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Comment les vignerons s'adaptent à la hausse du coût de l'électricité ?
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Coûts de production
Comment les vignerons s'adaptent à la hausse du coût de l'électricité ?

Maintenant que les vinifications sont terminées, des caves particulières et coopératives dressent le bilan pour elles de la hausse du coût de l’électricité et réfléchissent à des solutions pour s’y adapter.
Par Grégory Pasquier Le 21 décembre 2023
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Comment les vignerons s'adaptent à la hausse du coût de l'électricité ?
Thibaut Henrion a décidé de construire un nouveau chai bien isolé, mais sans la climatisation qui représentait son plus gros poste de dépense d'énergie. - crédit photo : DR
À

Chablis, Thierry Mothe a renégocié son contrat électrique triennal avec Engie en septembre dernier. « Nous étions à 80 €/MWh. Nous sommes passés à 180 €/MWh pour les trois prochaines années », explique le cogérant du domaine du Colombier, une exploitation familiale de 55 ha. Sa prochaine facture d’électricité arrivera en août. Avec cette forte hausse, il s’attend à ce qu’elle s’élève à 50 000 € contre 20 000 € avec son précédent contrat.

Des températures élevées durant les vendanges

Le domaine du Colombier ne produit que des blancs qu’il fait fermenter autour de 18 °C puis qu’il réchauffe pour la malo. Si bien qu’il a peu de marge de manœuvre pour réduire sa consommation électrique durant les vinifications. Certains impondérables peuvent même la faire augmenter significativement. « Cette année nous avons eu une grosse récolte, avec 15 % de volume de plus que l’an dernier. La récolte était aussi précoce et les températures élevées durant les vendanges. De ce fait, nous avons consommé 20 % d’électricité de plus que par rapport à l’an dernier à la même période », indique Thierry Mothe.

Désormais, il pense faire des économies durant les stabilisations tartriques. « Au lieu de les faire au froid, je vais faire des essais avec des gommes de cellulose », affirme-t-il. Il réfléchit également à l’installation de panneaux photovoltaïques pour alimenter la climatisation de son chai qui reste son principal poste de consommation électrique durant l’année.

La climatisation : le plus gros poste de dépense

À Saint-Macaire-du-Bois (Maine-et-Loire), Thibaut Henrion n’a plus ce problème. En 2021, alors qu’il préparait le projet de construction d’un nouveau chai, il s’est rendu compte que la climatisation de l’ancien représentait son plus gros poste de dépense d’électricité. Lui qui payait environ 5 000 € par an d’électricité à ce moment-là, a décidé de construire un nouveau chai bien isolé, mais sans climatisation.

« L’électricité n’avait pas encore augmenté, dit-il. Mais je m’étais dit que ça n’allait pas tarder car dans tous les autres pays européens elle coûtait déjà plus cher qu’en France. En plus, j’avais calculé que le retour sur investissement de l’isolation de mon nouveau bâtiment serait de 3 ans ».

Son nouveau chai est entré en fonctionnement en 2022. Alors qu’il avait des variations de températures pouvant aller de 5 à 25 °C avec l’ancien, les températures n’ont plus varié qu’entre 13 et 16 °C dans le nouveau.

Il a signé un nouveau contrat électrique en 2022, le prix du kWh est alors passé de 10 centimes d’euros à 18 centimes d’euros. Avec cette hausse importante, il estime que son chai sera rentabilisé au bout de deux ans.

Revoir le process de stabilisation tartrique

Thibaut Henrion produit entre 2 800 et 3 000 hl par an, de l’anjou blanc, du cabernet-d’anjou et des vins de base mousseux. Il fait fermenter ses blancs à 12-13 °C et ses rouges à 18-20 °C. Afin de réduire sa consommation d’électricité, il réfléchit à relever quelque peu ces températures pour ses vins les moins valorisés. En attendant les prochaines vinifications, il veut déjà revoir son processus de stabilisation tartrique. « Je suis en bio ; je ne peux pas utiliser de CMC, explique-t-il. Cette année, j’ai décidé de mettre une cuve de 100 hl à l’extérieur du bâtiment où je transférerai mes vins lorsqu’il fera froid pour faire précipiter le tartre. Un pompage nous coûtera moins cher que de faire fonctionner le groupe de froid pendant 24 ou 48 heures. Et s’il ne fait pas assez froid cet hiver, j’utiliserai mon groupe de froid. »

Aux Coteaux de Fontanès, la facture d’électricité vient de tripler. « En 2021, nous avons payé 17 000 € HT, en 2022, 15 000 € et, cette année, nous nous retrouvons avec 45 000 € HT », rapporte Mathilde Aguilhon, la directrice de cette coopérative gardoise. Ce chiffre n’est pas dû à un surplus de volume traité durant les vinifications 2023, puisque la cave a vinifié 19 000 hl, soit 5 000 hl de moins que l’an dernier, mais bien à l’augmentation du prix de l’électricité.

Changer de contrat

« En 2021, notre contrat triennal s’est achevé et EDF l’a renouvelé par tacite reconduction annuelle, avec l’augmentation des prix qui ont suivi. » Et ces hausses impactent directement les coopérateurs puisque tout ce qui fait augmenter les charges de la cave diminue leur rémunération. En outre, il est difficile de trouver des leviers pour réduire la note. « Nous avons un pic de consommation électrique durant les vendanges. Cette année par exemple nous avons consommé 62 600 kWh durant cette période pour un total annuel de 97 300 kWh. Nous avons un process énergivore car nous faisons beaucoup de thermovinification. »

La cave, qui vinifie environ 20 000 hl annuellement, élabore des vins rouges en thermo et des rosés. Seul moyen pour diminuer la facture, changer de contrat. « Nous faisons partie d’un achat groupé avec la Coopération agricole Occitanie, qui a fait intervenir un courtier en énergie afin d’avoir une offre meilleur marché. Nous en avons trouvé une avec un nouveau fournisseur – Lucia Énergie – dont le contrat démarrera en janvier. » D’après ses estimations, la cave devrait revenir à un niveau de prix qu’elle payait auparavant, soit entre 15 000 et 20 000 € annuellement.

Une hausse de 2,73 €/hl en 2023 selon les calculs d'une coop

Conseiller environnement et énergie au sein de la Coopération agricole d’Occitanie, Jean-Marc Hamon a calculé l’impact de la hausse de prix de l’électricité sur le coût de production à l’hecto pour les coops. « Pour une cave moyenne qui produit 30 000 hl de vin par an et qui consomme 330 MWh, le coût de l’électricité est passé de 0,77 €/hl en 2021 à 2,73 €/hl en 2023 », explique-t-il. Son travail montre également que plus les volumes produits sont importants plus le coût de l’électricité est faible ramené à l’hecto. « Une cave qui produit 100 000 hl consomme en moyenne 400 MWh. En 2021, elle a supporté 0,28 €/hl de coût d’électricité et en 2023 0,91 €/hl », analyse-t-il. Pour Jean-Marc Hamon, les structures les plus impactées par l’augmentation des coûts de l’électricité sont celles qui ont signé un nouveau contrat à prix variable (contrat Arenh) en 2022 et qui consomment beaucoup en hiver. En effet, c’est l’an dernier que le prix de l’électricité a atteint des sommets et c’est aussi en hiver, lorsque la consommation d’électricité est élevée, qu’elle coûte le plus cher.uu

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