ors de l’assemblée générale annuelle des Vignerons indépendants de l’Aude (VI 11), c’est d’abord Roland Coustal qui a allumé la mèche de l’intégration paysagère des installations éoliennes dans le département. « Nous avons un problème spécifique à notre territoire, avec la prolifération de ces éoliennes à caractère industriel, dans un département pour lequel le tourisme constitue, aux côtés de l’activité viticole la source majeure de revenus avec la viticulture », pose ce 24 juin le secrétaire général de la fédération des VI 11. Pour lui, le fort développement touristique que continue de connaître le département n’est pas compatible avec la multiplication de ces sites éoliens, « alors que notre tourisme vert se nourrit de nos paysages ».
« Les intérêts économiques de ces installations sont d’ordre privé, et pas pour la collectivité, sans mise en valeur du terroir ou du savoir-faire viticole pour générer un revenu, mais juste en louant un terrain foncier », renchérit-il. En prenant ensuite la parole, le président des VI 11 Alexandre They ajoute la question de la transmission aux griefs évoqués par Roland Coustal. « Je suis vigneron, avec l’espoir de pouvoir le rester, et même le transmettre, je n’ai donc aucune envie de voir le vignoble audois devenir une ferme énergétique. L’Aude est déjà une grande contributrice sur les énergies alternatives et il y a des limites à poser », appuie-t-il. Pour lui, le métier du vigneron, tel qu’il entend le transmettre, repose bel et bien sur la culture de la vigne, « et pas la production de kilowattheures, même si chacun est libre de ses choix ».
Les discussions des responsables de la fédération avec le préfet et ses services ont rassuré la profession sur le sujet éolien. « Le préfet Thierry Bonnier nous a confirmé que le développement du parc éolien serait dorénavant limité, nous avons en revanche beaucoup de préoccupations concernant le développement de ces fermes photovoltaïques, d’autant que la demande apparaît exponentielle avec souvent la mise en avant d’une argumentation de démarche agro-environnementale : ombrage, pastoralisme ou autre… », relève Alexandre They. Tout comme les éoliennes, celles-ci génèrent un revenu locatif garanti pendant plusieurs années aux propriétaires fonciers, alors que l’ensoleillement départemental figure parmi les plus intéressants du pays pour un prix du foncier assez bas.
Plus qu’une concurrence directe, les vignerons indépendants de l’Aude voient dans ce développement une menace sur le long terme pour les activités de plus en plus étroitement liées, de la production viticole et du tourisme vert. « Si nous n’y prenons pas garde, ce n’est pas un patrimoine viticole que nous pourrons transmettre à nos successeurs mais des unités de production énergétiques », avertit donc Alexandre They.