l’occasion de l’assemblée générale de sa fédération départementale, le 8 juin, le président des Vignerons indépendants de l’Aude Alexandre They n’a pas manqué de rebondir sur le sujet de la distillation de crise pour adresser un tacle appuyé à un négoce peu favorable à cette mesure. « Je suis dubitatif d’entendre des metteurs en marché opposer cette distillation à des budgets de prise de parts de marchés à l’export », pose-t-il, avant de poursuivre, « ces opérateurs viennent à présent nous expliquer tranquillement que c’est leur manque de compétitivité, de vision et de performance qui doit être soutenu ! Et ce, au détriment de cette mesure de distillation qui vient justement rééquilibrer une situation qu’ils ont contribué à générer ».
Si les vignerons indépendants ne seront pas les structures qui feront le plus appel à cette mesure, leur président audois la défend fermement, « face à la nécessité de régulation conjoncturelle de l’offre ». Il prévient néanmoins « qu’elle n’existera plus, c’est une réalité », et appelle donc à mettre d’urgence en place « tous les outils de structuration » qui permettront de ne plus jamais avoir à évoquer une possibilité de distillation. « Tous les outils d’information et de tendances des marchés doivent être facilement accessibles aux vignerons, de façon régulière, afin de ne plus produire des cuvées qui finissent par être distillées », tranche-t-il, en appelant à la responsabilité des interprofessions, qui doivent fournir aux vignerons « des analyses factuelles des changements de modes de consommation, ainsi que les actions à mettre en œuvre, car le marché du vin ne sera plus linéaire, mais rempli de pics abrupts ».


L’avenir des producteurs se situe donc dans une adaptation permanente aux nouvelles attentes d’un marché dicté par les évolutions des attentes de consommation, qu’Alexandre They annonce comme « récurrentes ». Le vigneron de Montbrun-des-Corbières prédit une crise économique en cours « qui ne sera pas de courte durée », et entend dépasser les seules notions de résilience et d’espoir. « Celles-ci sous-entendent que l’on sait que l’on va mal, qu’on l’accepte et qu’on ne s’en remet qu’à une prière ou aux caprices du vent, alors que cette étape doit maintenant être derrière nous, car il est temps d’aller mieux, voire, soyons fous, d’aller bien », exhorte-t-il.
Outre les clés de compréhension fine des marchés, le président audois souhaite également que les cadres de production des AOP et IGP soient en mesure d’évoluer « de façon vivante, pour continuer à faire vivre, tout en maintenant leur valeur, seule garante d’une production locale non délocalisable ». Rappelant que le vin fait partie de « ce que la France produit de meilleur au monde », Alexandre They rejoint son président national Jean-Marie Fabre dans l’appel à faire du vin « une grande cause nationale ». Il en va de l’avenir d’une profession, face aux difficultés économiques « et aux attaques hygiénistes », pour pouvoir transmettre sereinement les exploitations à la génération suivante. « Nous n’allons pas nous excuser d’être ce que nous sommes », termine le président d’une fédération départementale qui rappelle au préfet, présent lors de cette AG, que la viticulture reste la ressource majeure du territoire audois.