n lançant sa gamme de bouteilles de vin adaptées au réemploi pour le réseau Biocoop, le négoce de vins bio languedociens Jacques Frelin ne se limite pas à la réutilisation de ces contenants, il va plus loin dans la réduction de son impact environnemental en supprimant les capsules de ces cols. « Les laveurs ont un souci à enlever les capsules. C’est également un matériau complexe qui, même s’il est biosourcé, n’est pas recyclable. Nous avons opté pour la suppression » explique Magali Weiss, la responsable marketing de Jacques Frelin Vignobles (3 millions de cols commercialisés/an).
« Les capsules ne sont pas recyclable, c’est un déchet pur. Je sais que c’est compliqué, mais j’appelle à se passer de capsules » confirme Anne-Claire Degail, la gérante du collecteur de bouteilles Oc’Consigne, lors d’une conférence sur le salon Millésime Bio. Commercialisant actuellement 60 000 cols de cette gamme Hérisson Malin (en merlot et sauvignon blanc), le négoce prévoit une troisième cuvée (Terrelle, 15 000 cols) dont la bouteille sera réemployable et sans capsule. Prévoyant à terme un million de cols consignés et sans capsule, l’opérateur languedocien répond à la demande des « magasins Biocoop qui veulent multiplier les emballages à usage multiple et réduire ceux à usage unique » explique Magali Weiss. Se concentrant sur le marché français bouteilles consignées, cette approche sans capsule pourrait se décliner à l’export : avec des réflexions d’autant plus concrètes qu’il y a actuellement des tensions d’approvisionnements et de prix sur les capsules. « Ce serait une solution » glisse Magali Weiss, soulignant qu’administrativement, se passer de capsule, « ce n’est pas si difficile ! »


Depuis juin 2019, les vins français n’ont plus l’obligation d’apposer la Capsule Représentative de Droits (CRD, ou Marianne) sur les capsules de bouteilles de vin commercialisées en France. Devant s’acquitter des droits de circulation, les opérateurs doivent fournir à leurs expéditions un Document Simplifié d’Accompagnement Commercial (DSAC). « Les gens n’aiment pas trop en faire au départ, mais quand on prend l’habitude de ce fonctionnement, il y a des choses bien plus complexes qui sont demandées aux opérateurs du vin » note Magali Weiss, pour qui « ce n’est pas bloquant. C’est à faire pour chaque transporteur. Et pour le consommateur, le ticket de caisse fait office de document d’accompagnement. »
Se passer de CRD, « c’est plus de paperasse et ça pose des enjeux logistiques » appuie Mickael Alborghetti, à la tête du jeune négoce EthicDrinks (Bordeaux), qui souligne ne jamais avoir utilisé de capsules (ayant un engagement zéro plastique). Pour le négociant bordelais, la capsule n’a qu’un intérêt : cacher le bouchon, cet opercule n’ayant pas d’impact technique (sur l’hermétisme, l’oxydation…).
Surcoût
Inscrivant son absence de capsule dans le cadre d’un réemploi des bouteilles, cette initiative représente un surcoût pour le négoce Jacques Frelin. « C’est encore cher comme les bouteilles sont plus lourdes et qu’il est obligatoire d’utiliser de la colle lessivable pour avoir des étiquettes décollables. Il faut être motivé pour le faire » note Magali Weiss, évoquant un surcoût de 25 centimes par bouteille.