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FranceAgriMer sommé de rendre 18 000 € de "vins volés"
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Ils y tiennent
FranceAgriMer sommé de rendre 18 000 € de "vins volés"

Le ton monte pour la cave de Saint-Gely qui réclame le paiement de ses vins envoyés à la distillation mais non-réglés, comme leur degré déclaré était supérieur à celui mesuré. Un manque de souplesse administrative qui fragilise toute l'activité selon la coopérative.
Par Alexandre Abellan Le 22 novembre 2024
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FranceAgriMer sommé de rendre 18 000 € de
Une quinzaine d’adhérents représente 80 % des volumes de la cave. - crédit photo : Olivier Bazalge
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ls n’en démordent pas et réclament leur dû. Les 40 coopérateurs de la cave de Saint-Gély (450 hectares de vignes à Cornillon, dans le Gard) viennent d’envoyer une lettre intitulée « quand l’Etat français tue une cave coopérative gardoise » pour dénoncer le « vol que nous avons subi » avec le « refus d’une aide à la distillation de crise par FranceAgriMer » s'élevant à 18 200 € pour 280 hectolitres de vin rouge Pays d’Oc IGP (la compensation étant de 65 €/hl). Ayant déjà interpelé les pouvoirs publics et politiques en juin dernier, en pleine campagne des législatives, la coopérative plaide toujours l’erreur en ayant mal déclaré un Titre Alcoométrique Volumique (TAV) dans son Document d’Accompagnement Electronique (DAE). La cave ayant déclaré 12°.alc quand le contrôleur de FranceAgriMer a relevé 12,83°.alc lors de la livraison à la distillerie de Vauvert en août 2023. La marge d’erreur accepté étant de 0,5°.alc, le lot devient pour FranceAgriMer inéligible à l’aide, conformément à l’article 2.1.3 de la décision INTV GPASV 2023-43 du 6 juillet 2023. Les recours n’ayant pas abouti, les celliers de Saint-Gely veulent toujours être payés ou récupérer leurs vins (ce qui est impossible, le lot ayant été distillé).

« Notre vin a été distillé et nous n’avons pas touché un seul centime des 18 000 € qui nous étaient dus, simplement parce qu’il contenait plus d’alcool que ce qui était indiqué sur le document de transport » enrage la dernière lettre de la cave, pointant qu’avec les importantes pertes de récolte 2024 « l’avenir de certaines exploitations n’était pas radieux […] aujourd’hui, il semble scellé ». Après une première missive au ton feutré, « le temps de la diplomatie touche à sa fin, celui des courriers enrobés de miel aussi, ceux qui vont crever le feront debout, quoiqu’il en coûte » annonce la cave, avertissant que « ceux qui ont semé le malheur, eux, ne récolteront rien d’autre qu’une moisson de larmes, les conneries c’est comme les impôts, disait Audiard, on finit toujours par les payer. » Ne déviant pas de ses demandes, la coopérative adopte un ton clairement menaçant : « nous comptons bien obtenir réparation d’une façon ou d’une autre, il ne tient qu’à vous de trouver la bonne manière de régler le problème. La nôtre risquerait de faire désordre. »

Fin de non-recevoir

Contacté, FranceAgriMer indique ne « pas communiquer par voie de presse sur un dossier individuel », mais l’établissement précise à Vitisphere que « dans le contexte actuel marqué par les difficultés que rencontrent de nombreux exploitants agricoles et notamment dans la filière vitivinicole, les équipes sont pleinement mobilisées pour opérer la gestion des mesures d’aides et d’accompagnement dont FranceAgriMer a la charge, dans le respect de la réglementation et des modalités mises en place en concertation avec les représentants professionnels. Cela est et reste notre priorité. » Président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, Jérôme Despey ne cache pas sa déception face aux blocages sur ces demandes de souplesse : « je ne comprends pas qu’une solution n’est pu être trouvée. J’ai tout fait pour rattraper les dossiers concernés avec un refus du ministère au vu des règles communautaires. » D’autres dossiers similaires ayant été retoqués par FranceAgriMer. Interpellée par la coopérative de Saint-Gely pour lui régler ses vins distillés à Vauvert, l’Union des Distilleries de Méditerranée répond que « ce dossier concerne un litige entre la cave et FranceAgriMer dans lequel l’UDM n’a pas vocation à prendre parti ».

On peut être très inventifs

En somme, « il n’y aucune avancée pour nous rendre les vins volés » grince Baptiste Caffarel, le vice-président des celliers de Saint-Gely et auteur des courriers validés par le conseil d’administration. Pour le jeune viticulteur, actuellement étudiant, « le temps des courriers est fini. On a fait de la diplomatie gentille, qui n’a pas permis d’avancer. Si vous ne voulez pas régler le dossier, on le réglera. On peut être très inventifs si l’on n’a pas de solution » dans les trois semaines. Pour ces actions à venir, « il faut rester les pieds sur terre. On ne va tuer personne. Je ne vais pas faire de la prison pour 18 000 € ! » désamorce Frédéric Deville, le président de la cave, ajoutant qu’« on ne menace personne, on montre un gros problème administratif français. Si on avait voulu truander, on aurait coupé nos vins à l’eau pour en envoyer plus à la distillerie. »

Alors que la crise viticole frappe, le viticulteur gardois pointe le désarroi des coopérateurs : « avant je ne comprenais pas que l’on me demande si j’avais des idées noires. Mais quand tous les jours vous avez des relances, des mises en demeure, des contrôles… Les idées noires viennent. » Déclarant que sa coopérative n’est pas en risque de cessation de paiement, son président note qu’« avant cette crise, on faisait un chiffre d’affaires de 1,2 million €. Les 18 000 € non versés représentent des frais de fonctionnement supplémentaires que l’on ne verse pas et qui fragilisent les coopérateurs. Notre petite structure est un château de cartes. Petit à petit ça s’effondre. » Une fragilité qui va croissante, alors 10 % des surfaces apportées à la cave vont s’arracher avec l’aide à 4 000 €/ha. Face à l’impasse administrative actuelle, Frédéric Deville reste ferme : « le voleur, ce n’est pas nous. »

 

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