êtant ses 20 ans ce 9 juillet au château Sainte-Roseline (Les Arcs, Var), le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence (CIVP) pourrait pour la première fois reconduire à sa tête son président sortant : le viticulteur Éric Pastorino (qui préside l’AOC Côte de Provence depuis 10 ans). Faute de candidat du collège des négociants à date, il n'y aurait pas d’alternance production/négoce pour ce mandat 2024-2027 explique Jean-Jacques Bréban, le président de la fédération régionale du négoce des vins et spiritueux de PACA.
Si la position du négoce doit encore être finalisée, « on ne peut pas forcer les gens à être candidats et il est de plus en plus compliqué d’avoir des personnes participant aux instances. Et je les comprends, si l’on ne s’implique pas ça ne sert à rien » pointe Jean-Jacques Bréban, qui ne souhaite pas être candidat, ayant déjà réalisé trois mandats interprofessionnels : « à un moment donné, il faut passer la main à une nouvelle génération. Mais je vais rentrer à nouveau au bureau du CIVP et je souhaite que le négoce ait la première vice-présidence. » Le négoce devant encore acter sa positoin, l'option de la continuité tient la corde alors que de gros dossiers interprofessionnels sont en cours (notamment pour le nouveau Centre du Rosé) et que la collaboration entre les deux familles reste fructueuse (malgré une situation commerciale se tendant).


En attendant l’AG du 9 juillet, le probable candidat à sa succession Éric Pastorino pointe que la nouvelle mandature aura du pain sur la planche : les vins rosés sont certes moins touchés par la déconsommation que les rouges, mais ne sont pas épargnés. Météosensible, la consommation de rosés de Provence pâtit de mois de mai et de juin maussades en 2023 et 2024 pointe le probable président reconduit, qui appelle « à poser les valises et travailler la place que le vin aura dans une société aux attentes différentes. La question ne se pose pas qu’en Provence, tout le vignoble est concerné. Le problème est que l’on n’a pas encore suffisamment d’études précises pour discerner le conjoncturel du structurel. »
Dans cette conjoncture morose, particulièrement attentiste, Éric Pastorino pointe le souhait interprofessionnel de mettre en place une réserve interprofessionnelle sur les trois appellations provençales (Côtes de Provence, Coteaux d'Aix-en-Provence et Coteaux Varois en Provence). La proposition sera soumise au vote ce 9 juillet, ayant été validée préalablement par les trois Organismes de Défense et de Gestion (ODG). Le rendement de 45 hl/ha en Côtes de Provence serait par exemple assorti d’une réserve de 10 hl/ha qui aurait la particularité d'être précaire, étant soumise à déclassement ou destruction au bout de 18 mois (une proposition en attente de validation du ministère de l’Agriculture, afin de prendre en compte la fraîcheur nécessaires aux vins rosés).


Défendant une réserve interprofessionnelle avec « une clause de sauvegarde », Jean-Jacques Bréban pointe que « si l’on n’arrive pas à vendre tout ce que l’on produit en rosés, on sera rapidement dans le rouge. Une réserve met une partie de la vendange de côté et si elle n’est pas débloquée au bout de deux ans, il y a déclassement ou destruction pour éviter que le volume ne pèse. Actuellement, des stocks de rosés sont remis sur le marché à petit prix. Je le dis aux vignerons : ça fait du mal à tout le monde. Quand on dégrade l’image du rosé, on n’arrête plus la descente après. » Jugeant que la filière du vin de Provence est « touchée, mais pas coulé », le négociant appelle à ce que « la production et le négoce passe cette vague difficile ensemble. S’ils ne vendent pas, nous non plus. »