lors que la filière vin ne parle que d’arrachage cette fin 2024, on en oublierait presque qu’une distillation de crise s’est récemment achevée. Menée en trois vagues de 2023 à 2024 avec 200 millions d’euros pour réduire les surstocks liés à la guerre en Ukraine, cette deuxième campagne* avait reçu les demandes de 3 457 vignerons, caves coopératives et négociants souhaitent envoyer 4,4 millions d’hectolitres de vins rouges et rosés à la distillerie d’après les données provisoires présentées par FranceAgriMer lors du conseil spécialisé vin du 12 juillet 2023. Une demande supérieure à la capacité budgétaire et ayant impliqué des taux de réfaction pour maintenir les prix (45 €/hl pour les VSIG, 65 €/hl pour les IGP et 75 €/hl pour les AOP, +5 €/hl pour les opérations de collecte et de distillation).
Ce mercredi 4 décembre 2024, l’établissement public a présenté de nouveaux chiffres plus précis sur la consommation de l’enveloppe dédiée (tout en restant approximatifs, faute de traçabilité statistique totale). En tout, 2,7 millions hl de vins ont été distillés, essentiellement dans le Languedoc Roussillon (48 % des volumes), l’Aquitaine (26 %) et le Sud-Est (21 % pour Vallée du Rhône et Provence). Loin derrière arrivent Sud-Ouest (4 %), Val de Loire (1 %) et Bourgogne Beaujolais Savoie Jura (1 %). Globalement, les vins à IGP Pays d’Oc comptent pour 18 % des volumes nationaux distillés et les Bordeaux rouges pour 15 % (Bordeaux et Bordeaux Supérieur).
Dans le détail
En Languedoc-Roussillon, ce sont les vins à IGP qui dominent les volumes envoyés à la chaudière : 31 % pour Pays d’Oc et 28 % pour les autres IGP. Pour l’Aquitaine, les Bordeaux rouges pèsent pour 48 % des volumes, témoignant du poids de la Gironde dans le dispositif (le département représente à lui seul 24 % des volumes nationaux), avec également le Bordeaux supérieur rouge pour 11 % et les Côtes à 10 %, quand Bergerac et Duras tombent à 4 % (quasiment autant que les 3 % de vins du Médoc et des Graves). Pour le Sud-Est, on trouve essentiellement des Côtes du Rhône (25 %), de l’IGP Méditerranée (20 %) et Pays d’Oc (19 %).
Ayant permis de vider des stocks et de générer de la trésorerie à défaut de profit, ces distillations n'ont pas permis de revaloriser les cours du vin en vrac, faute de relancé du marché.
* : Après celle de 2020 pour le covid, dotée de 250 millions € aides covid distillation (58 €/hl pour les vins de France et 78 €/hl pour les vins AOP et IGP) et stockage (aides de 4 centimes par hectolitre et par jour)