vant que l’urgence ne devienne impatience dans le vignoble, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, vient d’envoyer un courrier au commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, « pour lui faire part des difficultés du secteur et de la nécessité de la mobilisation des outils communautaires, en particulier la réserve de crise, pour soutenir la production viticole, déjà fragilisée, que le résultat des négociations entre l’Union Européenne et les États-Unis avec 15 % de taxes douanières menace de conséquences sévères déjà perceptibles » indique à Vitisphere une source parisienne. « Nous pouvons confirmer que la Commission a reçu la lettre de la France et nous allons l’analyser » valide un fonctionnaire de Bruxelles.
Si la demande officielle n’est pas l’assurance d'obtention de fonds, cette formalisation d’un besoin français de fonds dédiés à la gestion de crise viticole était impérative pour espérer mobiliser des budgets de réserve de crise agricole sur les campagne 2024-2025 et 2025-2026 (la première s’achevant ce 15 octobre, la suivante démarrant le 16 octobre). Ayant présenté mi-juillet à la ministre sa feuille de route, pour déployer des mesures structurelles d’arrachage et de distillation (ainsi qu’obtenir des prix rémunérateurs, soutenir les trésoreries et reconquérir des parts de marché), la filière vin s’impatientait avant le vote de confiance du premier ministre, François Bayrou, devant l’Assemblée Nationale ce lundi 8 septembre, qui devrait conduire à la chute du gouvernement (passant pour une période plus ou moins longue de traitement des affaires courantes).


Demandés par le vignoble français, les outils structurels d’arrachage et de distillation nécessiteraient 200 à 250 millions d’euros, ainsi que la validation européenne d’un nouveau cadre réglementaire réautorisant l’arrachage (le paquet vin, étudié cet automne à Bruxelles). Avec cette demande française, « mieux vaut tard que jamais, ce sujet est sur la table depuis le mois de juillet » réagit Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, qui pointe que les fonds de réserve de crise agricole sont mis en place par l’Europe afin de soutenir les filières mises en difficulté économique, ce qui est le cas du vignoble français face aux taxes américaines passant de 10 à 15 %, auxquelles s’ajoutent le taux de change défavorable euro/dollar. Le viticulteur languedocien. souligne qu’« il va falloir aller vite pour préciser la demande français. Nous allons sortir le questionnaire de FranceAgriMer sur le besoin d’arrachage du vignoble le plus tôt possible pour pouvoir identifier le nombre d’hectars susceptibles d’être arrachés dans les prochains mois. »
Après un nouveau millésime éprouvant, l’impatience vigneronne va de pair avec l’urgence économique pour les domaines souhaitant réduire leurs potentiels de production et retrouver des équilibres de trésorerie.