ême en Provence, le coup de mou se fait sentir. Pendant cette édition 2024 de Wine Paris, le directeur général du CIVP (conseil interprofessionnel des vins de Provence) Brice Eymard explique en préambule que les sorties de chais ont reculé de 9 % pour les vins de Provence en 2023, avec des retraits volumiques de 10% en grande distribution et 13% à l’export. Ces baisses sont même plus importantes que pour la catégorie rosé dans son ensemble, « dû au positionnement plus premium de nos vins, alors que les catégories IGP affichent une meilleure résilience, avec des prix plus accessibles ». Le directeur du CIVP attend la poursuite de cette tendance en 2024, « à cause de l’évolution de la démographie et des comportements de consommation ».
Brice Eymard rappelle néanmoins le poids croissant pris par l’export pour les vins de Provence, « 40 à 45% de nos débouchés aujourd’hui contre 5% il y a une dizaine d’années ». A l’inverse, la proportion de vins de Provence écoulés en grande distribution est maintenant passée sous les 25%, actant la mutation du positionnement des vins rosés de Provence sur les marchés. « Nous sommes passés de la plus grande région de rosés centrée sur le marché français à une proposition premium ventilée sur une bonne dizaine de marchés », synthétise le directeur du CIVP.


Quelle sera donc l’évolution des vins et du vignobles provençaux dans un tel contexte ? Le président du CIVP Eric Pastorino (dont le mandat prend fin début juillet 2024) confirme l’ambition de l’interprofession de maintenir les efforts à l’export. Et face à ce contexte d’incertitude de marché, d’évolution du marché et du climat, le président de l’interprofession reconnaît que « nos vignerons peuvent se sentir un peu désarmés ». Face aux difficultés, le président du CIVP « ne veut rien s’interdire » pour l’avenir des vins de Provence, entre travail sur la désalcoolisation, la vie des sols pour limiter les besoins en eau, ou les expérimentations d’autres cépages. La baisse des rendements décidée en 2023 par l’ODG des côtes de Provence est également un outil mis en avant par Eric Pastorino, « pour ne pas alourdir les stocks ». Le projet de réserve interprofessionnelle reste également dans les tuyaux pour ajuster l’offre des vins de Provence. « Nous travaillons sur cette réserve pour être en mesure de la mettre en œuvre cette année, et ne pas rester avec le seul levier de baisse des rendements à l’approche de la récolte », précise le président du CIVP.
La question de la diminution des surfaces de production, via les mesures d’arrachage différé ou définitif, n’est donc pas à l’ordre du jour dans l’interprofession provençale. « Notre production équivaut à environ 1 million hl, 4% de la production mondiale de vins rosés. Nous n’avons donc pas à gérer un énorme potentiel mais plutôt faire en sorte que le développement de l’export concoure à commercialiser ces volumes », relance Brice Eymard. Jamais en relâche d’optimisme, Eric Pastorino compte d’ailleurs bien sur un élan lié aux jeux olympiques cet été pour apporter encore de la dynamique au marché des vins rosés de Provence.