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"Arracher c’est accepter de laisser des parts de marché à la concurrence"
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Disruptif
"Arracher c’est accepter de laisser des parts de marché à la concurrence"

Deux économistes du vin estiment l'arrachage des vignes passéiste et inadapté au marché. Pour eux, c'est la baisse de l'offre qui a entraîné la chute de consommation et de demande. Ils pensent que l'argent de l'arrachage serait mieux utilisé dans la promotion des marques et la création de valeur pour la production.
Par Olivier Bazalge Le 25 janvier 2024
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Fabrice Chaudier et Jean-Marie Cardebat ont plaidé contre l'arrachage du vignoble - crédit photo : O. Bazalge
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n ange est passé… Alors que la salle était remplie d’acteurs de la filière en phase avec les demandes d’arrachage différé, et même définitive du côté du Gard, une phrase, et son idée sous-jacente, ont suspendu le temps au cours de l’assemblée générale du syndicat des vins IGP Pays d’Oc le 19 janvier. « L’arrachage n’a jamais marché car réduire l’offre, c’est accepter de perdre des parts de marché », a lancé le consultant en commerce et marketing des marchés viticoles Fabrice Chaudier. Aux côtés du professeur d’économie à l’université de Bordeaux Jean-Marie Cardebat, les deux intervenants animaient la table ronde de cette AG. Au préalable, ils avaient même affirmé que « c’est le manque de vin », à cause d’une sous-production structurelle mondiale, « qui freine la reprise de la consommation mondiale ».

Jean-Marie Cardebat soutient en effet qu’à l’échelle macro-économique, « la causalité statistique est directe entre production et consommation de vin, c’est une loi économique économique classique à laquelle le marché du vin obéit ». Soulignant le décalage temporel entre cause et conséquence, l’économiste bordelais explique que c’est la production de vin d’il y a deux à trois ans qui est actuellement consommée sur le marché. « Or cette production suit une baisse tendancielle depuis 2017, entraînant en conséquence la baisse de consommation que nous connaissons », appuie Jean-Marie Cardebat. Dans la logique qu’il développe, il explique que « les éléments conjoncturels peuvent s’améliorer si l’offre est maintenue en face ».

La solution est à trouver au niveau du marketing, pas de l’amont

Arracher ne serait donc pas la solution, car « ça ne marche pas, ni à court ni à moyen terme », appuie encore Fabrice Chaudier, qui rappelle que cela entrainera mécaniquement « moins de ventes pour des frais de production et des frais commerciaux qui vont s’accroître ». L’arrachage ne serait donc qu’un « traitement social d’une crise de l’amont », selon Jean-Marie Cardebat, une façon passéiste d’apporter des réponses « alors que la solution est à trouver au niveau du marketing, pas de l’amont ». Et donc plutôt orienter la manne financière dévouée à de l’arrachage vers « la préservation de la capacité d’adaptation de la production au climat, aux marchés et la création de valeur » à travers l’idée de marque d’origine des vins de Pays d’Oc.

Après la présentation, une partie de l’auditorat a pu se montrer stupéfaite, parfois même abasourdie par le postulat proposé, même si les solutions de segmentation ont pu séduire. Si beaucoup estiment les idées de création de valeur autour de la marque d’origine et la segmentation intéressantes pour l’avenir, la résolution du problème urgent apparaît bien loin de ces considérations macro-économiques. « On se demande s’ils ont déjà eu à vendre une bouteille de vin dans leur vie », glissait un président de cave, quand un autre estimait l’intervention totalement hors-sol. « S’il faut 4 ans pour mettre en route une telle stratégie, la moitié de nos adhérents n’aura pas survécu à la crise d’ici-là. Allez expliquer de tels raisonnements à des gens qui galèrent avec 800€/mois, alors qu’ils attendent des solutions rapides et des perspectives de sortie dignes pour les plus anciens », rappelle-t-il. Ce que confirment les appels de viticulteurs à rejoindre les cortèges d’agriculteurs en colère en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine.

 

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Tous les commentaires (7)
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Fabrice Chaudier Le 01 février 2024 à 09:18:01
Tout d'abord, nous ne sommes ni des donneurs de leçon, ni des faiseurs de miracles : notre but est de permettre la réfléxion en se basant sur des données et des chiffres. Quand j'accompagne des vignerons (comme VigneronsdeRions), je ne prétends pas réussir à tous les coups : j'essaie sur le temps long de trouver des solutions individuelles pour se connecter au marché qui est porteur et devrait permettre à tous les vignerons de vien vivre de leur travail. Les lacunes sont collectives tant il manque une stratégie. Je suis à la disposition de chacun pour discuter et tenter d'aider, sans polémique et sans anonymat (je remarque que les commentaires sont signés sous pseudo ce qui ne facilite pas le dialogue).
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Médocon Le 01 février 2024 à 08:30:39
C'est typiquement le discours que nous a tenu l'ancien président de l'ODG Médoc pendant 15 ans et qui nous a planté. Le but est de recueillir le plus de cotisations possibles
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DARIUS Le 30 janvier 2024 à 12:31:25
Ce ne sera pas la première fois ni la dernière que l'on verra des professeurs d'université sortir de si énormes bêtises. C'est tellement surprenant de bêtise que l'on est en droit de se demander qu'est ce qui a pu motiver de telles déclarations? Est ce la volonté de se faire remarquer? Est ce destiné à favoriser certains metteurs en marché qui souhaitent perpétuer le déséquilibre offre demande? Tout ceci est dérisoire et affligeant
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Evin Le 29 janvier 2024 à 09:00:18
Ce qui manque ce sont des consommateurs de vin ! Seul l'arrachage peut rééquilibrer le marché . Les vins de pays d'Oc ne servent pas à vendre du vin mais à prélever des cotisations pour faire vivre une poignée de profiteurs sur le compte des autres. L'histoire va bientôt s'arrêter là pour vous, il était temps, bon débarras !!!
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VigneronsdeRions Le 26 janvier 2024 à 19:17:44
C'est quand même très provocateur dans la situation actuelle, mais surtout ce qu'ils n'abordent pas c'est la rentabilité des exploitations. Il manque peut être de vin, mais surtout il manque de gens qui le paie le bon prix... Celui qui permet de rémunérer le travail. J'ai travaillé avec Fabrice Chaudier, il a des idée, mais moi je dois être trop bête parce que malgré ses très bon conseils je n'ai pas réussi dans la voie qu'il donnait. Pour Monsieur Cardebat, j'aimerai aussi travailler avec lui pour comprendre de qu'il veut dire et comment il voit les choses pour sortir de la crise. Toujours en gardant à l'esprit ces 2 choses parmis d'autres que mon grand père m'a apprises, 1 c'est que les conseilleurs ne sont pas les payeurs et 2 qu'il faut travailler à l'école parce que ce qu'on a dans la tête personne ne peux nous le prendre... (et vous n'aurez pas ma liberté de penser)
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François Legouy Le 26 janvier 2024 à 13:13:49
Cette idée qu'arracher les ceps de vignes ne résout pas les problèmes de fonds et que tout ha de vignes arraché laisse de la place à la concurrence n'est pas nouvelle. Les économistes de l'UMR Moïsa de Montpellier l'avait déjà énoncé en leur temps, cela va faire plus de 10-15 ans. C'est en partie vrai, mais en partie seulement. Car en même temps, la temporalité des besoins en trésorerie des exploitants n'est pas le plus souvent synchrone à des périodes de vaches maigres qui peuvent s'allonger dangereusement pour la survie de ces mêmes exploitations. Ce qui est vrai, par contre, c'est que les opérateurs qui s'en sortent le mieux dans la crise actuelle sont ceux qui exportent une proportion notable de leur production pour pallier à la baisse de la consommation nationale et européenne. Et parmi ces heureux exportateurs, les négociants sont évidemment les mieux placés puisqu'ils exportent environ 80% des vins depuis la France, vins français et étrangers au passage... Aussi, une des clefs pour se sortir de la crise actuelle est effectivement d'investir dans le marketing et la promotion sur les marchés extérieurs, afin d'aider les exportations à aborder plus efficacement la concurrence... Parmi les exportateurs étrangers les plus efficaces, il faut également regarder du côté des Italiens, ou comment l'alliance de leur gastronomie grand public est en accord avec des vins moyens de gamme qui sont loin d'être extraordinaires (Prosecco et cie...)
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Debout Le 25 janvier 2024 à 08:18:11
Complètement hors sol et totalement faux , non il ne manque pas de vin dans le monde, bien au contraire de l'Australie au Chili en passant par l'Espagne et la France les caves et cuves sont pleines. Ces intervenants n'ont effectivement jamais vendus une bouteille de vin, ce sont des vendeurs de conseils en cartons tous cela payé ( grassement ) avec nos cotisations profesionel et nos cotisations de formations .
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