distribution française étaient en hausse de 5 % par rapport à l'année dernière, annonce début décembre Édouard Cassanet, animateur de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant (FNPEC). Nous calculerons les ventes globales début 2025. »

Huit AOC se partagent le gâteau

Même si les ventes de crémants restent très loin derrière celles du champagne (300 millions de cols en 2023) et du prosecco (616 millions), les AOC concernées ont de quoi se détendre. Elles sont huit à se partager le gâteau : Alsace, Bourgogne, Bordeaux, Loire, Die, Jura, Limoux et Savoie. En 2023, toutes ont progressé ou bien se sont stabilisées. Poids lourd de cette spécialité, l’Alsace a vendu 39,4 millions de cols, en hausse de 5 % en un an. La Loire, qui a progressé de 35 % en cinq ans, s'impose désormais au second rang après avoir vendu 26,7 millions de cols. La Bourgogne, elle, reste stable avec 22,3 M de bouteilles. Avec 10 M de bouteilles en 2023, Bordeaux connaît la plus forte croissance, avec des volumes multipliés par cinq ces dix dernières années. Un succès à modérer, les crémants ne représentant que 1 % de la production de vins de Bordeaux. Limoux avec 6,2 M de bouteilles, le Jura avec 2,7 M, la Savoie avec 386 000 cols et Die avec 266 000 cols affichent des ventes stables.

Au global, 60 % des crémants sont vendus en France. 72 % sont écoulés en grande distribution au prix moyen de 7 €, un prix très attractif comparé au champagne dont le prix moyen de vente, dans ce circuit, était de 24 €/col en 2023. 

"Le blanc rafle la mise"

Le circuit traditionnel – restauration, cavistes et vente directe aux caveaux – représente 28 % des ventes en France. La fédération nationale pense toutefois pouvoir mieux équilibrer les chiffres : « Il y a un bon potentiel de croissance chez les cavistes. Le crémant y est souvent sous-représenté, avec une offre limitée à une ou deux AOC », pointe Édouard Cassanet, qui juge que ces effervescents gagneraient à être mieux expliqués. Tout en n’étant pas dupe : « Vendre un champagne, c’est plus intéressant financièrement pour un caviste. » Côté couleur, pas de débat : le blanc rafle la mise. Les ventes de rosé stagnent depuis des années entre 15 et 20 %. 

L’autre vecteur de croissance est l’export qui, actuellement, pèse 40 % des ventes. « Les deux plus grands marchés sont les pays scandinaves et les États-Unis. Ensuite, vient l’Asie avec le Japon et la Chine. Nous avons du retard en Angleterre, où les crémants sont remplacés par le prosecco et le champagne », détaille Édouard Cassanet.

Côté export, la réélection de Donald Trump pourrait gâcher la fête : « Il y a de quoi craindre un retour de la taxe Trump avec, cette fois-ci, une extension aux effervescents. Or, les États-Unis sont notre 3e marché export, après l’Allemagne et la Belgique », lâche Olivier Sohler, directeur du Syndicat des producteurs de crémant d'Alsace. 

Des bulles de joie

Dans le contexte actuel troublé, rien d’étonnant à ce que les consommateurs cherchent à créer des moments de joie. Des bulles de joie en quelque sorte. Les crémants en profitent. « Il est le 1er effervescent vendu en GD. Les consommateurs ont intégré que son rapport qualité-prix était excellent », constate Dominique Furlan, président de la FNPEC. Chaque AOC apporte sa propre identité de terroir, de sorte que « la comparaison n’est plus faite avec le champagne. Le consommateur peut se balader dans les régions, se dire “tiens, Limoux, c’est où ? Allez je vais essayer ça !” », illustre Édouard Cassanet. Un autre atout des crémants : leur faible teneur en alcool, qui emporte la faveur actuelle des buveurs de vin. « Il garantit une teneur alcoolique de 11,5 à 12° maximum. Et un ajout de sucre maîtrisé qui fait que le produit reste frais et vif, sans effet de lourdeur », argumente le porte-parole.

Un tel succès pourrait attirer des opportunistes peu scrupuleux. Pour s’en protéger, la FNPEC brandit le cahier des charges, « très strict, ce qui a de quoi décourager ». Ainsi que le contrôle renforcé des élaborateurs, notamment à Bordeaux où « 100 % d’entre eux ont été contrôlés pour le millésime 2024, contre 90 % précédemment », glisse Dominique Furlan. Parallèlement, la fédération cherche à éviter toute confusion dans l’esprit du consommateur : « Nous avons un devoir pédagogique. Plus le savoir-faire nécessaire à l'élaboration d'un crémant sera connu du consommateur, plus il bénéficiera d’une image de qualité. » Toutefois, en dehors du concours national annuel et d’un workshop parisien après les vendanges pour faire découvrir les crémants à la presse et aux acheteurs du circuit traditionnel, la fédération nationale ne dispose d'aucun budget pour communiquer. Il revient ainsi à chaque AOC de faire mousser ses crémants.

L’Alsace joue en solo

En juillet 2023, le Syndicat des producteurs de crémant d'Alsace a claqué la porte de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémants. L’AOC n°1 du secteur s’est braquée en raison « de sujets en discussion à la fédération, dont l’Alsace n’a jamais voulu parler. Il a été question de vendange mécanique, alors que cela ne convient pas au crémant, raison pour laquelle l’Alsace a fait des efforts importants pour garantir l’intégrité des raisins jusqu’au pressoir et pour habiliter les centres de pressurage. Nous étions aussi opposés à la réduction de la durée minimum d'élevage sur lattes, lorsque ce n'était pas justifié par d’importantes pertes de vendange comme le Jura en a connu. C’est mauvais pour l’image et c’est également anticoncurrentiel », martèle Olivier Sohler, le directeur du syndicat qui n'a pris aucun contact pour revenir sur sa décision. « Le succès de nos ventes montre que l’Alsace peut s’autogérer, assure-t-il. Nous souhaitons accroître les produits de très haut de gamme, pour faire de l’Alsace le leader incontesté des crémants. » De son côté, la fédération nationale assure qu'il n'a jamais été question d'ouvrir la porte à la vendange mécanique.

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