ans un contexte aussi inflationniste qu’incertain, le recul des ventes de vin semble généralisé en grande distribution, à l’export, chez les cavistes… A contre-courant, la vente directe performe cette fin d’année : « le circuit B2C se porte bien grâce au lien direct établi avec les consommateurs » indique Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, tirant un bilan positif des cinq salons pour le grand public organisés cet automne (Clermont-Ferrand, Lyon, Reims, Lille et Paris) : +12 % de visitorat et +10 % de chiffre d’affaires. Si les paniers moyens sont en repli sur un an, les volumes achetés sont plus élevés, témoignant d’un arbitrage entre pouvoir d’achat et célébration de fin d’année.
De bons chiffres qui « confirment la confiance des consommateurs dans les vins d’artisans » pointe Jean-Marie Fabre, notant une robustesse du label des Vignerons Indépendants : « dans un moment de crise, le consommateur a besoin de valeurs refuges. Il investit dans le lien à l’artisan, la relation humaine. Notre marque est un gage de réassurance : le lien humain ne se dément pas. » Autre tendance positive, les moyennes d’âge restent jeunes les week-ends, alors qu’elles sont plus élevées la semaine de ces salons.


Face à cette validation du positionnement identitaire des Vignerons Indépendants, leur président appelle à la résistance : « il faut résister, mais aussi innover et créer. Créer c'est résister. Résister c'est créer » martèle-t-il, citant l'Appel des Résistants aux jeunes générations de 2004. Les bonnes performances B2C de la fin 2023 permettent aux Vignerons Indépendants d’adopter un état d’esprit offensif pour 2024, en confirmant la feuille de route suivie depuis 2022 : « nous maintenons nos demandes au gouvernement sur les trois points de résilience : la consolidation économique (et des trésoreries avec les aides PGE, fonds d’urgence, etc.), la capacité à prévenir le changement climatique (et ses aléas : gel, grêle, sécheresse…) et la conquête de parts de marché à l’export (création d’un ambassadeur dédié, plan de communication international…). »
Alors que la question de la réduction du potentiel de production prend de plus en plus de place dans les réflexions entourant le plan de filière, Jean-Marie Fabre souligne « la nécessité de calibrer l’offre de la production face aux capacités commerciales n’est pas un tabou. Mais il ne faut pas se tromper d’objectif. Il ne s’agit pas de réduire la production, mais d’améliorer la valorisation. Il s’agit d’arriver à un juste prix, qui soit supérieur au coût de production pour assurer un avenir aux vracqueurs. » Dans un contexte aussi inflationniste qu’incertain, ce serait une avancée certaine.