lors que les annonces d’aides conjoncturelles et structurelles se précisent pour la filière vin, Gérard Bancillon, président de la fédération des vins à Indication Géographique Protégée (IGP), note qu’« une marche est franchie » pour soutenir le vignoble, mais il s’inquiète d’une crise de très court-terme : « le marché des vins rouges est très tendu. En fait, il ne se passe rien. Il y a très peu de réservations. » Que ce soit en IGP ou sur des appellations, la tendance est au calme plat : « il y a très peu de réservations pour de nombreuses caves coopératives qui ont besoin de payer leurs acomptes. Il faut que les bons signaux soient donnés. » Espérant que le fonds d’urgence doté de 80 millions € soit bien élargie aux caves coopératives et exempté du plafond des minimis, le viticulteur gardois se montre vigilant sur les effets d’annonce : pour fonds d’urgence 80 millions d’euros quelle application des minimis et quel accès aux caves coopératives : « il ne faut pas qu’il y ait 80 millions € annoncés pour que seuls 20 millions € soient utilisés… Il faut que cela puisse profiter à un maximum de vignobles. »
De même pour l’arrachage temporaire négocié à Bruxelles (2 500 €/ha sur 8 ans), qui pourrait devenir définitif pour 100 000 hectares en surplus (à 4 000 €/ha, potentiellement avec une possible obligation de diversification agricole). « Il faut rester vigilant sur les modalités de mise en œuvre. 4 000 €/ha est déjà un prix de misère. Si FranceAgriMer débarque avec son GPS pour enlever 15 % des surfaces à cause des tournières ou retirer des manquants, il ne restera plus rien des 4 000 €/ha » prévient Gérard Bancillon. S’appuyant sur les conclusions du groupe de travail "équilibre offre et demande" du plan de filière, le président de Vin IGP note qu’il faudrait moins parler de 100 000 ha à arracher, que de 6 millions hectolitres de vins à retirer du marché en anticipant la poursuite de la déconsommation. « Le risque est de privilégier les surfaces qui ne produisent pas aux volumes qui pèsent » prévient le viticulteur du Gard, qui note le poids persistant des stocks sans marché.


« 5 millions hl vont peser sur le marché cette année. Pour réussir, il faut rapidement les enlever avec des dérogations sur les utilisations industrielles (comme le bioéthanol). Les marchés sont bloqués, faute de signal et de visibilité du négoce. Si l’on ne fait rien, dans deux mois ce sera la catastrophe sur tous les marchés » indique Gérard Bancillon, optimiste dans des avancées rapides si l’exécutif en a la volonté. « D’après ce que l’on a compris, l’arrachage pourrait être mis en œuvre très rapidement. Il y a 10 jours, on ne pouvait rien faire budgétairement et réglementairement… Quelqu’un s’est transformé en Harry Potter et a pris sa baguette magique. On a appris ces derniers jours que tout est possible » grince Gérard Bancillon.