omme on n’est jamais mieux défendu que par soi-même, alors qu’un nombre croissant de bouteilles de vin s’affranchit de capsules et coiffes, le premier groupe producteur de ces surbouchages lance un pavé dans la mare en déclarant qu’« une étude scientifique démontre le rôle protecteur des capsules et coiffes sur les bouteilles de vin et d’effervescent » en constituant « un bouclier hygiénique efficace contre la transmission de bactéries et de moisissures » (avec un test utilisant Escherichia coli, Staphylococcus aureus…). Pas de quoi convaincre ceux ayant abandonné la capsule. Des soucis que n’a jamais rencontré Morgane Le Breton, responsable marketing de Maison Le Breton (Hérault), et ce malgré « 70 % de nos bouteilles vendues n’ont plus de capsule aujourd’hui ». Se passant de surbouchage sur ses entrées de gamme, elle rapporte que « nos clients particuliers y voient un témoin de notre engagement, et nos distributeurs en Europe une façon pour eux aussi de s’engager auprès de leurs consommateurs. Par souci esthétique, nous avons fait le choix d’une collerette dans la même matière que notre étiquette. »
« Nous avons bien sûr des retours d’expérience sur les vins sans capsules, et des retours qui ne posent aucun problème » explique le négociant languedocien Jacques Frelin, président du négoce éponyme qui propose des cuvées sans capsule depuis plus de deux ans. Avec 820 000 bouteilles commercialisées annuellement, ces vins sans surbouchage représente 35 % des ventes du négoce pointe Carole Frelin, responsable commerciale, citant les gammes les Terrelles, Roc des Seigneurs et Hérisson Malin (avec à venir la cuvée Le Soleiller et La Marouette). Figure des vins bio du Sud de la France, Jacques Frelin ajoute que « les normes permettent de se passer de capsules, d’ailleurs si ce n’était pas le cas, comment ferait tous les conditionnements sans capsules de surbouchage ? » Jacques Frelin citant les capsules à vis, les canettes, les bières, les bouteilles PET et PVC de boissons diverses et variées : Coca etc.. En somme, « nous n’avons rien inventé ! » s’exclame le négociant, notant que « s’il y a des bactéries ou/et des moisissures sur le goulot, comme partout dans l’air ambiant, il faut, comme recommandé, y compris pour une bouteille avec capsule, essuyer le goulot avant le service. »


« L’idée d’une bouteille n’est pas de la boire au goulot (dans ce cas les canettes ou même la bière seraient problématique car il n’y a pas de surprotection) » poursuit Lauren Beau, l’œnologue des vins Jacques Frelin, pour qui « il n’y pas de risques pour les agents pathogènes telles que les bactéries. Il faut savoir que les bactéries telles que Escherichia coli ou Staphylococcus aureus ne survivent pas dans un milieu acide comme le vin, donc il n’y a pas de risques de développement de ces germes. » La vinificatrice ajoute que « le vin contient de l’alcool, ce qui assainit le milieu de tout agent pathogène. Il contient de plus des sulfites dans la plupart de cas (rôle antiseptique) et son potentiel redox est faible (peu de présence d’O2 ce qui limite le développement des germes). Concernant les moisissures, la barrière physique du vin est le bouchon. Qui n’a jamais dégusté une vieille bouteille recouverte de moisissures dans la vinothèque de grand domaine prestigieux ? La moisissure restant en surface, il n’y a aucune raison qu’elle altère le vin car c’est le rôle même du bouchon… »
Une récente étude allemande (de Geisenheim) conclut justement que si la capsule de surbouchage peut former une barrière/un ralentisseur contre la migration de composés exogènes/de micro-organismes, la barrière la plus efficace pour la protection du vin reste le bouchon de liège. Cette étude se trouve être cofinancée par le leader portugais du bouchage Amorim… Mais « Amorim Cork n’a joué aucun rôle dans l’interprétation des données ou dans la décision de publier les résultats de ce travail » préviennent les chercheurs. On n’est jamais mieux défendu que par soi-même.