epuis le mois de septembre 2022, les cavistes enregistrent globalement une baisse de 20 % de leur activité rapporte Cyril Coniglio, le président de la Fédération des Cavistes Indépendants (FCI). « Ça pique. Les gérants ne se paient plus avec ces baisses de vente » soupire le meilleur caviste 2018, recevant tous les jours des témoignages de difficultés économiques : « certains confrères, même des maîtres cavistes, sont en cessation de paiement et pour certains en redressement judiciaire ». Fêtant lui-même ses 10 ans d’installations au Pont de l’Isère (Drôme), Cyril Coniglio pensait que « c’était parti enfin, que l’effet covid perdurerait. On a bossé pendant la pandémie comme on était un rare canal ouvert pour fournir du vin aux particuliers (faute de salons et de portes ouvertes) », mais aujourd’hui « notre premier concurrent, ce sont nos fournisseurs eux-mêmes, très actifs sur les salons, et proposant des tarifs aux particuliers devenant identiques à ceux aux restaurateurs… »
Accentuée par la crise viticole dans des bassins volumiques (Bordeaux, Languedoc, Vallée du Rhône…), cette pression sur l’offre commerciale à bas prix répond autant qu’elle gonfle face à la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Les perspectives économiques des prochains mois n’étant pas bonnes, les cavistes craignent de passer une mauvaise fin d’année. D’après l’étude de la plateforme Ankorstore (réalisée en septembre auprès de 300 commerçants indépendants en France), « les cavistes se préparent à une fin d’année difficile », avec 75 % des sondés estimant que « la baisse du pouvoir d’achat sera la principale difficulté de cette fin d’année » et « 75 % limiteront leurs stocks et feront du réassort (même tardif) pour ne pas s’exposer financièrement », ce qui est « un choix stratégique sachant que les cadeaux de dernière minute représentent une part importante des ventes pour les 2/3 des sondés (+ de 25% des ventes) » souligne l’analyse.


Cette fin d’année, « on va faire avec les stocks que l’on a. C’est un coup de frein à main » confirme Cyril Coniglio, qui a personnellement « surstocké les grands vins (comme les allocations de Bourgogne l’an passé), alors que ce sont les petits vins qui sortent (notamment en cubis, qui font baisser le ticket moyen) ». Et qui a encore des stocks de spiritueux de la fête des pères. Si les prochains mois s’annoncent difficiles, « il faut se battre. On a l’énergie pour transformer ces difficultés en opportunités » conclut le président de la FCI.