eu de propositions concrètes à ce stade, mais de l’ambition et la volonté de ne pas laisser les choses suivre leur cours mortel. Ce 13 décembre à Paris, Bernard Farges, président du Comité National des Interprofessions de Vins à Appellation d'Origine et à Indication Géographique (CNIV) et Samuel Montgermont, président de Vin et Société, ont présenté les grandes lignes du plan que la filière prépare pour sortir de la crise. Un plan autour de quatre axes, à commencer par le réalisme.
La filière doit regarder la réalité en face. « Ce qu’on voit dans les chiffres, c’est 20 % de consommation en moins en France dans dix ans, a souligné Bernard Farges. Il y a des décisions douloureuses à prendre, il va falloir parler de la baisse du potentiel de production ». Une baisse de quelle ampleur ? « Autour de 100 000 ha probablement », a répondu Bernard Farges.
Pour aider les producteurs à franchir le pas, la filière veut utiliser l’aide à la restructuration du vignoble dans une version nouvelle, étalée sur cinq ans et dépouillée de l’obligation de replanter. Avec la restructuration, l’Europe finance plusieurs actions -arrachage, plantation, palissage…- une fois que tout est terminé. La filière demande que les viticulteurs puissent toucher l’aide à l’arrachage dès celui-ci réalisé. Bernard Farges a parlé de 2 000 à 2 500 €/ha. Et comme il n’y aurait pas d’obligation de replanter, chacun déciderait, au bout de cinq ans, selon qu’il a retrouvé des marchés.
Pour Samuel Montgermont, ces arrachages devraient s’accompagner d’un repositionnement sur des terres productives. « Il faut produire autant sur moins de surface, c’est absolument nécessaire, a-t-il souligné. Il n’est plus viable de produire du côtes du Rhône à 30 hl/ha. »
Au chapitre de l’ambition, la filière veut améliorer ses performances à l’export. « Aux USA, la France ne représente que 4 % du marché du vin », a souligné Samuel Montgermont pour donner une idée du champ des possibles.
Pour exporter davantage, une vieille idée ressort du placard : chasser en meute, autrement dit participer à des salons et monter des opérations sous une bannière commune. Le Cniv possède cette bannière ; c’est Wines of France. Il s’agirait de l’utiliser enfin. Pour forcer les individualistes et autres régionalistes à se regrouper, les aides à l’export pourraient être conditionnées à la participation à ces opérations communes sous cette bannière.
Au chapitre de la fierté, la filière « va poser la question de la schizophrénie des pouvoirs publics », a lancé Bernard Farges. Une maladie bien connue qui les amène à saluer d’une main les performances de la viticulture à l’export tandis que de l’autre, ils serrent la vis à la consommation. Mais une maladie conduit tout un pan de l’économie nationale à la ruine. « Soit la France accepte cela et il faudra prendre les décisions qui s’imposent, soit on dit non : on est en capacité de relancer la consommation », souligne Bernard Farges.
Pour Bernard Farges, c’est évidemment la deuxième voie qu’il faut suivre. « Nous voulons relancer la consommation de vin en France. Nous voulons chercher de nouveaux consommateurs par l’éducation, par la formation. »
Il est question de desserrer l’étau de la loi Evin. « On veut travailler à faire évoluer le cadre de la communication sur le vin », a indiqué le président du Cniv, refusant d’être plus précis sur ce sujet.
La relance de la consommation en France passe également par la modernité et l’innovation. C’est le quatrième axe du plan. Mais dans ce registre, c’est sans doute plus aux opérateurs de faire preuve d’initiative qu’aux responsables professionnels.
Pour faire aboutir ce plan, sept groupes sont au travail avec l’objectif de l’exposer aux politiques qui défileront au Pavillon des vins du salon de l’Agriculture à Paris (du 24 février au 3 mars 2024). Il y a urgence.