our ses 10 ans à la présidence du syndicat AOC Côtes de Provence, Éric Pastorino dévoile une stratégie 2025-2030 pour assurer le succès de la première appellation des vins rosés avec une multitude projets. Comme « engager une réflexion sur la notion de prix moyen pour sortir de la tendance du prix unique, et pour informer sur l’orientation de la gamme des prix dès le début de la campagne » indique le plan stratégique, qui évoque une segmentation de gamme en « socle, premium et super-premium » pour valoriser les qualités différentes. Autre piste d’adaptation : « consolider et développer la production et la notoriété des vins des dénominations de terroir, dans l’objectif de leur reconnaissance en cru » à partir de Dénomination Géographique Complémentaire (comme Sainte-Victoire). Plus inattendue, la proposition de « rédiger un cahier des charges permettant la reconnaissance des effervescents en appellation ». Alors que la sécheresse a marqué des millésimes récents, le syndicat souhaite « permettre l’irrigation de 20 000 hectares de vignes à 2035. Le syndicat est engagé sur le projet depuis 2017. Un réseau sur Pierrefeu vient d’être mis en eau, des projets dans le haut Var sont également à l’étude. » D’autres projets concernent la R&D du Centre du Rosé, la protection juridique du nom Provence sur les marchés…
Mais dans l’ensemble, « l’appellation a toujours réussi à s’adapter, cela a toujours été la force des Côtes de Provence : ensemble les producteurs réinventeront leur modèle provençal » pointe Éric Pastorino dans son discours d’assemblée générale, ce 13 juin. Rappelant que « notre appellation a connu ses dix dernières années un développement exceptionnel, tant sur sa reconnaissance en tant que leader incontestable du rosé que sur sa valorisation économique que beaucoup nous ont enviée », le président de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) note que « le contexte inflationniste que connait le monde depuis l’année dernière ont mis un coup d’arrêt à notre développement. La France viticole connait une crise majeure. Certains vignobles n’ont que la solution d’un arrachage massif pour rééquilibrer l’offre à la demande. » Loin de devoir envisager de telles extrémités, la Provence préfère se doter de nouveaux outils pour affronter l’avenir.


« Nous vivons incontestablement une conjoncture inédite et très particulière, ne favorisant pas la consommation » note Éric Pastorino, qui appelle à une stratégie posée et structurante. Et condamne d’avance tous les « comportements opportunistes. Nos exploitations ne doivent pas être une valeur d’ajustement pour conforter les marges des uns et des autres. Le syndicat des Côtes de Provence travaillera dans les prochains mois aux coûts de production que représente la vinification d’un hectolitre de côtes de Provence. » Président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Provence (CIVP), Éric Pastorino plaide pour des synergies entre négoce et production : « il est temps de travailler à la création de ce système provençal qui permettra de projeter notre vignoble vers les enjeux de demain ». Avec « l’image et la notoriété de notre appellation » (protégée par un service juridique mis en place sous sa présidence) et « le cap sur notre engagement agro écologique » (avec le projet "Terre Apara" dédié à la vie des sols), Éric Pastorino répète sa confiance dans l’avenir et « les 10 ans à venir. Je tiens à vous rassurer j’aurai transmis le flambeau. »
Le syndicat se dote ainsi d’une section "jeunes viticulteurs" (ceux de moins de 40 ans) et veut se structurer (avec une fédération, les Coteaux d’Aix en Provence sont déjà intéressés), ainsi que se distinguer (« des appellations périphériques aux vins de Provence restent uniquement représentées par leur ODG. Il existe une confusion entre elles et les 3 appellations "Vins de Provence" » pointe le syndicat).