Quand on a vu la douloureuse, on s’est dit que ce n’était pas possible » soupire le vigneron Christophe Pernet, à la tête des champagnes Jean Pernet (15 hectares en propriété à Mesnil-sur-Oger, Marne). S’achevant ce 31 octobre, son contrat triennal d’électricité signé avec Engie lui coûtait jusqu’ici 18 000 euros par an. Le fournisseur lui a proposé de repartir sur une base de 86 000 €. Soit une multiplication par cinq. « Ramenée à l’échelle de notre production, l’augmentation est de plus de 50 centimes d’euros par bouteille pour la seule électricité » constate Christophe Pernet, dont la consommation en électricité se concentre sur la thermorégulation des cuves et la climatisation de la cave. « Les petits ruisseaux font les grosses rivières » note cet administrateur du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV).
Faisant jouer la concurrence, le vigneron se rend vite compte que les autres fournisseurs d’énergie ne sont pas capables de s’engager. Il revient sous le giron d’EDF, qui lui a proposé un contrat à 55 000 €/an. Se réjouissant d’avoir pu réaliser une économie par rapport à la première hausse annoncée, il lui reste un triplement de ses coûts, par la corrélation existant en Europe entre les prix de l’électricité et les cours du gaz. Se souvenant encore de la mauvaise surprise qui lui est tombée dessus, Christophe Pernet se demande : « les vignerons ont-ils bien appréhendé l’explosion de leur facture d’électricité ? Je ne sais pas… Du monde va être surpris à l’échéance de son contrat. » Et de craindre que « la douloureuse » ne se limite pas aux seuls renouvellements de contrats, mais que des résiliations viennent de fournisseurs pour remettre en cause les accords passés.


Alors que les prix de l’aluminium des coiffes et des bouteilles en verre ne cessent d’augmenter, le vigneron se trouve face au casse-tête du bon dosage dans la répercussion des hausses des coûts sur ses prix. Début 2023, « il y aura une revalorisation en tenant compte de ces éléments. Il faut que l’entreprise préserve la marge nécessaire à son bon fonctionnement. On n’a pas de marges qui permettent de ne pas répercuter » indique Christophe Pernet, qui laisse une question en suspens : « est-ce que le consommateur va suivre ? On va rester optimiste, mais il y a des inquiétudes. »