ne appellation à la réputation de référence dans le monde entier qui se trouve engluée dans une spirale de déconsommation et une image vieillotte poussant ses opérateurs dans leurs retranchements… Un scénario qui frappe actuellement des appellations rouges de Gironde, notamment Bordeaux et Médoc, mais qu’a également connu Sauternes. Si tout n’est pas rose, l’ambiance est moins morose dans le vignoble de vins liquoreux. Après une phase de tensions, ayant abouti à la création d’une cave coopérative pour gérer le vin en vrac mais pas à la création d’une appellation de blanc sec (malgré une diversification croissante), une légère tension commerciale commence à se faire sentir sur les marchés pour les vins de Sauternes. Si les petites récoltes successives ont réduit les stocks, des changements de profils produits réduisant la sucrosité et des investissements œnotouristiques créant une destination soutiennent ce repositionnement.
Du luxueux hôtel du château Lafaurie-Peyraguey aux projets du château Guiraud, un véritable écosystème touristique se met en place par des initiatives individuelles et collectives. « Nous allons tous dans le même sens » résume Laure de Lambert Compeyrot, qui pointe l’effet d’une structuration touristique sur l’esprit de collectif : « une petite ébullition se met en marche, grâce à une belle entente entre les acteurs. »


Ayant l’attrait d’une appellation reconnue (et pour moitié constituée de grands crus classés en 1855), Sauternes a attiré de nouveaux investisseurs, moins institutionnels et plus opérationnels. Comme Jérôme Moitry, qui a repris le château Climens à Barsac avec son frère Jean-Hubert Moitry en 2022. Amateur de vins, Jérôme Moitry rapporte avoir découvert le château Climens dans un restaurant asiatique. Face à la problématique commerciale des vins liquoreux, « il y a un gros travail à refaire découvrir les vins et casser les codes. Sauternes s’est enfermé dans la consommation sur le dessert et le foie gras. C’est très intéressant de le boire à l’apéritif, sur des huîtres, du poulet… Nous avons à mener un gros travail d’éducation et de promotion. C’est un gros challenge » indique-t-il.
Les sauternes, « ce ne sont pas des vins liquoreux à boire seulement sur des desserts ou après 20 ans. Ce sont des vins très expressifs dès leur tendre jeunesse, avec des facettes multiples qui offrent des associations merveilleuses avec tous les types de gastronomie » abonde Lorenzo Pasquini, le directeur d'exploitation du château d’Yquem. Dans les bouteilles, les vin ont désormais des profils plus frais, avec moins de raisins surmûris grâce aux dates de vendange note Bertrand Roux, le maître de chai du château Rieussec, qui note depuis 2017 un virage dans les assemblages (plus de sauvignon blanc) et dans la sucrosité (-10 grammes de sucre résiduel en moyenne). Le repositionnement de Sauternes se poursuit grâce au travail mené sur les profils produits (liquoreux et secs), l’offre touristique (individuelle et collective), les moments de consommation (hors des clichés)…