menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / Pourquoi les vignerons plébiscitent les sélections massales
Pourquoi les vignerons plébiscitent les sélections massales
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Plants de vigne
Pourquoi les vignerons plébiscitent les sélections massales

Deux pépiniéristes proposent leurs propres sélections massales. Leur gamme de cépages disponibles s’en trouve élargie et leurs ventes progressent car ces offres ont le vent en poupe auprès des vignerons en quête de diversité génétique.
Par Frédérique Ehrhard Le 06 décembre 2023
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Pourquoi les vignerons plébiscitent les sélections massales
Olivier Zekri, responsable R et D du groupe Mercier dans une parcelle d'évaluation de sélections massales. - crédit photo : Mercier
L

aurent Hilaire se frotte les mains. « Notre gamme Unik a du succès auprès des vignerons qui veulent se différencier avec des vins complexes. Nous pourrions vendre davantage de plants que nous en produisons ! Mais il faut du temps pour développer notre offre », explique le responsable commercial des Pépinières Mercier, à Vix, en Vendée.

Sept cépages à la gamme

Ce pépiniériste réalise des sélections massales depuis 2006 allant jusqu’à microvinifier et déguster les vins qui en sont issus. Il les vend sous la marque Unik qui compte aujourd’hui sept cépages : malbec, petit verdot, cabernet franc, cabernet-sauvignon, chenin blanc, merlot et grenache. « Nous établissons pour chacun d’eux les critères qui intéressent nos clients vignerons. Ainsi, pour le grenache, l’objectif est d’obtenir des baies plus petites présentant un bon équilibre entre couleur et degré d’alcool », indique Laurent Hilaire.

Le pépiniériste prospecte ensuite de vieilles vignes d’avant les clones pour repérer des ceps correspondant à ces critères, dans une large zone afin d’élargir la diversité génétique. « Pour le malbec, nous sommes allés jusqu’en Argentine », indique Olivier Zekri, responsable recherche et développement. Novatech, le laboratoire de l’entreprise, vérifie au préalable que les plants sont exempts de court-noué et d’enroulement. Seuls les plants indemnes de ces deux viroses sont multipliés. « Nous les plantons ensuite dans des parcelles d’évaluation afin de repérer les meilleurs, en comparaison à un clone de référence », précise-t-il.

Huit à neuf ans de travail

Il faut compter au moins huit à neuf ans pour établir les caractéristiques agronomiques et œnologiques de ces sélections et vérifier leur stabilité. « C’est un investissement, qui renchérit le coût des plants de 20 % en moyenne », justifie Laurent Hilaire. Mais cela ne freine pas la demande. « Les vins obtenus avec ces sélections sont nos meilleurs ambassadeurs ! », assure Olivier Zekri.

Pour élargir sa gamme, Mercier planche sur le mourvèdre et le tempranillo. « Pour l’instant, nous vendons surtout en France, mais la demande émerge au Portugal, en Espagne et en Italie. C’est un mouvement de fond qui va s’amplifier », assure Laurent Hilaire.

"Des vins au profil gustatif excellent"

Les Pépinières Guillaume, à Charcenne, en Haute-Saône, sont sur le même créneau. « Les vignerons se sont rendu compte que nos sélections massales donnaient des vins au profil gustatif excellent », relate Pierre-Marie Guillaume. Ce pépiniériste s’est lancé dans ce travail il y a une vingtaine d’années. « À l’époque, il n’y avait qu’un seul clone de riesling, par exemple. Et ceux du pinot noir provenaient tous de la même zone de Côte-d’Or. Nous avons prospecté plus largement pour accroître la diversité génétique. »

Aujourd’hui, l’entreprise propose plusieurs sélections massales de pinot noir qui ont en commun d’avoir des grappes lâches, peu sensibles au botrytis. « Pour faciliter l’adaptation au réchauffement, nous cherchons aussi à diminuer le degré. Nos sélections évoluent au fil du temps. Quand nous trouvons des ceps intéressants, nous les introduisons en remplacement d’autres », explique Pierre-Marie Guillaume.

Un tiers des ventes pour le chardonnay et le pinot

Chez les Pépinières Guillaume, les sélections massales coûtent de 10 à 15 % plus cher que les clones du même cépage. La gamme comprend dix cépages : pinot noir, chardonnay, riesling, gewurztraminer, sauvignon blanc, viognier, cabernet franc, cabernet-sauvignon, syrah et merlot. « Pour le pinot et le chardonnay, les deux plus demandés, les sélections massales représentent un tiers de nos ventes », précise le pépiniériste.

Comme leur concurrent, les Pépinières Guillaume ne testent que le court-noué et l’enroulement alors que les clones certifiés sont également garantis indemnes de marbrure et de bois strié. Pour cette raison, et aussi parce que le contrôle des vignes mères et moins rigoureux que celui des vignes de clones certifiés, les plants issus des sélections massales sont classés en matériel standard et ne peuvent pas bénéficier des primes à la restructuration. « Cela freine la demande, mais certains franchissent malgré tout le pas pour leurs hauts de gamme », observe Pierre-Marie Guillaume. D’autres, pour limiter les surcoûts tout en accroissant quand même la diversité génétique, optent pour des mélanges de clones certifiés.

Les sélections régionales progressent aussi

En Val de Loire, Ceps Sicavac propose deux sélections massales de sauvignon et planche sur une troisième de maturité plus tardive pour garder de la fraîcheur et de l’acidité malgré le réchauffement. « Il y a aussi de la demande pour les rouges. En 2024, nous allons sortir une sélection de pinot noir et, en 2025, une de gamay, qui seront diffusées par nos pépiniéristes partenaires », annonce Jean-Baptiste Roblin, responsable de Ceps Sicavac. En Bourgogne, l’ATVB travaille surtout sur le pinot noir. « Nous recherchons des ceps avec des petites grappes peu compactes. Actuellement, nous avons trois sélections ayant un potentiel de 35 à 40 hl/ha, 45 à 50 hl/ha et 55 à 60 hl/ha, destinées aux vignerons qui cherchent de la complexité pour leur cœur de gamme », précise Laurent Anginot, de l’ATVB. La demande progresse. « En dix ans, nos ventes de greffons ont été multipliées par trois et aujourd’hui nos partenaires pépiniéristes produisent un million de plants par an. » Là aussi, les critères de sélection évoluent. « Nous prospectons des ceps plus tolérants au stress hydrique », note-t-il. Et des travaux sont en cours sur l’aligoté et le chardonnay.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (2)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Serge Regley Le 08 décembre 2023 à 17:02:42
Ce sont les sélections clonales qui portent la garantie sanitaire des plants. Les sélections massales, bien que contrôlées, peuvent transmettre des viroses. Il y a la possibilité de planter plusieurs clones qui s accordent ou se complètent par parcelles, dont ont connaît le profil établi par les organismes agrées de recherche, sans s?aventurer au petit bonheur en plantant des sélections massales qui sont aléatoires. Laissons aux organismes officiels et aux conservatoires le soins de préserver la diversité génétique des cépages, ils sont qualifiés pour cela?
Signaler ce contenu comme inapproprié
Loïc Breton Le 07 décembre 2023 à 15:33:30
La sélection clonale a permis à la viticulture de progresser au niveau sanitaire au détriment de la biodiversité. Heureusement que nous avions cette biodiversité pour résoudre par exemple le problème du dépérissement de la Syrah. Il faut donner la possibilité aux pépiniéristes de produire des plants issus de sélection massale mais la réglementation en cours est très contraignante. Des obtenteurs Européens ont crée des clones avec les mêmes procédures et règlements pratiqués par France Agrimer. Il s agit de matériel certifié Européen identiques à la France issus de populations de cépages non plantés en France ayant des caractéristiques ?nologiques différentes et garantissant aux viticulteurs une sécurité sanitaire. Les plants de vigne issus de ce matériel végétal permettent aux viticulteurs de toucher les primes de restauration sachant que la prime est Européenne et non nationale. Il serait intelligent que les viticulteurs , conseillers viticoles , ect ..via internet consultent les caractéristiques des clones à leur disposition au niveau Européen et non national.
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Paris / Seine-et-Marne / Yvelines ... - CDD CAVES AUGE
Bouches-du-Rhône - CDI Vignerons Indépendants des Bouches-du-Rhône
Ain / Allier / Ardèche ... - VRP/Agent/Freelance GOUTTES D'OR UNION
Gironde - Alternance/Apprentissage Ethicdrinks
Charente - CDI APECITA POITOU CHARENTE LIMOUSIN
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé