i gouverner c’est prévoir, produire du vin c’est planifier. Et les excès climatiques du millésime 2023 alertent sur la capacité du vignoble à encaisser les excès d’eau, qu’il s’agisse de pluviométrie trop importante ou trop faible, du mildiou dans le grand Sud-Ouest à la sécheresse sur le littoral méditerranéen. Dans les Pyrénées Orientales, l’Aude et l’Hérault, « il ne pourra pas y avoir 2 à 3 autres millésimes comme ça sans perdre 20 à 40 % des surfaces et producteurs » prévient Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France. Notant le déploiement d’aides aux trésoreries pour les départements ravagés (exonérations de cotisations MSA, suspension de TFNB…), le vigneron de Fitou maintient sa demande de création d’un dispositif sécheresse aval à court terme et porte le projet d’une structuration à moyen terme de la résilience climatique du vignoble*.
Enfonçant ce clou depuis des années, le président des Vignerons Indépendants explique qu’il ne faut plus perdre de temps : « il y a une urgence climatique dans le secteur viticole en particulier, et agricole en général. On ne peut plus prendre le temps d’attendre, il faut des outils de prévention. » Jean-Marie Fabre en appelle aux ministres de l’Agriculture, Marc Fesneau, et de la Transition écologique, Christophe Béchu, pour protéger l’avenir de la production viticole. Pointant qu’en n’agissant pas immédiatement « on mettra en place des dispositifs trop tard, avec des pertes de surfaces et d’entreprises », sa proposition repose sur un état des lieux des dispositifs existants et actuellement mobilisables pour les comparer aux besoins afin de prioriser et renforcer les outils.


Le deuxième volet est l’application rapide aux territoires agricoles arrivant dans une impasse climatique : « je suis demandeur d’une phase test sur le pourtour méditerranéen : pour les viticulteurs et autres agriculteurs. Conformément aux paroles du ministre de l’Agriculture. Il faut dès le début 2024 que les premiers coups de pelles permettent d’élargir l’accès à l’eau. » Le vigneron soulignant que l’« on vient de faire les vendanges 2023, il faut se préparer aux aléas de 2024 : au printemps le gel et la grêle… et même les excès d’eau de l’hiver… »
* : Sans oublier la « nécessité de renforcer notre conquête à l’export. Pour être visible, devenir un réflexe d’achat des consommateurs dans le monde » indique Jean-Marie Fabre.