e l’inimitié dans l’unanimité ? Source de bien des tensions, le conseil d’administration du 18 mars dernier du syndicat des producteurs de vin pays d’Oc IGP réunissait 16 présents et 6 excusés (dont 5 ayant donné leur pouvoir de vote). Dans l’extrait certifié conforme consulté par Vitisphere, il apparaît que l’élection du président n’a pas fait un pli : seul candidat, le président fondateur Jacques Gravegeal a reçu la totalité des 21 voix (sans abstention, ni vote contre). Exprimant une stratégie différente, pour ne pas dire une vision opposée notamment sur l’arrachage*, Martial Bories, viticulteur héraultais et fil rouge des contestations viticoles aux alentours de Béziers (de l’opération des caddies de Noël aux manifestations devant Castel et Grands Chais de France), et Gérard Bancillon, viticulteur gardois et président de la fédération des vins IGP, ont exprimé de nettes oppositions politiques par la suite.
Proposant, comme l’indique le PV, un « nouveau bureau de cohésion » le 18 mars, qui écartait notamment Gérard Bancillon du poste de secrétaire, Jacques Gravegeal a reçu 20 voix pour et une abstention (celle de Gérard Bancillon), soit un bureau adopté à la majorité des votes. Le renouvellement de ses représentants pour siéger au sein de la Confédération des Vins IGP de France écartant Gérard Bancillon, a reçu 19 voix pour et 2 contre (Gérard Bancillon et Martial Bories). Ponctué par la visite de viticulteurs remontés, ce conseil d’administration du 18 mars semble avoir déclenché une succession d’évènements. A commencer par la visite matinale du domicile de Jacques Gravegeal le 6 avril à Campagne (Hérault, village dont Jacques Gravegeal est le maire) par des vignerons voulant s’expliquer (et indiquant avoir saisi une invitation à échanger du président de Pays d’Oc lors de la rencontre du 18 mars).
Poursuivis pour « introduction dans le domicile d’autrui à l’aide de manœuvres, menace, voies de fait ou contrainte », deux viticulteurs ont été relaxés ce 16 juillet par la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Montpellier. Dont Benjamin Bories, fils de Martial Bories, disant être allé à 6 heures au domicile de Jacques Gravegeal pour lui parler avant la journée de travail aux vignes, car « c’est l’un de nos représentants, on crève et on demande des explications sans violence et sans hausser le ton ». Son père siégeant au conseil d’administration, il aurait pu lui demander directement les explications de ses votes grince un connaisseur de l’ODG. Sollicité, Martiel Bories répond qu'il ne veut « pas la place de Jacques Gravegeal, mais qu’il écoute et qu’il soit conscient que la situation est catastrophique ».


Autre conséquence de ce conseil d’administration décidément décisif du 18 mars, le retrait à Gérard Bancillon de son mandat de Pays d’Oc auprès de Vin IGP n’a pas conduit à son départ de la présidence de la confédération nationale (il y a même été réélu par le truchement des IGP du Gard). Ce maintien, malgré les pressions politiques et juridiques**, aura conduit le premier vin IGP de France à claquer la porte de la fédération nationale (Pays d’Oc comptant pour 62 % des volumes de vins IGP). Une décision de « retrait volontaire avec effet immédiat » actée lors du conseil d’administration du syndicat Pays d’Oc IGP le 26 avril dernier. Sur les 15 membres présents et 5 absents ayant donné un pouvoir, ils sont 19 à voter pour (dont Gérard Bancillon, ayant donné son pouvoir) et un à s’abstenir (Martial Bories, indiquant au procès-verbal « qu’il ne vote pas mais qu’il s’abstient »).
Dans ces deux assemblés, on aura connu oppositions plus affirmées. Mais avec des votes à main levée, la démocratie peut être biaisée indique un autre proche de Pays d'Oc, notant que l'état d'esprit y est désormais à l'apaisement et à la pacification... En espérant une réintégration au sein de la confédaration nationale ? À noter que Gérard Bancillon et Martial Bories « sont toujours administrateurs du Syndicat des Producteurs de Vins Pays d'Oc IGP contrairement à ce qui a pu être dit » indique l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG).
* : Gérard Bancillon voit dans l’arrachage un outil inévitable, pour détruire les 6 millions d’hectolitres de vins excédentaires pesant sur les stocks français, quand il faut d’abord diagnostiquer des différences commerciales interdépartementales du Languedoc pour Jacques Gravegeal, dont le syndicat avait ouvert un débat détonnant début 2024 renversant la surproduction en sous-commercialisation.
** : L’ODG Pays d’Oc citant les articles 2003, 2004 et 2005 du Code Civil pour estimer que « le mandat prend fin par la révocation du mandataire ou par remplacement du mandataire par un autre, et tout mandant peut révoquer sa procuration quand bon lui semble ». Ainsi qu’une « jurisprudence constante et intangible de la Cour de Cassation du 25 octobre 2005 » qui valide pour le syndicat « le principe de libre révocation des mandats, en matière de confédération syndicale ».