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L’ONU du vin à la croisée des chemins
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Année du centenaire
L’ONU du vin à la croisée des chemins

Les défis ne manquent pas pour les 100 ans de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin. Le point avec son directeur, le docteur John Barker à quelques jours de l’inauguration de son nouveau siège à l’hôtel Bouchu d'Esterno à Dijon où se tient le 45ème Congrès Mondial de la Vigne et du Vin et son assemblée générale, le tout coïncidant avec une conférence ministérielle sur les grands enjeux de la vitiviniculture mondiale.
Par Sharon Nagel Le 11 octobre 2024
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L’ONU du vin à la croisée des chemins
Le directeur de l’OIV, le Dr John Barker, vise à positionner l’organisation pour le siècle à venir en s’assurant qu’elle apporte une réelle valeur ajoutée à la filière - crédit photo : OIV
L
e 29 novembre 2024 marque les 100 ans de la signature du traité qui a porté création de l’Office International du vin. Le rôle de l’OIV a-t-il changé en un siècle ?

Lorsque l’OIV a été fondée, c’était dans le contexte de deux grands enjeux : la fraude et la prohibition. Le fil conducteur qui continue de nous guider aujourd’hui porte sur la manière dont les fondateurs ont priorisé la science et la coopération pour aider le secteur à aller de l’avant. Evidemment, l’organisation elle-même est très différente parce que nous sommes passés de 8 à 50 membres. Nous avons également élargi le champ de nos actions pour y inclure les raisins et d’autres produits de la vigne en plus du vin. Les caractéristiques du secteur et certaines problématiques ont changé mais au fond, l’engagement de l’OIV en faveur de la science et de la collaboration pour aborder les enjeux du secteur est toujours aussi important au sein de l’Organisation.

 

Vous avez déclaré 2024, « Année internationale de la Vigne et du Vin », considérant qu’il s’agit d’une belle opportunité pour augmenter la visibilité de l’OIV. Avez-vous réussi votre pari ?

Je pense que cela a été une belle réussite, notamment pour ce qui est de renforcer le rayonnement de l’OIV dans les plus hautes sphères. En tant qu’organisation intergouvernementale, nous intervenons souvent au niveau ministériel. Nous avons donc été partie prenante d’une conférence ministérielle à Brescia en Italie, qui était en quelque sorte le prélude à celle qui se tiendra à Dijon d’ici quelques jours. Il s’agit de mettre en valeur l’Organisation, mais aussi d’attirer l’attention vers les enjeux auxquels est confronté le secteur. Cet aspect très important a été une réussite. Nous avons également diffusé et mis en exergue nos travaux de manière beaucoup plus large sur les réseaux sociaux à travers, par exemple, une belle campagne intitulée « 12 Mois, 12 Résolutions ». Il y a eu aussi un timbre édité par la Poste française.

 

Cet automne, l’Hôtel Bouchu deviendra le nouveau siège de l’OIV, plaçant la Bourgogne à l’épicentre du monde du vin au niveau international. Tout un symbole…

Nous allons, en effet, rejoindre ce magnifique hôtel particulier qu’est l’Hôtel Bouchu. En tant que bâtiment historique, il est lui-même un beau symbole de traditions. J’aime penser au fait que cet édifice a été construit l’année même où les Européens découvraient la Nouvelle-Zélande, mon pays natal ! La rénovation de l’Hôtel est splendide et l’édifice illustre les deux aspects de cette année : la tradition et l’histoire d’un côté, puis de l’autre un regard porté vers l’avenir. Il y a aussi la présence de l’OIV dans une région viticole, tout près du sujet qui nous concerne, où le concept de terroir – notre domaine de prédilection – est palpable. Sans parler de l’aspect économique, où l’on constate la manière dont le vin peut apporter de la valeur ajoutée à une économie régionale. Ce sont tous des exemples importants réunis dans cette région.

 

Cette année, l’OIV organise des formations sur des sujets très pratiques comme la transformation digitale ou la gestion durable des sols et de l’eau. L’OIV souhaite-t-elle intervenir de façon plus concrète que par le passé ?

Oui. Les formations ont véritablement débuté sous mon prédécesseur, Pau Roca. C’est une belle façon de créer des passerelles, de donner de la visibilité à certaines de nos activités et de nous assurer qu’elles apportent de la valeur. Le changement climatique est une thématique de premier plan, comme l’est la gestion des sols et de l’eau, et notre collaboration avec le CIHEAM à travers cette formation est très pertinente. Les formations ampélographiques sont également très intéressantes car il s’agit d’une science qui avait quasiment disparue mais qui, en réalité, complète à merveille nos travaux sur le patrimoine génétique de la vigne. Nous disposons d’un patrimoine extrêmement diversifié et il est indispensable de pouvoir identifier et comprendre ce patrimoine de manière à apporter une réponse au changement climatique.

 

Ce 13 octobre aura lieu une conférence ministérielle à Dijon. De quoi sera-t-il question ? Quelle est son importance pour l’OIV ?

Je ne peux pas prédire la teneur des discussions car elles sont internes au niveau ministériel. En revanche, pour ce qui est de l’OIV, nous espérons y voir une véritable réaffirmation par les ministres de leur engagement en faveur de l’Organisation et du secteur, de même que la reconnaissance de certains défis et opportunités auxquels le secteur est actuellement confronté. Pour notre part, cet engagement nous apporterait un véritable élan au moment où nous abordons un nouveau siècle d’existence.

 

A l’occasion de la 22ème Assemblée Générale de l’OIV un nouveau président doit succéder à Luigi Moio. Quels sont les candidats à sa succession ?

Le mandat du président de l’Assemblée Générale et du comité exécutif dure trois ans, non renouvelables. Le président actuel, le professeur Luigi Moio, est un professeur en œnologie de renom en Italie. Cette année, nous avons un candidat à sa succession. Il s’agit d’Yvette Van Der Merwe, la responsable des South Africa Wine Industry Information & Systems en Afrique du Sud. Evidemment, il s’agit d’une élection mais nous espérons qu’elle se déroulera sans encombre.

 

A l’occasion de l’Assemblée Générale, l’OIV présentera son nouveau plan stratégique 2025-2029. Quels en seront les axes majeurs ?

Notre principale ambition à travers ce plan stratégique est de positionner l’OIV pour le siècle à venir car nous sommes à un tournant dans l’histoire de l’Organisation et une période de transition pour le secteur. La priorité est de mettre l’accent sur certains enjeux clés à travers nos travaux, et de nous assurer que nous apportons une réelle valeur ajoutée. Nous devons être sûrs que l’OIV dispose des structures et des processus pour y parvenir. Quant aux sujets prioritaires, il s’agit des enjeux de filière que sont, par exemple, le changement climatique et le développement durable, le dialogue avec les consommateurs de demain, les échanges commerciaux, le vin et la société. Nous allons réfléchir à ce que l’OIV peut accomplir dans cet univers, là où d’autres ne pourront pas.

 

Le thème du Congrès mondial de la vigne et du vin portera sur l’innovation. Dans quels domaines le secteur peut-il continuer à innover et quel rôle devra jouer l’OIV dans la mise en pratique de ces innovations ?

Pour ce qui est de l’innovation produits, la question est très intéressante. Nous avons assisté à des innovations qui, dans une certaine mesure, sont toujours en cours de discussion au sein de l’OIV, comme la désalcoolisation. Il y a toujours une tension entre le caractère fondamental du produit issu de la fermentation de raisins frais, et ce qu’on peut faire en termes d’innovations produit. Je suis certain que nous assisterons à des innovations à l’avenir mais nous disposons aussi de cette belle diversité qui nous permet de proposer des profils séduisants pour les consommateurs. Le packaging est également source d’innovations. Historiquement, c’est un domaine que nous n’avons pas abordé au sein de l’OIV mais que nous avons inclus dans notre plan d’avenir.

 

L’OIV se penche sur un projet de résolution portant sur la spécificité des vins désalcoolisés et partiellement désalcoolisés. Où en sont les discussions ?

L’OIV a commencé à se pencher sur la désalcoolisation il y a fort longtemps. En 2012, nous avons préparé des recommandations sur les pratiques à utiliser pour élaborer ces produits et leur définition. Ces éléments ont globalement été repris plus récemment par la réglementation européenne. La discussion actuelle porte sur la nature des additifs : ce que l’on met dans le vin désalcoolisé ne devrait pas différer de ce que l’on met dans un vin standard. Le débat me paraît important car on parle bien de la nature et de l’identité du produit. Il montre aussi l’importance de l’OIV où on peut concilier discussions scientifiques et celles plutôt philosophiques. Pouvoir en discuter au niveau international relève d’une grande importance.

 

Le secteur du vin subit une crise mondiale. Quel regard l’OIV porte-t-il sur les solutions pour la surmonter ?

L’une des contributions de l’OIV dans le contexte international actuel consiste à collecter les données. Les données mondiales avec lesquelles les différents acteurs analysent la situation actuelle proviennent de l’OIV. Deux tendances internationales se dessinent : les incertitudes au niveau mondial, les inquiétudes financières et l’inflation ont sans aucun doute touché le secteur et la consommation, en faisant augmenter les coûts d’un côté et diminuer le pouvoir d’achat de l’autre. Bien sûr, je n’ai pas de boule de cristal pour prédire l’avenir, mais il s’agit d’un phénomène passager et non pas d’un aspect structurel du secteur. Dans le même temps, nous assistons à une baisse de la consommation, plutôt progressive et précipitée ces dernières années par les incertitudes que nous connaissons.

Mais cette tendance n’est pas homogène : la consommation de vin rouge a baissé de manière significative dans les pays européens traditionnels et en Chine, mais les vins blancs, les effervescents et dans une certaine mesure les rosés augmentent beaucoup. Nous vivons indéniablement une période de transition en matière de goûts et d’attentes des consommateurs. Mais, historiquement, la consommation de vin dans les années 90 était plus faible qu’aujourd’hui, les échanges mondiaux sont passés d’une quinzaine de pourcent autour de 2000 à 45-50% à l’heure actuelle et le vin est désormais consommé dans 154 pays. La diffusion de la production est telle qu’elle permet, à tout le moins, de contrebalancer les risques inhérents au changement climatique. Comparé aux autres productions agricoles, le vin est en avance en matière de développement durable et il bénéficie d’une réelle authenticité, donc il y a beaucoup de choses qui sont encourageantes. Le secteur du vin est très résilient.

 

La décennie qui a vu naître l’OIV est aussi celle de la Prohibition aux Etats-Unis. Dans le climat prohibitionniste actuel, quel rôle l’OIV peut-il jouer ?

De notre point de vue, cette question va au-delà du vin et de la santé pour englober la place du vin dans la société. L’OIV joue un rôle scientifique et technique et ne s’implique pas dans les politiques ou la politique. En revanche, notre rôle est de collecter les données scientifiques, de les mettre à la disposition de nos membres, de les publier et d’être sûrs que nous disposons de données objectives sur ces questions. Comme nous avons une vision globale du produit, nous avons une vue d’ensemble et pouvons y incorporer le contexte social de la consommation mais aussi la contribution économique du secteur, sa valeur ajoutée au niveau des économies régionales, du tourisme etc. Nous ne nions pas les problèmes sanitaires et devons les inclure également car ils sont très importants.

 

Enfin, au moment où l’OIV entame son deuxième siècle, quels devraient être les marqueurs de son avenir ?

Tout d’abord, nous voulons augmenter le nombre de nos membres. Nous voulons nous assurer que, en tant qu’organisation mondiale, nous englobons l’ensemble de la famille vin. Nous voulons renforcer nos capacités. Dans notre plan stratégique, nous avons proposé des « pensées créatives » et sans limites pour rapprocher les gouvernements du monde de la vigne et du vin. Parmi les exemples, citons la création d’un observatoire du développement durable. Pour le moment, nous en sommes loin mais il s’agit d’un objectif ambitieux pour le secteur. A mon sens, il serait très important que, dans le monde entier, le secteur sache et comprenne la valeur de l’OIV en tant qu’organisation à laquelle il peut s’adresser en cas d’adoption de telle ou telle pratique ou de besoin d’outils en matière de développement durable, par exemple. Nous pouvons y répondre. Aucune autre organisation ne peut rivaliser avec l’OIV à ce niveau-là.

 

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