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"Arracher 100 000 ha de vigne va changer les paysages. Ce n’est pas de la rigolade"
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Stéphane Héraud
"Arracher 100 000 ha de vigne va changer les paysages. Ce n’est pas de la rigolade"

Désormais dotée d’un plan d’aides conjoncturelles et structurelles, la filière vin peut se projeter sur les prochains mois explique Stéphane Héraud, le président de l'Association Générale de la Production Viticole (AGPV) et de l’union coopérative Tutiac (Bordeaux).
Par Alexandre Abellan Le 06 février 2024
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« Le décret sur le GNR est déjà passé, là, on ne peut que saluer la vitesse d’exécution » pointe Stéphane Héraud. - crédit photo : Alexandre Abellan (archives Wine Paris 2023)
A
près des mois, voire des années, d’attente, le traitement gouvernemental des demandes d’aides à la filière vin s’est accéléré d’un coup grâce au contexte national de grogne agricole. Quel est votre bilan des dernières annonces ?

Stéphane Héraud : La première chose très positive, c’est la cohésion entre agriculteurs qui est apparue. Chacun vivait la crise depuis des années dans son coin. La misère du monde agricole est incroyable, ça ne tiendra plus, et on n’installe plus personne. La deuxième, c’est le retour très positif par la population qui a une très bonne image de nous. Sur les dernières annonces, il y a celles nationales qui vont se mettre en œuvre rapidement au niveau des préfets (avec des réunions départementales organisées ce début de semaine) et il y a toutes les mesures spécifiques viticoles qui sont en grande partie liées à l’OCM (Organisation Commune de Marché vitivinicole) et à l’Europe qui vont demander plus de temps.

Sur la partie France, c’est le fonds d’urgence qui va être mis en place très rapidement, avec les mesures pertes de récolte (mildiou, sécheresse… sur 20 % de la perte de récolte 2023 par rapport à la meilleure récolte 2018-2022, de 5 à 20 000 € normalement avec les minimis) et prise en charge des intérêts bancaires avec le décalage d’un an de toutes les annuités de toutes les exploitations viticoles (ça coince encore pour le négoce de structure viticole et les caves coops, les coopérateurs n’étant aidés que sur les investissements d’amont, pas ceux de sa coopérative dans la vinification).

Pour les mesures plus structurelles, l’arrachage temporaire/la restructuration différée, le système permettra de déposer un dossier de restructuration pour arracher et reconvertir un vignoble, ce qui existe déjà, sauf que je touche la prime à l’arrachage dès maintenant, et non à replantation, que cette prime est augmentée à 2 500 €/ha, et qu’il y a prolongation de 5 à 8 ans pour la replantation. Si je ne replante pas, en le décidant dès maintenant, je touche une prime complémentaire de 1 500 €/ha grâce aux 150 millions € débloqués par l’État pour l’arrachage définitif. Et je perds mes droits de plantation. C’est la nouveauté annoncée vendredi par le ministre de l’Agriculture. Aujourd’hui, la négociation avec la Commission Européenne porte sur ces éléments, dont l’obligation de diversification et le sujet de la fin d’activité (pour ceux en fin de carrière). Mais comme la crise est européenne (ça bouge partout), la Commission va faire bouger des lignes beaucoup plus vite qu’aucun représentant de la filière ne l’a jamais vu. Nous sommes assez confiants sur la mise en place rapide de toutes ces mesures.

 

Quand on parle de 100 000 ha quittant la production, ça rebat totalement les cartes du vignoble français…

Sur 750 000 ha, c’est énorme.

 

On entend certaines zones viticoles, de Bergerac aux Corbières, qui seraient vidées de leurs vignobles à 5 000 €/ha de primes d’arrachage et où l'on craint des déserts…

Il est sûr que cela va cogner fort sur certaines zones. Arracher 100 000 ha de vigne, ça va changer les paysages. Ce n’est pas de la rigolade.

 

Avec ces annonces, peut-on devenir modérément optimiste pour l’avenir à court-terme de la filière vin, notamment à Bordeaux ?

Les aides peuvent avoir un effet, mais s’il n’y pas de reprise de la commercialisation et de la valorisation, ça ne tiendra pas. Nous sommes dans un moment crucial : les mesures de crise sont à peu près claires et Bordeaux revient en force. Pour le salon Vinexpo Paris (12-14 février), il va y avoir une nouvelle communication comme jamais alors que nous avons des volumes de qualité correspondant à nos marchés. Nous avons une production 2023 de qualité, inférieure à ce que l’on vend, ce qui reste de 2022 est très bon et ce qui restait de 2021 a été nettoyé par la distillation. Maintenant, il faut positiver et arrêter de parler de la crise.

 

Le plan de filière doit piloter cette transition : après le traitement de choc, assurer la rémission.

Nous le présenterons ce mardi au ministre de l’Agriculture, avec toutes les mesures réfléchies depuis un an : gestion du potentiel, mesures commerciales… Sur les 650 à 700 000 ha qui restent, il ne faut pas que dans un an on se repose la question d’en sortir 100 000 de plus si l’on ne fait rien.

 

Avec votre casquette de président de l’union coopérative Tutiac, comment appréhendez-vous la réduction des surfaces de vos adhérents par rapport au dimensionnement de vos outils de production et de commercialisation ?

Pour Tutiac en particulier, aujourd’hui on fait 5 400 ha. On va avoir 400 ha d’arrachage sanitaire, qui ne produisaient pas 20 000 hl. Si aujourd’hui j’accepte tous les adhérents qui veulent rentrer chez moi, je fais plus que compenser les potentiels 10 000 hl perdus. Ce n’est pas un sujet. Il y aura peut-être des caves coopératives en France qui pourraient avoir un problème complémentaire d’une telle perte de surfaces que leur diviseur de coût n’est plus là. En Gironde, les caves coop qui auront ce problème en ont beaucoup d’autres. Ce n’est pas un déclencheur.

 

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Tous les commentaires (5)
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Vigneron Le 06 février 2024 à 18:03:58
Beaucoup de vignerons vont faire faillite et on s'alarme sur le paysage ! Cela exprime bien le désintérêt des gens qui ne sont plus là pour défendre leur terroir, leur patrimoine. La France s'américanise à voir le nombre de restaurants avec un grand M ! La production de gros volume type cave coop n'est plus la solution. Mieux vaut produire de la qualité et savoir le vendre. Il faut peut-être réviser ses techniques de vente et de production!
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Voltaire Le 06 février 2024 à 10:55:38
Nos vins Français sont ils appréciés par les consommateurs Français. Ne préfèrent ils pas un sauvignon Australien ou un chardonnay Californien , ou un Assyrtiko ou un Albarino. Au lieu de sauter sur l arrachage ne faut-il pas changer nos cépages et nos procédures de vinification. Depuis plus de 15 ans on dit et on répète que les vins de Bordeaux n ont pas de marché et ne sont plus appréciés par le consommateur. Au lieu de trouver des productions type huile d olive, amandes etc adaptons notre vignoble à la demande du consommateur. Les organismes viticoles doivent évoluer sérieusement et arrêtent de bloquer toute initiative de viticulteurs qui essaient de s adapter à la demande. L arrachage est synonyme de faillite de notre profession et nous allons laisser la place à nos concurrents
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dumas Le 06 février 2024 à 09:35:56
La viticulture est dans la nasse. Elle a beau se débattre elle est prise au piège d'un marché qui s'effondre depuis 1980. L'organisation en ilôts comme le suggèrent les analyses de LACCAVE,DRAAF,FranceAgriMer, l'INRA,SupAgro... est d'une urgence absolue. Artracher pour arracher n'a aucun sens s'il n'y a pas réorganisation à marche forcée de la filière. Le marché ne reprendra pas d'autant que tout en europe concoure à sa fin. (campagnes antialcoolique, déconsommation croissante...). Le drame et que rien n'est proposé en remplacement de cette monoculture désormais sans marché, alors qu'existe une demande (45000t) nourrie par l'importation (l'Amande). Pourquoi?..Veut-on la fin de la viticulture? Qui?.
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Ouiouiisnotdead Le 06 février 2024 à 06:32:52
Hola, que tal
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augustin Le 06 février 2024 à 05:38:17
bonjour à tous je reviens sur cette interview du président agvp. hélas et pour ce qui concerne Bordeaux peu d opérateurs partagent son enthousiasme apparent concernant la reprise potentielle. En effet le trio magique des millésimes 18 19 20 en bouteilles est tres loin d avoir été destocke et on le trouve abondamment à la propriété et dans les chais du négoce bordelais .Ce stock tampon va être la priorité 2024 et ensuite il faudra s atteler au trio suivant à savoir 21 22 23 mais c est une toute autre histoire. Les cours continuent à baisser notamment en Médoc ou les petits châteaux vendent à 2 euros ht et les poids moyens aux alentours de 7 à 8 ...Et ce n est pas le message civb de ce jour qui sera rassurant, puisqu il reconnaît ne pas disposer d une solution pour garantir un niveau de revenu pour ses viticulteurs adhérents Pas un mot semble t il sur la réforme de la cvo , ni sur le retablissement de la synergie entre négoce et petits châteaux , sans oublier la nécessaire application de la loi Egalim ,(pourtant relancee à Bordeaux il y a peu par un adhérent volontariste et reconnu ) devenue depuis grande cause nationale ... Par contre retour du civb sur arrachage distillation et campagne de pub : espérons surtout que vinexpo paris sera un succès , notamment en préparant une sortie en primeur du millésime 2023 sur des prix réellement marchands et distributifs.Il faut relancer la demande des pros sur des bases saines, comme un bon vin à un prix décent et sans risque de mauvaise surprise au niveau de sa distribution . Les recettes sont simples et la chaîne de valeur grands domaines / petits châteaux/ négoce/ distribution doit être reconstituée rapidement ...les banques suivront une fois leur confiance re établie soyons en sûrs.
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