près les vendanges, les fournisseurs de matières sèches du vignoble avaient l’habitude d’une période calme avant le retour progressif des commandes. Résolument inhabituelle, l’année 2021 ne laisse pas de répit aux industriels alors que les tensions sur les matières premières se généralisent et touchent les caisses en bois, les bouteilles en verre, le sucre… Et les capsules pour le vin. « Le phénomène est inédit, on ne l’a jamais connu. C’est la première fois que nous sommes confrontés à de telles hausses de l’ensemble des matières premières » souligne Isabelle Gruard, la directrice marketing du groupe Sparflex (rattaché au groupe italien Enoplastic), leader international pour le surbouchage, basé en Champagne (coiffes, muselet…) et à Hendaye (pour vins tranquilles).
Qu’il s’agisse d’étain (indexé mondialement) ou d’aluminium (avec des prix révisés), « on avance à l’aveugle. Il n’y a plus aujourd’hui de garantie possible sur les prix. On ne peut plus prévoir de tarifs à la commande, on facture à l’expédition » pointe Loïc Daydé, président de Sofacap (groupe espagnol Ramondin), qui revendique le leadership français sur les capsules en complexe et en étain (et le titre de challenger pour les capsules à vis). Au doublement du prix de l’étain en un an et à la hausse de 70 % du cours de l’aluminium s’ajoutent les augmentations des prix du gaz, de l’électricité, du carton, de la main d’œuvre… Ce qui se répercute sur les prix de vente : + 6 à 8 % ont été annoncés en mai par Sofacap, qui prévoit une nouvelle augmentation en novembre. Des hausses inédites sur un marché aussi concurrentiel.


Ayant augmenté ces prix de vente ce milieu d’année, Sparflex indique répercuter les augmentations de tarif de l’encre, des films de marquage à chaud, de l’énergie, des palettes, des cartons, des salaires revalorisés… « On pensait que les hausses du début d’année sur l’aluminium et le polyéthylène (PET) étaient une bulle spéculative liée aux ruptures d’approvisionnements liées à la crise sanitaire. Mais ça devient pérenne : ces tarifs s’installent en dur » ajoute Christophe Mendez, le directeur général France du groupe Sparflex.
Dans tous les cas, l’acceptation par les clients vignerons et négociants est ardue. « Il y a deux écoles. Ceux qui se couvrent et sont sereins en termes de trésorerie. Ceux qui attendent de meilleurs prix, mais sont déçus par les tensions croissantes. Le risque existe qu’à force d’attendre, il y ait un bouchon. Ce que l’on voit sur les coiffes où l’activité était arrêtée et d’un coup c’est l’euphorie pour préparer la fin d’année » analyse Loïc Daydé, également représentant des capsuliers au sein du Syndicat National des Articles Métalliques et de Leurs Dérivés (SNAM). Cette explosion des demandes pour les vins effervescents cause des ruptures.
Comme pour les fils de muselet indique Christophe Mendez , déplorant des « ruptures d’approvisionnement sur certaines couleurs. Nos fournisseurs ne sont pas capables de trouver de nouvelles quantités de fils de machine. Nous subissons des ruptures. » Plus globalement, la question de la pénurie se pose pour le directeur de Sparflex, qui note la forte demande sur l’aluminium : « aujourd’hui, il y a suffisamment de matériel pour répondre à lz demande d’après les experts, mais la demande asiatique peut créer une rupture. Nous avons déjà des délais de 4 à 6 semaines selon la matière et l’aspect. »
S’il est difficile de se projeter pour ces grands industriels, les perspectives restent difficiles à court-terme. « Nos fournisseurs indiquent un niveau fort de tensions au moins jusqu’au premier semestre 2022 » avance Loïc Daydé, pour qui « le marché va pousser à la consolidation. La masse d’achat va faire la capacité de rebond que l’on espère pour le deuxième semestre 2022 ».