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Sébastien Lecornu, un premier ministre désarmé ou du réarmement viticole ?
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Sébastien Lecornu, un premier ministre désarmé ou du réarmement viticole ?

Sur le front : Sébastien Lecornu va-t-il dresser le bouclier de la viticulture ou laisser les vignerons à sec ? Le tout juste nommé nouveau premier ministre va trouver parmi ses dossiers une impatience vigneronne exacerbée par les délais dans les traitements de leurs demandes.
Par Alexandre Abellan Le 09 septembre 2025
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Sébastien Lecornu, un premier ministre désarmé ou du réarmement viticole ?
Sébastien Lecornu lors de l'hommage Jacques Delors en janvier 2024, derrière Emmanuel Macron dont il est un fidèle. - crédit photo : Commission Européenne
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in du suspens. Renversé par l’Assemblée nationale ce lundi 8 septembre, François Bayrou va céder les clés de Matignon à Sébastien Lecornu annonce ce mardi 9 septembre le palais de l’Élysée. Né à Eaubonne (Val-d’Oise), Sébastien Lecornu (39 ans) hérite d’un chantier de taille : construire un gouvernement passant l'hiver et sortir le vignoble de la crise qui le plombe depuis des années.

Diplômé d'un master de droit public de l'université Panthéon-Assas, ce colonel de réserve dans la Gendarmerie nationale est ministre des Armées depuis 2022, après avoir été dans les gouvernements successifs sous la présidence d'Emmanuel Macron : secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire (2017-2018), puis ministre délégué chargé des Collectivités territoriales (2018-2020) et ministre des Outre-mer (2020-2022). Venu du parti Les Républicains, Sébastien Lecornu a été conseiller de Bruno Le Maire lorsqu’il était secrétaire d'État aux Affaires européennes (2008-2009) puis ministre de l'Agriculture (2009-2012). Son expérience de la chose viticole s’est exprimée plus directement dans l’Eure, où il a soutenu la plantation de vignes normandes, en 2019 à Giverny, comme le rapporte Le Démocrate Vernonnais. Sébastien Lecornu ayant été maire de Vernon ((2014-2015) et président du Conseil départemental (2015-2017). Pour le vignoble, Sébastien Lecornu doit faire face à des urgences d’ampleur, qui se sont accentuées plus qu’elles n’ont diminuées ces dernières années.

Bilan viticole du gouvernement sortant

Nommé en décembre dernier, il y a 9 mois, le gouvernement de François Bayrou affiche un bilan viticole mitigé. Son ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, a obtenu des avancées en Chine en juillet après de longues mobilisations de l’exécutif face à l’enquête antidumping ciblant les cognacs et armagnacs, mais pas aux États-Unis où les vins et spiritueux européens n’ont pas été exemptées des 15 % de droits de douane d’août accentuant la perte de compétitivité née de la dévaluation du dollar. Ministre au Tourisme, Nathalie Delattre a présenté en juin son plan pour développer l’œnotourisme. Ministre de l’Agriculture, Annie Genevard a annoncé et déployé des aides de 9 millions € pour les jeunes viticulteurs en mars et 1 million € pour les pépiniéristes en juin.

Le gouvernement de François Bayrou a finalisé ce début septembre son testament viticole avec la demande à la Commission européenne d’un accès aux fonds de réserve de crise pour financer le plan d’arrachage et/ou distillation demandé par la filière vin. Un autre héritage du maire de Pau sera la demande d’une mission interministérielle pour aboutir à un plan d’action pour les vignes incendiées des Corbières ce premier décembre (ce qui fera 4 mois après le lancement d’un fonds d’urgence de 7 millions d’euros pour aider les trésoreries des agricultures touchés par l’incendie).

Du vin sur la planche

Doit se trouver sur la table de son successeur, ou de ses conseillers, un épais dossier avec les urgences viticoles. À commencer par l’adoption à Bruxelles d’évolutions réglementaires vitivinicoles (le paquet vin) ouvrant les possibilités de gérer la crise viticole tout en fléchant des fonds en permettant le financement. Dans ce moment d’instabilité politique en France, « nous avons besoin d’une voix forte et claire à Bruxelles pour peser sur les décisions stratégiques » alerte Jérôme Bauer, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC), soulignant que « l’arrachage définitif, les couplages distillation/arrachage ou encore les réserves de crise sont des leviers déterminants pour l’avenir de nos exploitations ».

Au niveau européen, il faudrait obtenir « a minima » 200 millions d’euros de crédits de réserve de crise agricole estime Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, qui évoque une enveloppe communautaire à compléter avec un « budget équivalent de l’État » : « il faut obtenir le maximum » et l’adosser à des crédits nationaux pour déployer un dispositif efficace. Sachant qu’il faut avancer au niveau national sur un « plan de responsabilisation des acteurs de la filière, avec de la segmentation, de la contractualisation… Et avancer sur l’expérimentation dans le secteur viticole de la loi Egalim qui permette un tunnel de prix pour ne pas vendre en dessous des coûts de production et avoir une politique de prix décents, a minima rémunérateurs » souligne le premier vice-président de la FNSEA.

Dommage collatéral

Après le rendez-vous manqué d’Egalim 4 prévu un temps pour cet été, l’attente, pour ne pas dire l’impatience, augmente dans le vignoble pour obtenir des prix rémunérateurs du vin. « Egalim, c’est la solution la plus pertinente pour nous » résume Damien Gilles, le président du Syndicat des Vignerons des Côtes du Rhône, pointant qu’avec les AOC Bordeaux et le Comité National des Interprofessions des AOP et IGP (CNIV). « On a tout pour nourrir une proposition de loi ou un projet de loi », ce qui accentue le regret d’être « un dommage collatéral » de l’instabilité gouvernementale*. Une autre source d’impatience concerne la mise en œuvre des 10 millions € de l’aide à la restructuration des caves coopératives, dont l’avenir est suspendu à un rapport attendu ce 31 octobre. « Je ne sais pas quelle sera la priorité donnée à ce rapport dans la pile des dossiers et problèmes qui s’entassent » reconnait Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs de France, pour qui « il est certain que nous n’allons pas lâcher le morceau : c’est vital. Tout fonctionne en marges dégradées, les charges qui augmentent et les produits qui ne tournent pas vite. »

Plan Marshall climatique

Sans oublier l’adaptation au changement climatique, nécessitant un investissement massif pour préparer l’avenir viticole. « Ce n’est plus une utopie, mais une nécessité de faire face à notre destin climatique. Ce qui sera demain notre performance ne se fera qu’à condition d’avoir la capacité d’amenuiser l’impact des aléas climatiques, d’approvisionner les marchés et de faire fonctionner les entreprises » souligne Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France. Qui répète qu’au-delà des difficultés de trésorerie et de commercialisation des opérateurs du vin, c’est le climat qui déstabilise le plus la filière et donc son avenir.

Pour que ces demandes se traduisent en réactions, tout l’enjeu réside dans la capacité d'action et la durée de vie du futur gouvernement à former. En somme, reste à démontrer qu'un ministre des Armées n'est pas contraint à devenir un premier ministre désarmé face à une Assemblée nationale fragmentée et frondeuse.

 

* : Sachant que les vins AOC s’intéressent à l’article 210 bis de l’Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin) pour fixer un prix d’orientation sur les vins bio et HVE et à l’évolution dans la réglementation européenne de l’article 172 ter pour pouvoir communiquer sur les prix de vins AOC et IGP.

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